DU 5 AU 8 DÉCEMBRE: Première conférence scientifique internationale sur l’engagisme

L’Université de Maurice accueille de lundi à jeudi, la première conférence scientifique internationale jamais organisée à travers le monde, sur l’engagisme. Les conférences comparables organisées dans le passé se penchaient en effet sur l’immigration indienne et la diaspora, et non pas spécifiquement sur le système du travail engagé. Cette conférence a fait l’objet d’un appel à contribution international en bonne et due forme, ce qui a déclenché la participation de laboratoires de recherche et de spécialistes venant de treize pays. Intitulée « New perspectives on indentured labour (1825–1925) », cette conférence se tient sous l’égide d’Aapravasi Ghat Trust Fund, de l’Université de Maurice et du Ministère des Arts et de la Culture.
La première conférence internationale et scientifique sur l’engagisme s’articulera en onze sessions, aux thèmes complémentaires, et réparties sur quatre jours. Son ouverture officielle sera assortie lundi matin du lancement de deux ouvrages de Leela Gujadhur Sarup : Colonial emigration 19th — 20 th century — proceedings, vol VIII et Facts about indentured labour, reports and diaries of Major G.D. Pitcher and George A. Grierson.
Après les discours inauguraux des Pr Vijaya Teelock et Konrad Morgan, ainsi que du ministre des Arts et de la Culture Mookhesswur Choonee, le Pr Sudesh Mishra des îles Fidji donnera le ton de ces rencontres à travers une note d’intention intitulée : « Bending closer to the ground : girmit as minor history. »
Toujours présent dans d’autres pays, le terme « girmit », qui semble avoir disparu du langage courant à Maurice, signifie le contrat. La mise en commun des expériences de l’engagisme vécues et étudiées à travers le monde permet aussi de constater par exemple que le terme « tapu », qui signifiait « colonie », a disparu du langage à Maurice pour être remplacé par celui de « kalapani » : les eaux noires.
Grâce à l’appel à participation international, les treize pays représentés à cette conférence sont : les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Surinam, les Fidji, l’Inde, la France, Trinidad, l’Afrique-du-Sud, la Hollande, la Guyane, le Mozambique, l’Australie et La Réunion. Sont intéressés, non seulement les pays qui ont accueilli ce type d’immigration tels que Maurice ou Trinidad, mais aussi les différents pays d’origine, avec par exemple au-delà de l’Inde, des analyses sur l’engagisme issu du continent africain.
Le comité scientifique se compose de Vijaya Teelock de l’Université de Maurice, de Carpanin Marimootou de l’Université de La Réunion et de Satteanund Peerthum en tant qu’historien indépendant. L’Institut d’histoire de la révolution française et la Sorbonne sont représentés en tant que partenaires de cette conférence. En tant qu’organisme parrainé par l’Unesco, spécialisé sur l’engagisme, l’Aapravasi Ghat Trust Fund est le principal organisateur et initiateur de cette manifestation.
Les multiples aspects de l’engagisme
La première session de lundi revisitera l’engagisme et le travail sous contrat, en commençant par une intervention de Richard Allen qui entend « re-conceptualiser le nouveau système d’esclavage ». On se penchera aussi au cours de cette session sur les salaires et les économies des travailleurs engagés, des portraits des premiers migrants tels qu’ils étaient dressés dans la presse des années 1830, ou encore sur la part émotionnelle liée à cette épopée migratoire. La deuxième session s’intéresse particulièrement au recrutement et aux expériences maritimes qu’ont engendré ces migrations particulièrement massives à certains moments de l’histoire.
Toute la matinée de mardi sera consacrée à la troisième session, qui vise à décortiquer le système de l’engagisme, grâce à des interventions sur l’expérience mauricienne, l’engagisme à la Guadeloupe, la culture bhojpurie, ou encore une expérience de féministe aux Fidji avec l’histoire du Comité australien pour les femmes indiennes sous contrat (1918 — 1932), une comparaison du traitement à Maurice et à Trinidad, la vie des pionniers à Maurice, ainsi que les systèmes de quarantaines et les lazarets à La Réunion. L’après-midi de mardi sera consacrée aux rites et rituels qui ont accompagné la vie des travailleurs engagés, tandis que la session suivante portera sur la résistance, à travers l’émergence de populations libres à Maurice et Trinidad, à travers les phénomènes et stratégies de résistance au Surinam, et au Natal.
La première session de la journée de mercredi débutera sur le thème des « autres travailleurs engagés » des Comores, de Madagascar ou du Mozambique. Ensuite les conférenciers aborderont le vaste sujet des représentations et de la mémoire des descendants à travers une étude de l’historiographie, du patrimoine littéraire, ainsi que des modes de commémoration. La session de l’après-midi devrait permettre de faire le point sur la situation contemporaine des descendants de travailleurs engagés, à Maurice, en Guyane et aux Antilles françaises.
Avant de passer à une cérémonie de clôture avec les conclusions qui s’imposent, le dernier jour permettra, jeudi, de se pencher sur les activités de loisir, le travail et les jeux auxquels s’adonnaient les travailleurs engagés sur les plantations. Cette conférence va aussi permettre de développer une réflexion collective sous la forme de brainstorming sur la route de l’engagisme.

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