Après neuf années d’attente, le chanteur Ras Natty Baby hausse le ton concernant le non-paiement de sa pension par la Mauritius Society of Authors (MASA). Celui qui compte parmi les précurseurs du seggae, avec Kaya, estime en effet être victime d’une discrimination, étant donné que d’autres artistes, dit-il, perçoivent déjà une certaine somme en guise de pension chaque mois. Mais du côté de la MASA, on laisse entendre qu’un nouveau plan est en cours d’élaboration, car le fonds prévu initialement est presque épuisé.
Ras Natty Baby, qui a connu la gloire avec des morceaux à succès tels que Leve do mo pep ou Nouvel vizion, menace d’entamer une grève de la faim si la MASA ne trouve pas une solution concernant sa situation d’ici la fin du mois. Le chanteur explique qu’il a eu 60 ans en 2014 et que, depuis, il attend toujours de bénéficier d’une pension de la société. « Je suis un membre fondateur de la MASA depuis 1986. Je contribue à hauteur de 7% de la somme que la MASA me paie à chaque exercice de répartition au Benevolent Fund de la société. C’est de ce fonds que d’autres artistes avant moi ont obtenu une pension mensuelle à l’âge de 60 ans. Toutefois, lorsque j’ai eu 60 ans à mon tour, je n’ai pas eu ce privilège. Cela fait neuf ans que je lutte et je n’ai toujours rien reçu. »
Ce dernier estime qu’il ne pourra attendre plus longtemps, faisant référence à son camarade Ras Mayul, décédé récemment sans avoir pu jouir d’une pension de retraite, lui aussi. « S’il n’y a aucune solution d’ici la fin de ce mois, j’entamerai une grève de la faim. Il est temps que les choses commencent à bouger. D’autant que je ne suis pas le seul dans cette situation. Il y a 28 artistes en tout qui attendent toujours leur pension de la MASA. Les membres du board, eux, perçoivent leurs rémunérations tous les mois. Qu’en est-il pour nous ? » se demande-t-il.
Sollicité à ce sujet, Gérard Louis, président de la MASA, explique que le problème ne concerne pas uniquement Ras Natty Baby et qu’un comité est en train de travailler en vue de trouver une solution. « Il y a un board qui avait décidé de mettre en place un fonds de solidarité. Si je ne me trompe pas, c’était en 2010. Moi, je n’étais pas là à cette époque. Je viens de prendre mes fonctions en octobre 2020. Ce qui se passe, c’est qu’après le départ de l’ancien directeur, Gérard Louise, personne ne savait sur quels critères se baser pour déterminer le montant de la somme à payer aux bénéficiaires à l’âge de la retraite. D’autre part, il y avait un fonds qu’on n’a pas fait fructifier. Avec le temps, le fonds est presque épuisé. »
Lorsqu’il est arrivé, en octobre 2020, ajoute Gérard Louis, il a repris contact avec un ancien membre du board qui avait élaboré le plan à l’époque. « Il nous a donné des éclaircissements. Ce que j’ai cru comprendre, c’est qu’il y a eu plus une reconnaissance de la contribution des artistes que leur contribution financière à la MASA. Nous ne pouvions continuer ainsi. Nous avons demandé au représentant du ministère des Finances au conseil d’administration d’élaborer un nouveau plan avec des critères équitables pour tous ceux concernés. On y travaille, pas seulement pour Ras Natty Baby, mais pour tous les artistes qui atteindront l’âge de 60 ans. »
Ce dernier ajoute qu’il faudra aussi trouver les fonds nécessaires, car c’est un fait que de nos jours, les disques se vendent moins. « Je tiens également à préciser que le Benevolent Fund est un fonds de solidarité qui sert pour différentes situations. Par exemple, quand un artiste meurt, s’il tombe malade ou s’il ne travaille pas. Ce n’est pas un fonds de pension. »
Gérard Louis ajoute que c’est pour pouvoir avancer qu’il a insisté auprès des autorités concernées pour la tenue des élections de la MASA, afin que le board puisse se réunir au complet et prendre les décisions qu’il faut. Les élections ont eu lieu il y a trois mois et les premières réunions se sont tenues récemment.