Une enquête menée sur le terrain démontre un grand écart entre les prix pratiqués dans le circuit du détail et ceux du Wholesale Market
Jayen Chellum invite à boycotter les grandes surfaces pratiquant des prix exorbitants
Les prix de vente des légumes sur le marché actuellement ne sont pas toujours justifiés. Tel est le constat de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM) qui a mené une enquête au Wholesale Market à Wooton, ainsi que dans des foires, marchés et supermarchés. Jayen Chellum, le secrétaire, dénonce les abus dans certains cas, surtout de la part des grandes surfaces. Il invite au boycott et demande au gouvernement d’exercer le contrôle des prix.
Comment un légume vendu à Rs 35 les 500g à Wooton peut-il être affiché à Rs 195 en supermarché? C’est la question que se pose Jayen Chellum qui, avec une équipe de l’ACIM, a procédé à un relevé des prix de légumes dans différents points de vente. « Nous sommes allés à la source, à Wooton, et nous avons comparé dans différents points de vente. À titre d’exemple, la courgette qui se vendait à Rs 35 le demi-kilo à Wooton s’écoulait à Rs 195.95 au Winners de Candos », dénonce-t-il.
Jayen Chellum déplore une exagération sur les prix pratiqués, non seulement en grandes surfaces, mais aussi sur certains marchés. « Nous avons pu ainsi constater que le marché de Curepipe est l’un des plus chers du pays. En revanche, la foire de Rose-Belle propose les prix les plus abordables », ajoute-t-il. Il demande ainsi aux consommateurs de prendre le temps de réfléchir avant d’acheter et de boycotter quand les prix sont trop élevés. « C’est devenu une habitude maintenant, d’acheter ses légumes en supermarché pour des questions pratiques. Mais les supermarchés vendent à des prix très élevés. Ils profitent de cette situation», dit-il.
D’autre part, le défenseur des consommateurs a établi un parallèle avec la période de la pandémie de Covid-19 où tous les prix avaient pris l’ascenseur. « L’ACIM avait réclamé le contrôle et le gouvernement avait finalement appliqué une formule de subvention sur certains produits. Malheureusement, par la suite, on a adopté le maximum mark-up et tous les prix ont pris l’ascenseur à nouveau. Le dholl puri, dont le prix avait augmenté parce que tel avait été le cas pour l’huile, se vend toujours à Rs 20 en dépit du fait que le prix de l’huile a baissé », fait-il comprendre.
Jayen Chellum invite ainsi le gouvernement à contrôler les prix des légumes importés qui seront subventionnés : « Le ministre Seeruttun a annoncé qu’il y aura une subvention sur les légumes importés comme le chou, la carotte, le haricot et le piment, entre autres. Il faut s’assurer que ces légumes ne soient pas vendus deux à trois fois plus chers par la suite, surtout en grandes surfaces », recommande-t-il.
Le secrétaire de l’ACIM ajoute qu’il comprend que les supermarchés doivent s’acquitter de certains coûts, mais affirme qu’il ne faut pas exagérer pour autant. « Les planteurs qui doivent aller vendre leurs légumes à Wooton viennent de quatre coins de l’île. Ils doivent également payer le carburant pour cela, alors que pour un supermarché la livraison est assurée», concède-t-il.
Parlant du Wholesale Market, Jayen Chellum est d’avis que ce système centralisé est à l’avantage des gros planteurs. « Les petits planteurs ne vont pas payer les coûts des déplacements pour venir vendre leurs légumes à Wooton. Ils préfèrent les vendre dans les foires de leurs régions respectives ou aux supermarchés.» De plus, le système centralisé ne laisse pas de place à la compétition. « Auparavant, par exemple, on savait que le Wholesale Market de Flacq pratiquait des prix plus abordables que celui de Port-Louis ou de Vacoas », fait-il ressortir.
L’ACIM estime que les planteurs ne doivent pas abuser non plus sur les prix à la base. « Il est vrai qu’il y a eu un cyclone et des inondations, mais toutes les régions n’ont pas été affectées de la même manière. De plus, beaucoup de cultures se font également sous serre de nos jours », indique-t-il. Jayen Chellum s’élève également contre les prix dans la catégorie de l’agriculture raisonnée. « Les prix sont beaucoup plus élevés que pour l’agriculture traditionnelle. Or, on n’utilise pas les pesticides, par exemple. Donc, il y a moins de frais.»
S’exprimant sur le contrôle de prix sur le terrain, il estime que ce n’est pas le rôle de la ministre du Commerce et de la Protection des Consommateurs, Dorine Chukowry, d’effectuer des visites aux marchés. « C’est le rôle des inspecteurs. Elle doit tout simplement leur demander de faire leur travail. Elle, son rôle est de venir avec des Policies pour améliorer la vie des consommateurs.»
Jayen Chellum dit avoir également constaté dans certaines foires et marchés que des prix ne sont pas affichés. Il demande aux consommateurs de ne pas acheter chez les marchands qui adoptent cette pratique. Il rappelle que le droit à l’information relève du fondamental.

