Deux incidents graves en deux mois à Rodrigues : L’inquiétude grandit

Air Mauritius accusée de minimiser la gravité des faits

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La ligne Maurice–Rodrigues, longtemps considérée comme un trait d’union sûr et familier, devient aujourd’hui une source d’inquiétude. Après deux incidents techniques graves en l’espace de deux mois, les passagers expriment un malaise croissant et réclament des explications.

Le dernier épisode remonte au 2 octobre. Le vol MK 209, un ATR 72-500, a dû effectuer une remise de gaz avant l’atterrissage à Plaine Corail. Selon Air Mauritius, un “tail-strike mineur” — un léger contact de la queue de l’appareil avec la piste — aurait été constaté. Des passagers parlent eux d’un ressenti inquiétant. La compagnie assure qu’il ne s’agissait que de simples égratignures sur la protection arrière (“tail skid”) et que l’appareil a repris du service dès le lendemain après inspection.
Mais derrière ce ton rassurant, le doute s’installe.

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Des précédents qui sèment la méfiance

Le 31 juillet dernier, un autre ATR 72-500, immatriculé 3B-NBN, avait subi un “severe hard landing” au même aéroport. L’avion avait heurté la piste avec une telle violence qu’il avait rebondi avant de se poser à nouveau. Le constructeur ATR avait interdit son transfert vers Maurice et ordonné une inspection complète sur place, menée dans des conditions précaires, faute d’équipements adaptés à Rodrigues.

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Des pressions et

un manque d’expérience ?

Deux incidents en deux mois, sur le même type d’appareil, dans le même aéroport : la coïncidence a de quoi troubler. D’autant que l’ATR reste la colonne vertébrale de la desserte inter-îles, assurant plusieurs vols quotidiens souvent dans des conditions météorologiques difficiles.

Des pilotes, sous couvert d’anonymat, décrivent un environnement tendu :

l des pressions pour maintenir la ponctualité malgré les vents de travers fréquents à Plaine Corail ;

l des marges de sécurité réduites par des plans de vol serrés ;

l et un déficit de personnel expérimenté depuis la réorganisation post-administration.

Une communication

verrouillée qui alimente

la suspicion

Autant d’éléments qui laissent penser que ces incidents ne relèvent pas seulement du hasard, mais pourraient révéler des fragilités structurelles au sein de la compagnie : formation, maintenance, fatigue des équipages, ou culture de sécurité en déclin.

La gestion de ces incidents interroge. En juillet, Air Mauritius avait parlé d’un simple “incident technique”, refusant de confirmer la gravité du choc. Ce silence avait été largement critiqué. Cette fois, la compagnie se montre un peu plus loquace, mais continue à éviter les questions essentielles :

l s’agit-il du même équipage ?

l des mesures de formation supplémentaires sont-elles prévues ?

l la Civil Aviation Authority a-t-elle ouvert une enquête indépendante ?

À ce jour, aucune conclusion officielle n’a été rendue publique sur les deux incidents . Et la prudence du communiqué du 7 octobre ressemble davantage à une stratégie de damage control qu’à un véritable effort de transparence.

Une confiance à reconstruire

Dans un contexte où Air Mauritius tente de se redresser après des années de crise financière et de turbulences internes, chaque incident fragilise un peu plus la confiance du public. Les voyageurs vers Rodrigues, souvent des familles, des professionnels ou des touristes réguliers, veulent être rassurés.
Mais la confiance ne se décrète pas — elle se gagne par la clarté et la responsabilité.

Air Mauritius ne peut plus se contenter de minimiser. Elle doit rendre publiques les conclusions des enquêtes, renforcer la formation des pilotes, et surtout rétablir une communication honnête avec le public. Car au-delà des “égratignures” techniques, c’est l’image même de la sécurité aérienne nationale qui se trouve aujourd’hui sérieusement abîmée.

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