À l’occasion de la Journée internationale des droits humains, la Fédération des travailleurs unis (FTU) a organisé une manifestation pacifique devant le ministère du Travail, à Port-Louis. Le but en est de dénoncer les nombreuses atteintes à l’encontre des employés. La fédération déplore qu’à ce jour, la National Human Rights Commission n’ait pas de juridiction pour enquêter dans le secteur privé.
Pour Atma Shanto, le 10 décembre est un jour symbolique pour tous les travailleurs. Car cette journée consacrée aux droits humains vient rappeler que tout individu a des droits, y compris en milieu professionnel. Or, dans la réalité, il y a de nombreuses atteintes qui sont malheureusement tolérées. « Aujourd’hui, les travailleurs n’ont plus de liberté de mouvement sur leurs lieux de travail, car il y a des caméras de surveillance partout. Ces dernières années, il y a eu une prolifération de ces caméras, y compris dans les mess rooms où les employés sont en pause », déclare-t-il.
À plusieurs reprises, a-t-il souligné, la FTU a attiré l’attention des autorités sur ce problème, mais rien n’a été fait. « Nous avons écrit plusieurs lettres sous l’ancien gouvernement. Lorsque le nouveau ministre, Reza Uteem, a pris ses fonctions, c’est l’un des premiers sujets que nous avons abordés avec lui. Malheureusement, les abus perdurent. Même le Data Protection Office est un bouledogue sans dent », fait-il ressortir.
Il dénonce qu’avec la nouvelle technologie, les travailleurs sont constamment sous surveillance.
« Il y a même des patrons qui surveillent leurs employés assis de leurs salons, sur leurs portables. Les travailleurs n’ont pas de répit », estime-t-il. Il a dénoncé également les agissements de certains avocats, qui conseillent les employeurs pour qu’ils agissent en toute impunité. « L’argument avancé pour l’utilisation des caméras de surveillance est la sécurité. Quand le syndicat fait valoir qu’il n’y a rien à surveiller dans un mess room, des avocats viennent donner l’idée aux patrons d’y stocker certaines choses, pour justifier la présence des caméras, » note-t-il.
Une autre atteinte concerne la liberté d’association. Atma Shanto est d’avis qu’il est difficile pour les travailleurs d’être syndiqués. « Ils font face à toutes sortes de pressions. Ou alors, le patronat choisit un groupe d’employés en sa faveur, pour venir contrer les actions du syndicat. » Dans le même ordre d’idées, il a évoqué la difficulté des délégués syndicaux pour bénéficier de time off.
La FTU dénonce également les atteintes aux acquis des travailleurs. Atma Shanto a évoqué les incertitudes concernant la compensation salariale et la publication du rapport du PRB pour les fonctionnaires. « Les syndicats, publics et privés, doivent faire bloc sur ces deux dossiers. Il faut unir nos forces pour défendre les acquis. » La fédération, a-t-il précisé, a fait une proposition pour une compensation salariale de Rs 1 850.
Par ailleurs, Atma Shanto a déploré qu’à ce jour, la National Human Rights Commission ne soit pas habilitée à enquêter dans le secteur privé. « Pourquoi avoir un organisme supposé défendre les droits humains s’il ne peut intervenir dans le privé ? Le gouvernement doit prendre ses responsabilités à ce sujet », a-t-il ajouté.

