Démocratie – DROITS HUMAINS : KRAK intensifie sa campagne pour la justice réparatrice

Le Kolektif Reparasion Avansman Kreol (KRAK), représenté par Me José Moirt, a participé à la UK Reparations Conference 2025, à Londres. Organisée par l’All Party Group for Afrikan Reparations, la conférence avait pour but de réunir des militants afin de discuter des réparations pour l’esclavage, la colonisation et l’exploitation continue des peuples d’ascendance africaine à travers le monde. KRAK y a présenté un Legal Memorandum intitulé Reparatory Justice Claims of the Mauritian Creole People – Addressing the Enduring and Systemic Legacies of Slavery and Colonialism.

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Pour Me José Moirt, ce document a une valeur légale et explique pourquoi le gouvernement britannique doit réparer le tort causé au peuple mauricien : « Il est important de rendre cela public car les livres ne disent qu’une partie de la vérité sur le colonialisme. L’autre partie demeure cachée. Or, seule la vérité libère », affirme-t-il.

Il met en avant le concept de First Nation People, précisant qu’en 1638 les esclaves de Madagascar et d’Afrique de l’Est avaient refusé l’oppression et s’étaient organisés pour résister. « Ils vivaient en communauté et ont pu ainsi faire de la rébellion. La plus connue d’entre elles est celle menée par Anna de Bengale. C’est ainsi que finalement, face à la rébellion, les Hollandais ont fini par quitter l’île en 1710 », indique-t-il.

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Après cela, les anciens esclaves, que Me Moirt décrit comme les premiers Créoles Mauriciens, vivaient librement sur l’île, jusqu’à l’arrivée des Français en 1715. Raison pour laquelle, KRAK revendique la reconnaissance des Créoles Mauriciens comme « First Nation People of Mauritius. » D’après lui, cela constitue un impératif moral et légal urgent, une assise sur laquelle la justice, le respect et les droits réparateurs peuvent être édifiés.
Le deuxième point mis en avant : le « complot » d’Adrien d’Epinay et des administrateurs anglais pour traquer et assassiner les esclaves rebelles, dont Ratsitatane. « De plus, ils ont tout fait pour ne pas adopter les Amelioration Policies votées en Angleterre et retarder l’Abolition de l’esclavage », devait-il faire ressortir.Ce même Adrien d’Epinay allait plus tard se rendre en Grande-Bretagne pour réclamer une compensation pour les propriétaires d’esclaves, en échange de la perte de leurs « biens », a fait ressortir Me Moirt. Un montant total de £2,112,63, représentant approximativement £224 millions de nos jours, a ainsi été versé à Adrien d’Epinay et d’autres propriétaires d’esclaves.

Le troisième point soulevé implique la manière dont l’indépendance a été négociée. « L’héritage du colonialisme anglais a créé un racisme institutionnel. Les Créoles, reconnus sous l’ère française, a disparu, pour être remplacés par General Population. » Me Moirt met également en avant le système électoral mis au point par les Britanniques, avant l’indépendance, assurant ainsi, dit-il, que les Hindous soient toujours majoritaires à l’Assemblée nationale : « Ce sont autant de raisons pourquoi la Grande-Bretagne a le devoir moral et légal de réparer les injustices causées aux descendants des esclaves. »
Me José Moirt a présenté le cas mauricien devant les parlementaires de l’All Party Group for Afrikan Reparations, dont Jeremy Corbin. Par ailleurs, il a également eu une session de travail avec le Lloyd’s Register. Ce groupe maritime ayant joué un rôle clé dans l’esclavage a récemment présenté ses excuses. Il est souligné qu’un budget sera aussi mis en place en vue de réparer les séquelles de cet acte.

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Par ailleurs, Me Moirt a également eu des rencontres avec Heirs of Slavery, qui regroupe des personnes dont les ancêtres ont été mêlés d’une manière ou d’une autre au commerce des esclaves et qui veulent œuvrer pour la réparation. Parmi, il y a un projet éducatif mis en place en Grenade. Ses représentants seront à Maurice en 2026 pour un constat de la situation des descendants d’esclaves et pour soutenir la démarche de justice réparatrice.
En attendant, KRAK annonce qu’il mènera combat sur deux fronts. D’abord, la reconnaissance des Créoles dans la Constitution et d’autre part, la décolonisation du système électoral.

 

 

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