Dr Paul Octave Wiehe : un patriote profondément attaché à son pays

À l’occasion du 50e anniversaire de la mort d’Octave Wiehe, décédé en août 1975, Jean-Claude Autrey a donné mardi une conférence organisée à l’auditorium qui porte son nom à l’initiative de l’université de Maurice, à Réduit. La conférence a été donnée en présence du président de la république, Dharam Gokhool, du ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Recherche, Kaviraj Sukon, de Dinesh Surroop, vice-chancelier par intérim de l’université de Maurice, des membres de l’Assemblée nationale, du cardinal Maurice E. Piat et des membres de la famille Wiehe. Nous publions ci-dessus un extrait de la conférence abondamment illustrée par des photos et des diapositives.

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Paul Octave Wiehe naît en 1910 à Maurice, dans un environnement marqué par la diversité culturelle et l’attachement à la nature. Très tôt, il développe une curiosité scientifique et une sensibilité aux beautés du monde végétal. Issu d’une famille enracinée dans les valeurs de rigueur et de service, il reçoit une éducation attentive, qui encourage son goût pour l’étude et l’observation. Élève brillant, il se distingue par son intelligence et sa discipline, et ses enseignants l’incitent à poursuivre des études avancées.

Boursier, il part à l’étranger afin de compléter sa formation. Il y découvre de nouvelles méthodes de recherche et élargit son horizon intellectuel. Sa thèse, saluée par ses pairs, révèle déjà une solide formation et un regard novateur. Elle ouvre la voie à une carrière scientifique prometteuse dans le domaine de la botanique.

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De retour à Maurice, il choisit de mettre son savoir au service de son pays. Il entame alors une série d’études approfondies sur la flore mauricienne, qui deviennent rapidement une base de référence pour la recherche et la conservation. Ses premières publications attirent l’attention de la communauté scientifique internationale et établissent sa réputation de chercheur rigoureux.

Conscient de la fragilité de la biodiversité insulaire, il s’engage dans la protection des écosystèmes et associe recherche et action concrète. Son approche, à la fois scientifique et militante, lui vaut une reconnaissance croissante, bien au-delà de Maurice. Ses collaborations avec des chercheurs étrangers ouvrent la voie à de fructueux échanges et renforcent la visibilité du pays sur la scène scientifique.

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Ses travaux marquent une étape décisive dans le développement de l’écologie tropicale. Visionnaire, il propose une approche intégrée, reliant flore, climat et sols, et ses publications demeurent des références. Pour lui, la science n’a de sens que si elle se met au service du progrès collectif et de l’amélioration de la vie.

En 1953, une nouvelle étape s’ouvre : il devient le premier directeur du Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI). Avec une vision claire et ambitieuse, il entreprend de bâtir une institution scientifique de rang international. Sous sa direction, le MSIRI se dote de laboratoires modernes et d’équipements de pointe. Il recrute et forme des équipes locales, encourage l’excellence et instaure un esprit de collaboration.

Il ouvre largement l’institut aux partenariats internationaux, renforçant son rayonnement. Les recherches menées sous sa direction aboutissent à des innovations concrètes, qui transforment l’industrie sucrière. Programmes de sélection de variétés plus résistantes, techniques agricoles modernes et adaptées, dialogue constant avec les planteurs : son action lie science et pratique, recherche et application.

En quinze ans, le MSIRI devient une institution de réputation mondiale. Son rayonnement scientifique et ses apports pratiques font de Maurice une référence en matière de recherche agricole. Lorsque Paul Octave Wiehe quitte ses fonctions, il laisse un institut solide, respecté et durable, au service de la nation.

En 1968, il accepte un nouveau défi : celui de diriger la jeune Université de Maurice en tant que premier vice-chancelier. Là encore, son engagement est guidé par une vision : faire de cette institution un outil de développement national. Dès son arrivée, il dresse un diagnostic lucide des défis à relever : structures fragiles, manque de moyens, absence de filières adaptées.

Avec méthode, il réorganise les cursus et crée de nouveaux programmes dans les domaines clés : sciences, agriculture, ingénierie. Il encourage une recherche appliquée tournée vers les besoins économiques et sociaux du pays. Pour renforcer la crédibilité de l’université, il constitue un corps professoral compétent et s’ouvre à des partenariats internationaux.

Sous son mandat, le campus se modernise et s’étend, offrant de meilleures conditions aux étudiants. Toujours proche de ces derniers, il veille à répondre à leurs attentes et incarne pour eux une figure de respect et d’inspiration. En quelques années, il pose les bases d’une université solide, ouverte et ambitieuse, dont l’empreinte reste encore aujourd’hui visible.

Au-delà de ses réalisations institutionnelles, Paul Octave Wiehe est un patriote profondément attaché à son pays. Visionnaire, il sait anticiper les besoins de la société et orienter la recherche et l’éducation vers l’avenir. Son style de leadership, alliant fermeté et respect, inspire confiance et suscite l’adhésion. Malgré ses succès, il demeure humble et privilégie toujours le collectif à la gloire personnelle.

Il a constamment encouragé les jeunes à s’engager dans la voie scientifique, convaincu que le savoir et l’éducation sont les clés du progrès. Ses collaborateurs comme ses étudiants gardent le souvenir d’un homme exigeant mais profondément humain, capable de transmettre des valeurs autant que des connaissances.

Son héritage est immense. Ses travaux en botanique et en écologie restent des références incontournables pour les chercheurs. L’Université de Maurice, qu’il a contribué à fonder, continue de former des générations d’étudiants et de chercheurs. Son exemple inspire encore aujourd’hui ceux qui veulent conjuguer excellence scientifique et service au pays.

Reconnu et honoré de son vivant à Maurice comme à l’étranger, le Dr Wiehe demeure une figure respectée, célébrée par la communauté académique et scientifique. Son nom reste associé à la rigueur, au patriotisme et à la vision.

Paul Octave Wiehe fut bien plus qu’un scientifique et un bâtisseur d’institutions. Il incarne l’image d’un patriote visionnaire, qui a su transformer la recherche et l’éducation en piliers du développement national. Son héritage, vivant et durable, continue de façonner le visage de Maurice contemporaine.

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