L’Université de Maurice a accueilli mercredi un atelier de haut niveau intitulé Coral Reefs and Ocean Warming (CROW2025), consacré aux enjeux cruciaux liés à la préservation des récifs coralliens face au réchauffement climatique. L’événement dirigé par le Pr Ranjeet Bhagooli et la Dr Deepeeka Kaullysing, du Pôle d’Excellence en recherche sur la biodiversité marine durable et de la faculté des sciences de l’Université de Maurice, s’est tenu au Lecture Theater 2 (LT2) du campus de Réduit. Ils ont bénéficié du soutien de l’Université de Shizuoka (Japon), de l’Université de Maurice & Odysseo Marine Station for Coral Conservation Research and Education (C2RE), de la Sexual Coral Reproduction (SECORE) International Ltd, ainsi que du Biodiversity and Environment Institute (BEI) et de la Mitsui O.S.K. Lines Ltd.
L’objectif principal de cette rencontre scientifique était de présenter les résultats récents des travaux de recherche menés dans le cadre du MOL Mauritius International Fund Project. Les chercheurs de l’Université de Maurice, de la Shizuoka University et du BEI, en collaboration avec des experts de la Stanford University (États-Unis) et de SECORE International Ltd, ont partagé leurs découvertes sur les récifs coralliens mauriciens et les coraux présentant une résistance thermique face au réchauffement global. À travers des présentations et des échanges interactifs, les intervenants ont insisté sur la nécessité de mieux comprendre, conserver et gérer les écosystèmes coralliens, véritables trésors de biodiversité marine, mais particulièrement vulnérables aux changements climatiques.
En effet, selon les participants de l’atelier, les récifs coralliens jouent un rôle écologique et économique majeur. Ils abritent plus d’un million d’espèces marines et soutiennent les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes. Leur valeur économique est estimée à plusieurs centaines de milliers de dollars américains par hectare chaque année.
Pourtant, ces écosystèmes sont aujourd’hui gravement menacés par le réchauffement climatique et la multiplication des vagues de chaleur marines. Cet atelier a également permis de sensibiliser les parties prenantes locales notamment les chercheurs, étudiants, décideurs et acteurs du secteur marin sur l’importance d’une coopération internationale pour la préservation durable des récifs coralliens.
Par ailleurs, l’objectif de cette rencontre était clair, soit de mieux comprendre les impacts des vagues de chaleur marines sur le blanchissement et la mortalité massive des coraux, tout en explorant de nouvelles méthodes de restauration et de conservation. Les scientifiques ont rappelé que la planète a franchi, en juillet 2023, la limite critique de +1,5 °C fixée par l’Accord de Paris, entraînant des épisodes de mortalité corallienne sans précédent et compromettant une décennie d’efforts de restauration.
Parmi les intervenants de renom figuraient la Pr Beatriz Casareto et le Pr Yoshimi Suzuki de la Shizuoka University, partenaires de longue date de l’Université de Maurice depuis 2008, qui ont présenté leurs dernières recherches sur la résistance thermique des coraux. La Dr Margaret Miller et la Dr Gaëlle Quéré, de SECORE International Ltd et de la Fondation Odysseo, ont quant à elles exposé les avancées prometteuses sur la propagation larvaire et la régénération naturelle des coraux, notamment à partir d’expériences menées à Maurice.
Par ailleurs, Matthew Illing, de l’Université Stanford (États-Unis), a présenté ses travaux sur la reconstruction du changement climatique à partir des coraux mauriciens, tandis que le Professeur Bhagooli a dévoilé des données locales inédites montrant la résilience variable de 18 espèces coralliennes face aux épisodes de blanchissement enregistrés en 2016, 2019 et 2025. Finalement, le Dr Arvind Gopeechund, du Biodiversity and Environment Institute, a profité de l’occasion pour lancer un livret sur la biodiversité marine de Belle-Mare, destiné à sensibiliser le grand public sur la préservation du patrimoine marin mauricien.
En croisant ces approches scientifiques, les chercheurs envisagent désormais une stratégie intégrée de restauration, de conservation et de gestion durable des récifs coralliens, pierre angulaire d’une économie bleue régénératrice. Dans un contexte où les océans se réchauffent plus vite que jamais, cet atelier marque une étape décisive dans la mobilisation des savoirs pour préserver l’un des écosystèmes les plus précieux de notre planète.