La déclaration du Junior Minister aux Finances, Dhaneshwar Damry, à Plaine-Magnien selon laquelle le boni de 14e mois ne sera pas payé cette année car la priorité du gouvernement est de redresser l’économie suscite actuellement des réactions dans les rangs syndicaux. Ainsi, le président du Mauritius Labour Congress, Haniff Peerun, concède qu’il est vrai que le boni de 14e mois ne fait pas partie de lois, mais il a été accordé quand même l’année dernière comme mesure.
L’Alliance du Changement, au pouvoir aujourd’hui, a utilisé cette proposition pour remporter les élections, à l’instar d’autres partis politiques. « Elle a finalement constaté que c’était nécessaire, car le coût de la vie a considérablement augmenté. Ce 14e mois a aidé de nombreux travailleurs, notamment en décembre, où les dépenses sont nombreuses, et en janvier, la rentrée scolaire impose des dépenses conséquentes pour les enfants », laisse-t-il entendre.
« Le gouvernement a décidé de supprimer la CSG Allowance graduellement alors que les prix des commodités continuent à augmenter sur les étagères. Le boni de 14e mois est donc devenu une bouée de sauvetage pour les travailleurs en cette période difficile. L’économie de notre pays n’est pas en difficulté, tous les secteurs se portent bien. Le secteur privé a décollé après la pandémie de Covid-19. Le gouvernement doit se préoccuper du bien-être de la population et approuver le 14e mois. Cette année il y a de l’argent, car des conseillers et des ministres délégués sont bien rémunérés et les nombreux déplacements des parlementaires et des délégations officielles à l’étranger nécessitent des dépenses additionnelles importantes », a soutenu le syndicaliste.
De son côté, le président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions (FPBOU), Deepak Benydin, abonde dans le même sens. Il affirme que le gouvernement a décidé de supprimer la CSG Allowance graduellement, et que c’est ce qui représente un manque à gagner pour les travailleurs.
« La baisse des prix de certains produits n’a pas eu de gros impacts sur le panier des ménagères. La hausse des prix a des conséquences sur le riz basmati, la viande, le poisson, et d’autres commodités. C’est pourquoi un boni de 14e mois se révèle nécessaire maintenant. L’annonce d’un boni de 14e mois l’année dernière démontre comment les politiciens savent comment duper les électeurs pour remporter les élections. Aujourd’hui, les institutions internationales démontrent que notre économie se porte très bien. Nous constatons une nette amélioration. La Banque mondiale, elle-même, a salué la solidité financière de Maurice, qui se classe au troisième rang en Afrique. Les politiciens du gouvernement jouent avec la population. Ils ont privé nos aînés de la Basic Retirement Pension à l’âge de 60 ans. Le FMI, lui-même, a donné à Maurice une bonne note avant 2024. Notre économie est robuste », maintient-il, en exprimant le souhait que « the Spirit should be the Government by the people and for the People. L’humain doit être au centre du développement.»
Pour le président de la General Workers Federation (GWF), Clency Bibi, « malgré un engagement l’année dernière, seulement ceux touchant jusqu’à Rs 50,000 ont bénéficié du 14e mois et cette décision avait été imposée. Les syndicats avaient seulement été informés lors d’une réunion convoquée seulement deux heures auparavant. Cette année par contre nous l’apprenons par la presse, pas de consultation alors qu’on sort des Assises du travail. Dommage ! Nous en prenons bonne note et nous en reparlerons. »
Le président du Conseil des Syndicats (CDS), Sanjay Sembhoo, est d’avis que « ce serait une grande surprise pour tous si le gouvernement prend la décision d’accorder un 14e mois pour tous les travailleurs. Nous nous habituons, malheureusement, à des situations où les promesses sont non tenues et où des projets non annoncés, comme l’ajustement du Basic Retirement Pension (BRP), voient le jour. L’année dernière a déjà été une déception avec le plafonnement du 14e mois —rebaptisé Special Allowance —à Rs 50 000, laissant la classe moyenne sur la touche. Ce serait alors une grande surprise pour tous si le gouvernement annonçait l’octroi d’un 14e mois de salaire. »