À l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des personnes (Trafficking in Person), le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (ODPP) a lancé une série de vidéos de sensibilisation, hier, à Ebène. Ces vidéos pédagogiques visent à mettre en lumière les principales étapes de l’enquête et des poursuites judiciaires liées aux cas de traite des personnes. Pour l’occasion, le ministre du Travail, Reza Uteem, a qualifié la traite des personnes de forme moderne d’esclavage, soulignant que les travailleurs migrants constituent l’un des groupes les plus touchés. Il a cité les données de l’Organisation Internationale du Travail, selon lesquelles 27,6 millions de personnes à travers le monde sont actuellement piégées dans le travail forcé.
Le ministre a également attiré l’attention sur les pratiques douteuses de certains agents recruteurs, qui exigent des sommes excessives, rendant les travailleurs migrants particulièrement vulnérables à l’exploitation. Il a précisé que des individus entrant à Maurice sous visa touristique finissent par travailler illégalement et deviennent ainsi victimes de la traite. « Cette année, le ministère a enregistré 22 cas d’allégations de traite humaine », confirme-t-il.
Reza Uteem avance que les officiers de son ministère mènent des inspections régulières pour vérifier les permis des travailleurs étrangers. « Nous assurons qu’ils exercent bien dans le domaine pour lesquels ils sont à Maurice », rassure-t-il. Il indique qu’il est difficile d’inspecter les étrangers qui sont dans l’île avec des visas de touriste et travaillent au noir. « Ces personnes se retrouvent souvent en difficultés financières et sont exploitées par les réseaux, surtout sur le plan sexuel », concède-t-il.
Reza Uteem annonce que son ministère viendra de l’avant avec des changements comme la révision des permis aux agences de recrutement. La nouvelle loi est en phase de finalisation et sera discutée au Cabinet incessamment. Il prévient que le changement majeur sera que les agents recruteurs à Maurice seront régis par un code de conduite (Ethical Recruitment Standard). « S’ils violent les dispositions de ce code, le ministère pourra suspendre ou révoquer leur permis d’opération », dit-il.
Entre-temps, le gouvernement compte signer des conventions bilatérales avec certains pays où sont originaires les travailleurs étrangers à Maurice. Il réitère le fait que Maurice a été placée sur la Tier 2 Watch List dans le rapport 2023 du Département d’État américain sur la TIP – un signal d’alarme pour l’image du pays. Il fait état de l’urgence de combler l’écart entre le cadre législatif existant et son application effective, afin de mieux protéger les travailleurs migrants. Il a aussi assuré que les victimes de TIP seront autorisées à rester légalement à Maurice jusqu’à la fin de leurs procès, dans le but de garantir leur bien-être. Il a fait état de ses inquiétudes face à des cas signalés de travail forcé et d’exploitation sexuelle dans le pays.
De son côté, le DPP, Abdool Rashid Ahmine, a commenté le thème retenu cette année, « La traite des personnes est un crime organisé – Mettons fin à l’exploitation ». Il a présenté les efforts entrepris par son bureau pour lutter contre ce fléau, citant notamment une conférence organisée en avril 2025 sur le sujet. Celle-ci a abouti à des recommandations concrètes, dont la mise en place d’un comité de coordination et d’une Task Force formelle pour renforcer la coopération entre les parties prenantes.
Le DPP a également annoncé la prochaine publication d’un manuel sur la traite des personnes, conçu pour sensibiliser le public et permettre aux victimes de mieux comprendre et faire valoir leurs droits.