Le 25 février dernier, la charge d’abus de pouvoir contre le directeur suspendu de la Mauritius Society of Authors (MASA), Gérard Louise, a été rayée. L’année dernière, il avait déjà été acquitté dans l’affaire Sony Music et avait demandé sa réintégration. Mais le Board de la MASA avait refusé, en mettant en avant la charge formelle du défunt Independent Commission Against Corruption (ICAC) contre lui. Blanchi à nouveau, Gérard Louise est dans l’attente d’une nouvelle décision du Board. Même si un avis légal a été obtenu en sa faveur, un courant à la MASA ne souhaite pas le voir reprendre son poste.
Entre les deux jugements en Cour, concernant Gérard Louise, le conseil d’administration de la MASA a été reconstitué. Richard Hein, le nouveau président, a hérité du dossier brûlant de la réintégration de Gérard Louise. Ce dernier a écrit formellement au Board pour émettre le souhait de reprendre son poste et de bénéficier des Increments non obtenus pendant ses 14 années de suspension. La question a été débattue et une correspondance lui a été envoyée, lui demandant de préciser comment le montant auquel il estime avoir droit doit être calculé.
Le directeur suspendu a lui répondu, dans une autre lettre, en date du 18 juin dernier : « It is not for me, a reinstated officer, to undertake the quantification of emoluments due under the prevailing Pay Research Bureau Report. That task properly falls to the Human Resources and Finance departments, under the supervision of the Board. As Chairperson, it is your responsibility to cause the matter to be brought before the Board for formal approval and disbursement. If any uncertainty subsists, it would have been prudent and appropriate to seek guidance from the Parent Ministry, rather than impose such a burden upon me. » Gérard Louise a donné un délai de 8 jours à la MASA pour lui indiquer la date de sa réintégration. Faute de quoi, il entreprendra des actions légales.
Au-delà de ces tergiversations, la question est beaucoup plus complexe. Le hasard a voulu que Richard Hein soit président de la MASA au moment où Gérard Louise est blanchi par la Cour. Or, dans le milieu, tout le monde sait que les deux hommes ne s’entendent pas. Richard Hein avait été arrêté par l’Anti-Piracy Unit, en 2010, dans le cadre d’une enquête sur l’utilisation de chansons d’artistes mauriciens pour Emtel Caller Tunes, alors que Gérard Louise était directeur de la MASA.
D’autre part, au sein même de l’administration de la MASA, il y a un courant qui remue ciel et terre, pour que Gérard Louise ne reprenne pas son poste. Sauf qu’un avis légal a été recherché auprès d’un cabinet privé et l’avocat a indiqué : « I have examined all relevant documents attached. I note that the court has dismissed all counts lodged against Mr Louise. I also note and agree with the parent ministry that it is incumbent on the Board now reconstituted to take a decision thereon. I therefore recommend that all the rights and entitlement associated with the role be made clear after discussions to avoid any ambiguity in his reinstatement as Director. »
Une fois cet avis tombé, certains se sont précipités pour le discréditer, en dévoilant, sur la scène publique, que la MASA avait eu recours à un avocat du privé, proche du régime actuel, alors que l’Attorney General, Gavin Glover, avait demandé aux corps parapublics, de se tourner vers le State Law Office.
Dans toute cette histoire, un fait demeure : légalement parlant, rien n’empêche Gérard Louise de reprendre son poste. Comment donc sortir de ce dilemme ? L’Assemblée générale annuelle de la MASA prévue ce dimanche, pourra-t-elle donner un élément de réponse ? Cela semble peu probable, même si l’Union des artistes a déjà écrit une lettre en ce sens. Le recours en haut lieu a également été évoqué dans certains milieux, mais cela donnerait un mauvais signal sur l’indépendance de la MASA. Valeur du jour, seule une médiation, voire un arrangement à l’amiable, pourrait décanter la situation. Mais pour l’heure, le problème reste entier.