« Does talent have a minimum age? » : le coup de gueule du père d’Alexandre Thévenet

Fabrice Thévenet a choisi de sortir du silence. Père du jeune tennisman Alexandre Thévenet, il s’interroge sur la politique d’accompagnement des jeunes sportifs prometteurs à Maurice et évoque les réalités et obstacles auxquels ils sont confrontés. Dans un message publié en ligne lundi, Fabrice Thévenet révèle qu’il y a un mois, il a appris que son fils ne bénéficierait plus du soutien du Trust Fund for Excellence in Sports, uniquement en raison de son âge. « Parce qu’il est trop jeune », lui a-t-on expliqué, car de nouvelle directives imposent une limite d’âge minimale de 14 ans.

- Publicité -

« Let that sink in », écrit-il avec amertume : « Malgré ses performances, désormais son âge le disqualifie. »
Une décision qui laisse le père en colère et incompréhensif. « Est-ce que le talent a un âge minimum ? », questionne-t-il.

L’an dernier, Alexandre avait droit à ce soutien uniquement parce qu’il était au secondaire. Mais de nouvelles règles, introduites dans le cadre d’un exercice de réduction des coûts, imposent désormais un âge minimum de 14 ans. Une mesure qui, selon Fabrice Thévenet, va à l’encontre du discours officiel sur la valorisation du sport et du développement des jeunes talents.

- Publicité -

« Dans de nombreux pays, les fédérations sportives soutiennent des athlètes dès l’âge de 10 ans, encadrées par leurs ministères des Sports », rappelle-t-il avant de s’interroger : « Rafael Nadal ou Carlos Alcaraz seraient-ils devenus professionnels à 15 ans si on leur avait dit d’attendre ? ».

« Maurice, déjà isolée géographiquement, est confrontée à d’énormes défis pour rivaliser sur la scène internationale. Retarder le soutien ne fait qu’accentuer le retard. »

- Advertisement -

Malgré l’absence de soutien officiel, Alexandre enchaîne les performances. À 13 ans, il a battu il y a deux ans le champion de France des moins de 12 ans. En octobre dernier, il remportait la finale du TEN-PRO Global Junior Tour à Dubaï contre le champion roumain. « Ces enfants qu’il affronte s’entraînent 5 à 6 heures par jour, voyagent chaque semaine pour des tournois internationaux et suivent une scolarité adaptée au sport. Imaginez ce que pourrait faire Alexandre avec les mêmes chances », écrit son père.

Sur le plan local, le palmarès est tout aussi impressionnant : champion national 2024 en U12 et U14, n°1 en U14, n°2 en U16 après trois finales dont deux victoires cette année, et déjà classé 15e en senior (où il affronte aussi des non-Mauriciens) après seulement quelques mois de compétition.

« Quand des jeunes athlètes choisissent plus tard de concourir sous un autre drapeau, on remet en question leur patriotisme. Mais on ignore souvent les sacrifices et les blocages qu’ils rencontrent ici », lance Fabrice Thévenet. « Je suis profondément patriote. Je veux que mes enfants fassent flotter fièrement le drapeau mauricien sur la scène mondiale. Mais le chemin qu’on nous impose rend ce rêve presque impossible. »

Depuis ses 11 ans, des entraîneurs internationaux et des consultants de l’ITF recommandent à Alexandre de quitter l’île pour progresser. Mais les coûts sont énormes : entre 40 000 et 80 000 euros par an. Rien qu’à Maurice, la facture est déjà lourde : plus de Rs 15,000 par mois pour l’entraînement à la fédération, Rs 8,000 pour les chaussures, plus de Rs 1,200 pour le cordage des raquettes, Rs 1,500 de frais par tournoi. Et chaque tournoi international est entièrement financé par ses parents.

Heureusement, des sponsors privés tels que KFC, Fantastic Mind, Nikigai Coaching ou encore Tecnifibre ont apporté leur soutien. « Mais le développement à long terme d’un athlète ne peut pas reposer uniquement sur la générosité privée. C’est au ministère des Sports d’établir un parcours clair, inclusif et structuré pour les jeunes à fort potentiel – quel que soit leur âge. »

Il conclut : « Les champions ne naissent pas à 14 ans. Ils sont découverts, encadrés et soutenus bien avant. Si Maurice veut vraiment voir son drapeau sur les podiums internationaux, le moment est venu de changer le système. Avant qu’il ne soit trop tard. »

Fabrice Thévenet dit avoir écrit au ministre et au ministre adjoint des Sports. « À ce jour, aucune réponse », déplore-t-il. « Nous ne demandons pas un traitement de faveur. Juste une chance. La même chance que les enfants d’ailleurs reçoivent chaque jour. »

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques