L’assistant surintendant de police (ASP) Roland Dabeesing faisait partie des intervenants de l’atelier de travail. Membre de l’ADSU du Port, ayant sous sa responsabilité également la poste centrale, l’homme n’a pas mâché ses mots : « Nous avons à de nombreuses reprises effectué des saisies de composantes qui arrivent par courrier postal. Lors d’une des dernières opérations, nous nous sommes retrouvés avec une nouvelle drogue inconnue… Elle est très puissante, au point où le préposé de la poste qui avait manipulé la parcelle a commencé à se sentir malade ! Rien que d’avoir manipulé le produit et de l’avoir respiré ! Vous imaginez ? »
« Nous avons alors fait appel à Aadeel Toofany et l’équipe du FSL. Quand ils en ont eu terminé, ils nous ont donné des détails sur ce nouveau produit. Maintenant, il nous faut rester sur nos gardes ! » R. Dabeesing explique : « ces dernières années, nous remarquons un définitif rajeunissement et féminisation de la communauté des usagers des simik dans le cadre des enquêtes. C’est très grave. »
Comment les trafiquants procèdent ? « C’est très simple. Enn mass vann Rs 400 poulia. En revanche, une dose de simik est à Rs 100… Il n’y a pas de comparaison! » Le haut gradé de la police a lui aussi mis l’accent sur l’importance de légiférer et d’apporter des changements dans la Dangerous Drugs Act à mesure que de nouveaux produits dangereux débarquent. « Autrement, nous aurons tous une tâche très dure. »
« Je ne dis pas que la bataille est perdue. Nous pouvons faire la différence. » Et de souligner: « comme le Deputy Prime Minister l’a lui-même expliqué : il serait utopique de penser que l’on pourrait éradiquer la drogue. C’est impossible. Mais tout au plus, nous pouvons conjuguer nos efforts pour diminuer le nombre de victimes ! Ce n’est cependant pas le mandat de seule une agence; que ce soit la police, la NADC ou la douane. Il faut travailler tous ensemble pour changer la donne. »
FONG WENG-POORUN (PMO) : « Ces drogues entraînent de graves conséquences sur nos jeunes »
« Maurice doit faire face à la montée des drogues de synthèse pour protéger sa jeunesse et son tissu social. » C’est ce qu’a déclaré la secrétaire à l’Intérieur, attachée au Prime Minister’s Office, Kan Oye Fong Weng-Poorun. Elle s’exprimait à l’ouverture de l’atelier de la NADC.
« Les drogues de synthèse, bon marché et difficiles à détecter, se propagent rapidement à travers le pays, entraînant de graves conséquences sociales et économiques. Ces substances menacent notre jeunesse, la main-d’œuvre et le système de santé. Elles entrent à Maurice via les plateformes en ligne et les voies maritimes », a aussi relevé Mme Fong Weng-Poorun. Elle a maintient que le gouvernement a placé la lutte contre le trafic et la consommation de drogues parmi ses principales priorités, comme le précise le programme gouvernemental 2025-2029.
Soulignant que la répression seule ne suffit pas, Mme Fong Weng-Poorun a appelé à une approche sociétale globale impliquant les forces de l’ordre, les services de santé, les organisations non gouvernementales et les acteurs locaux. Elle a également salué le soutien crucial des partenaires internationaux, notamment les Nations Unies et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, pour leur expertise technique, leurs formations et leur assistance dans l’élaboration d’un plan directeur national complet.
La secrétaire à l’Intérieur a également salué le NADC, soulignant son rôle clé en tant qu’organisme national de coordination chargé des efforts de prévention, de répression, de réadaptation et de réinsertion. Elle a exhorté les participants à contribuer activement à l’élaboration d’un plan d’action national fondé sur des données scientifiques visant à protéger la jeunesse du pays et à renforcer le tissu social.
Pour sa part, la cheffe du Bureau du coordonnateur résident des Nations Unies (ONU) pour Maurice et les Seychelles, Mithulina Chatterjee, a déclaré que Maurice « fait partie des rares pays africains à détecter de puissants opioïdes synthétiques tels que les nitazène, qui aggravent considérablement la menace ».
Elle a souligné l’importance d’une coordination multisectorielle, de systèmes d’alerte précoce renforcés et d’efforts de prévention ciblés, notamment auprès des jeunes.
Soulignant la nécessité d’une coopération régionale et d’une implication communautaire, elle a appelé à une réponse centrée sur les personnes, garantissant l’accès aux traitements et réduisant la stigmatisation afin de lutter efficacement contre le fléau des drogues synthétiques.