Défendre les priorités nationales et les intérêts des petits États insulaires en développement (PEID), tout en plaidant pour une solidarité mondiale accrue face à la crise climatique. Tel est l’objectif fixé par Maurice à la 30ᵉ Conférence des Parties (COP30) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), prévue du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au Brésil.
La délégation mauricienne dirigée par Dhananjay Ritish Ramful, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international, comprend la cheffe de cabinet du ministère de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique et point focal national Jeanne Lan Hing Po, la directrice du département Changement climatique du même ministère Sarita Meeheelaul et le Minister-counsellor du ministère des Affaires étrangères Parasram Gopaul.
A Belém, la délégation mauricienne défendra trois messages-clés axés sur le financement climatique, l’adaptation et la transition juste.
D’abord, Maurice appelle à un financement climatique prévisible, accessible, adéquat et majoritairement sous forme de dons, dont au moins la moitié destinée à l’adaptation. Ce financement doit répondre aux besoins réels des nations vulnérables et ne doit pas aggraver la dette mais renforcer la résilience, l’inclusion et le développement durable. Le pays soutient également la fixation d’un nouvel objectif collectif chiffré d’au moins 1,3 trillion de dollars US par an d’ici 2035, conformément à la feuille de route Bakou-Belém, avec une part dédiée à l’adaptation et aux pertes et préjudices.
Ensuite, Maurice plaide également pour une adaptation équitable, soutenue par la technologie et la participation des femmes et des jeunes, et pour une réforme de l’architecture financière mondiale afin de mieux répondre aux besoins des petits États insulaires.
Enfin, elle défend une transition juste, créatrice d’emplois et d’opportunités économiques, qui ne laisse personne de côté.
Maurice entend ainsi faire entendre la voix des petits États insulaires, vulnérables, dans la construction d’un nouvel équilibre mondial fondé sur la responsabilité partagée, la justice climatique et la solidarité.
Le processus préparatoire, lancé officiellement le 5 mars par le Premier ministre adjoint Paul Bérenger, témoigne de la haute importance accordée par le gouvernement à cet événement international. Depuis, plusieurs réunions de coordination et de travail ont été tenues sous la co-présidence de Rajesh Bhagwan et de Joanna Bérenger, ministre et ministre déléguée respectivement de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique associant toutes les parties prenantes, notamment les ministères, Statistics Mauritius, entre autres membres du Climate Change Committee, afin d’assurer une approche intégrée sur les plans politique, scientifique, financier et diplomatique.
Maurice a maintenu une ligne constante dans ses contributions à la CCNUCC, à l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) et au Groupe africain des négociateurs (AGN), plaidant pour un financement climatique prévisible, une adaptation renforcée et une équité accrue dans l’action climatique mondiale, conformément à ses priorités nationales et aux positions communes de l’AOSIS et de l’AGN.
En amont de la grand-messe pour le climat à Bélem, Maurice a pris part à plusieurs réunions préparatoires régionales et internationales, dont certaines virtuelles: la réunion de l’AGN en Tanzanie en avril, où il a été confirmé que 250 millions dollars US sous forme de don, seraient débloqués au titre du Fonds pour les pertes et dommages, les PEID et pays en développement sans littoral, étant les premiers bénéficiaires ; la Climate Week de Panama en mai, consacrée à l’adaptation, au financement et à la mobilisation mondiale autour du « Global Mutirão », un terme d’origine tupi-guarani d’Amérique du Sud, signifiant « action collective vers un objectif commun » ; les sessions techniques de Bonn en juin, axées sur l’adaptation, le financement, les pertes et dommages, la transition juste et les marchés carbone ; la consultation de l’AGN à Dar es Salaam en août 2025, qui a validé l’ « African Package for Delivery » ; la deuxième Climate Week africaine à Addis-Abeba en septembre 2025 et la pré-COP ministérielle à Brasilia du 13 au 14 octobre, dernier rendez-vous diplomatique avant Belém, consacrée à la recherche d’un consensus politique et à la clôture des divergences sur le financement climatique, la transition juste et le bilan mondial.
Le ministère a également organisé, le 10 septembre, une formation de haut niveau en collaboration avec le Commonwealth Secretariat, destinée à renforcer la préparation et la capacité de négociation des ministres et hauts responsables.
Rappelons que Maurice a soumis sa Contribution Déterminée au niveau National (NDC 3.0) avalisé par le Conseil des ministres, le 29 septembre, à l’issue de consultations élargies incluant les institutions publiques, le secteur privé, la société civile, les femmes et les jeunes.
Un document de position nationale, élaboré à partir des travaux techniques et des positions de l’AOSIS et de l’AGN, a également été validé par le Conseil des ministres.
En tant que PEID ne contribuant qu’à 0,01 % des émissions mondiales, Maurice se trouve pourtant en première ligne de la crise climatique. Les projections indiquent une élévation du niveau de la mer de 0,87 à 1,08 mètre d’ici 2050 et un recul du littoral de 5 à 20 mètres, avec des pertes économiques multipliées par cinq entre 2023 et 2024.
Pour renforcer sa communication à Belém, le ministère a produit quatre vidéos en collaboration avec Air Mauritius, mettant en avant les témoignages de pêcheurs, d’agriculteurs et d’acteurs du tourisme, ainsi que les efforts du pays en matière d’adaptation. Ces vidéos seront diffusées à la COP30 et disséminées sur les plateformes de l’AOSIS, du Commonwealth secretariat, de la Commission de l’océan Indien et de l’Organisation Internationale de la Francophonie, afin de promouvoir la justice climatique et la solidarité internationale.
Par ailleurs, Maurice coorganisera, le 12 novembre, un événement parallèle sur le financement climatique avec le Commonwealth Secretariat et le Sri Lanka. Cet échange visera à partager les bonnes pratiques, renforcer les partenariats public-privé, identifier des instruments financiers innovants et élaborer des plans d’action pour accélérer la mise en œuvre des financements.
COP30 : Cap sur Belém avec trois messages-clés

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