Cyclone – Production agricole : Kreepalloo Sunghoon (SPA) « Changer nos habitudes »

Les producteurs agricoles n’ont même pas eu le temps de se relever que la menace du cyclone Eleanor pèse une fois de plus comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Kreepalloo Sunghoon, de la Small Planters Association, ne voit qu’une solution pour ces temps incléments de plus en plus fréquents.

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« Il faut changer nos habitudes. Pendant les mois tranquilles, de mai à octobre, quand nous avons des légumes en abondance à un prix abordable, nous pouvons transformer les légumes et les conserver pour les temps difficiles », reconnaît-il. Il est d’avis qu’il ne faut plus se risquer à aller planter durant les mois de janvier à mars « car cela comporte beaucoup de risques de pertes d’argent ».

« Si le cyclone se dirige vraiment en direction de Maurice, nos champs de canne seront affectés car les cannes ont atteint une taille assez haute. Cela impactera alors la saison de coupe d’autant que les prévisionnistes associent beaucoup de pluies à ce cyclone. Cette combinaison risque d’engendrer une situation catastrophique même si je souhaiterais qu’il se détourne de notre pays », poursuit  Kreepalloo Sunghoon.

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Du côté des légumes, à vrai dire, indique-t-il, il n’y en a presque pas pour l’heure.

« Les quelques nouvelles cultures seront certes détruites. Alors que nous pensions que vers la fin avril, nous nous tirerions d’affaire en termes de pénurie de légumes et en termes de prix élevés, tel ne sera vraisemblablement pas le cas », regrette-t-il.

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Kreepalloo Sunghoon est bien conscient que de telles catastrophes naturelles comme les pluies diluviennes, la sècheresse, les cyclones, deviendront de plus en plus récurrentes.  « Il faut changer nos habitudes. Pendant les mois tranquilles, de mai à octobre, quand nous avons des légumes en abondance à un prix abordable, nous pouvons transformer les légumes et les conserver pour les temps difficiles. Il faut qu’au niveau du gouvernement, en l’occurrence, au niveau de l’Agricultural Marketing Board (AMB), on mette sur pied des infrastructures pouvant conserver et surgeler ces légumes pendant six à huit mois. Pour cela, il faut des entrepôts et des chambres froides appropriés pour les mettre sur le marché les mois plus difficiles de janvier à mars. En effet, les prix des légumes tels qu’ils sont actuellement, ne sont pas accessibles », fait-il comprendre.

Le porte-parole de la Small Planters Association plaide par ailleurs pour un changement de style de production.

« Nous ne pouvons plus continuer à produire au moyen de pioche, chapeau de paille, bottes… Cela n’attire plus personne aujourd’hui. Les planteurs qui, cinq ans de cela, avaient 60-65 ans, ont préféré prendre leur retraite car avec les conditions météorologiques actuelles, leur capital est trop à risque. Comment dès lors les remplacer ? Comment attirer les jeunes ? Il faut savoir vendre ce projet à ces derniers. Il faut qu’ils puissent être assurés d’avoir au moins Rs 30 000 à la fin du mois pour rouler leur foyer. Pour cela, il faut développer des Clusters sur 300-400 arpents de terre dans diverses régions avec des infrastructures routières, de l’éclairage etc., le tout accompagné d’infrastructures où les légumes peuvent être triés, nettoyés et transformés. Si vous demandez à un jeune de s’occuper d’un arpent de terre, cela ne l’attirera pas. Or, si des jeunes entrepreneurs, qui peuvent s’occuper de 7-8 arpents de terre mécanisée d’après les nouvelles méthodes de production, cela pourra alors marcher. Il ne faut plus se risquer à aller planter les mois de janvier à mars car cela comporte beaucoup de risques de pertes d’argent», dit-il

« Aujourd’hui, des terres agricoles sont inexploitées. Il y a deux à trois ans de cela, il y avait au moins 25 000 arpents de terres agricoles inexploitées. Nous avions lancé l’idée d’une Land Bank, soit les propriétaires – même d’un demi-arpent de terre dans une région agricole – qui peuvent les louer et avoir un revenu. Il faudrait une bonne gestion avec un board de personnes intègres. Autrement, nous serons en difficulté et ferons face à une pénurie alimentaire. Même certains pays ne veulent nous exporter des onions ou des pommes de terre car eux aussi font face au changement climatique ». propose-t-il.

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