Déclin des valeurs – Bashir Nuckchady: « le matérialisme privilégié aux dépens des valeurs morales »

Interpellé par le déclin des valeurs au sein de la société, Bashir Nuckchady, ancien membre du conseil d’administration du Conseil africain des chefs religieux, dissèque le problème. Il estime que « le matérialisme a pris le dessus aux dépens des valeurs morales ». Il s’inquiète du fait que cette dégradation des mœurs soit particulièrement visible chez les jeunes, « l’avenir et la force motrice de notre nation ». Il apporte des pistes de réflexion en guise de solutions.

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Tout en soulignant que les textes sacrés prônent tous l’adoption d’un comportement moral et droit, Bashir Nuckchady constate qu’il y a bel et bien une dégradation des valeurs morales dans la société chez divers groupes d’âge mais, particulièrement, note-t-il, chez les jeunes : « De nos jours, la jeunesse est détournée par diverses activités immorales. Il est du devoir de chacun de trouver la solution à ce problème crucial afin d’établir un monde de paix et d’harmonie qui dépend en grande partie des mains de la jeune génération », fait-il comprendre.

Parmi les causes de tant de violence dans la société, Bashir Nuckchady voit les inégalités sociales. « Les gens ont beaucoup d’aspirations et de rêves. Mais ils n’ont pas les moyens de les réaliser. Nous sommes une société de consommation avec peu de moyens pour satisfaire tous nos rêves et désirs. Nous utilisons donc les moyens dont nous disposons, le plus souvent des moyens immoraux et illégaux, pour atteindre les objectifs souhaités »,

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estime-t-il.

Dans un pays où la pratique religieuse est très courante, affirme-t-il par ailleurs, la spiritualité se perd pourtant et « nombreux sont ceux qui pratiquent des rites religieux sans savoir pourquoi. Nous avons plusieurs religions et associations socioculturelles qui tentent par tous les moyens d’agir comme une force de contrôle sur les individus mais cela ne fonctionne pas. Nous sommes submergés par les événements. »

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Autre facteur à l’origine de violences : le sentiment d’inégalité. Par exemple, dit-il, « si une personne proche d’un homme politique obtient un contrat, il y a des soupçons et des doutes sur le fait que les jeux ont été faits à l’avance. Il y a ce sentiment que les institutions ne fonctionnent pas et qu’il n’y a pas de justice. D’où le fait que, dans de nombreux cas, les gens se font justice eux-mêmes et tentent de trouver une explication pour dire qu’ils ont raison. Le manque de confiance dans les institutions alimente ces suspicions ».

L’influence de la famille nucléaire et du mode de vie matérialiste en est une autre cause pour Bashir Nuckchady. « Dans une famille nucléaire, surtout où père et mère travaillent tous deux, les parents n’ont pas de temps à partager avec leur enfant. Les sentiments et les émotions de l’enfant restent inexploités. Ainsi, l’enfant trouve d’autres espaces comme la télévision, un groupe d’amis, de la mauvaise littérature, etc. pour partager ses sentiments et ses émotions et commencer à se comporter de manière immorale comme en cas de révolte », dit-il.

L’absence de contrôle parental sur les enfants entraîne une augmentation rapide de l’autonomie des jeunes générations. Par conséquent, les jeunes sont détournés par une force extérieure et se livrent à des errances dans les centres commerciaux, à des aventures indésirables ». L’influence des pairs n’est pas sans impact sur la vie du jeune.

De même l’influence des médias et réseaux sociaux. « Il y a tellement de violence, de vulgarité dans tous ces moyens de divertissement que si une majorité de jeunes les regardent, l’impact sur la prochaine génération ne sera pas négligeable ».

Bashir Nuckchady regrette que les établissements scolaires soient dépourvus d’une atmosphère d’apprentissage positive. « Les principaux objectifs des établissements d’enseignement sont de modifier, d’améliorer et de renforcer les croyances, les idéaux et les comportements acquis des élèves dans la bonne direction. Mais aujourd’hui, les établissements d’enseignement sont incapables de créer une atmosphère aussi positive parce que leurs administrations ne sont pas correctement dirigées. Il y a un manque de programme académique lié aux valeurs humaines », affirme-t-il, en ajoutant que : « de nos jours, le système éducatif actuel forme nos jeunes de manière telle qu’ils peuvent facilement répondre à leurs besoins fondamentaux et gagner de l’argent, mais ils ne trouvent aucune importance aux valeurs dans leur vie. À l’heure actuelle, les écoles et les parents accordent une grande importance à la réussite matérialiste des élèves. Ils mettent davantage l’accent sur les résultats scolaires et les emplois bien rémunérés que sur le développement de valeurs ».

C’est ainsi qu’en guise de solutions, Bashir Nuckchady suggère que les établissements scolaires rendent obligatoires des programmes d’éducation aux valeurs. Il recommande qu’il y ait davantage d’organisations telles que les scouts pour former les jeunes à être de bons citoyens. Il prône les discussions de groupe en classe invitant les élèves à partager leur avis sur telle ou telle question. De plus, conclut Bashir Nuckchady, « les organisations politiques devraient réfléchir à leurs activités et diriger l’énergie des jeunes de manière positive. Les ONG et autres associations sociales bénévoles doivent se renforcer pour coordonner les jeunes afin d’apporter la stabilité entre eux, et une planification appropriée doit être introduite et mise en œuvre en fonction de leur potentiel ».

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