Dans le cadre de l’année jubilaire, le diocèse de Port-Louis consacre cette semaine, soit jusqu’au 27 juillet – au jubilé des détenus, un temps de grâce et de conversion, tourné résolument vers l’inclusion, la réhabilitation et la réinsertion. À la messe d’ouverture de cette semaine, Mgr Jean Michael Durhône, évêque de Port-Louis, a livré un message vibrant d’espérance et de compassion: « ce jubilé n’est pas comme les autres. Il se vit à l’intérieur comme à l’extérieur des murs des prisons. L’objectif est de porter l’évangile là où l’humain souffre, là où la société détourne trop souvent le regard. » Avec à ses côtés comme concélébrants, le cardinal Maurice E. Piat, qui a fêté samedi ses 84 ans, le père Jean-Claude Véder, curé de l’église de Sacré Cœur, le Père Victoire et le diacre Cadress Runghen, qui a connu une carrière professionnelle au service de la Prison, Mgr Jean Michael Durhône a mis l’accent sur l’urgence de la réinsertion et de la réhabilitation.
Dans son homélie, l’évêque de Port-Louis a affirmé que Jésus, durant sa vie terrestre, est allé à la rencontre des exclus. « Zezi finn fer zis tou », dit-il en ajoutant que le Christ ne s’est épargné aucun effort pour aller à la périphérie. À la question de savoir qui sont les détenus, il indique que 2 877 personnes sont actuellement incarcérées à Maurice – dont plus de 50 % en détention préventive et 52 % dans la tranche d’âge de 18 et 30 ans. 95 % des jeunes détenus y sont en lien avec des affaires de drogue. Pour l’évêque, ces chiffres interpellent: « Ce sont nos enfants. Ils ont besoin d’un chemin d’espérance », exhorte-t-il avec force.
Mgr Durhône a aussi dénoncé les barrières invisibles qui continuent d’enfermer les anciens détenus, même après avoir purgé leur peine. Il a particulièrement pointé du doigt le certificat de moralité. « Aujourd’hui, un simple mot, Convicted, peut anéantir tout un avenir. Vous pouvez être un excellent ouvrier, titulaire de diplômes, mais ce mot vous suit partout, comme une condamnation à perpétuité sociale », fait-il comprendre. Il a évoqué les discussions entamées avec les autorités pénitentiaires pour repenser ce système, afin que la réinsertion devienne une réalité.
L’évêque de Port-Louis s’est appesanti sur la nécessité d’une réhabilitation globale, qui commence au sein même des établissements pénitentiaires. « Il faut valoriser le travail des détenus, écouter leurs familles, et accompagner chacun vers la dignité », préconise-t-il. Dans cette optique, un projet spécifique pour les personnes dépendantes à la drogue sera lancé dans les prisons. « Ce projet touche à l’essentiel de l’humain: se relever, se reconstruire, se libérer », ajoute-t-il.
Mgr Jean Michaël Durhône a fait état du coup d’envoi de cette semaine jubilaire donné samedi dans les dix prisons du pays – dont neuf à Maurice et une à Rodrigues. Des célébrations, des temps d’écoute, de confession et de réflexion sont prévus durant la semaine. Demain, une soirée de réflexion est prévue à la salle Robert Jauffret à 17h30, à Sacré-Coeur, Beau-Bassin, autour du thème : « Se reconstruire et réintégrer. »
Enfin, samedi, de 9h à 12h30, des témoignages d’anciens détenus et de familles seront partagés, dans une démarche d’humanité et de réconciliation initiée par le père Gérard Mongelard qui a déjà organisé une première séance au collège de Lorette de Rose-Hill
Pour Mgr Durhône, ce jubilé des détenus est une invitation à toute la société mauricienne à revoir son regard, à élargir son cœur. « Le Christ nous appelle à accueillir nos frères et sœurs détenus comme il les accueille. À travers eux, c’est notre propre capacité à aimer, à pardonner, à espérer, qui est mise à l’épreuve », estime-t-il.
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