Formation professionnelle, soutien financier, développement des infrastructures et équipements de sécurité. Ce sont les domaines où le gouvernement devrait investir pour aider les pêcheurs à assumer un rôle plus important dans la sécurité alimentaire. C’est ce qu’affirme le Syndicat des Pêcheurs, dans une série de propositions pré-budgétaires, dont la réintroduction du Fisherman Investment Trust, avec une meilleure organisation, pour répondre aux besoins réels de ce volet de l’économie bleue.
Dans le mémoire soumis au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le Syndicat des Pêcheurs (SDP) fait comprendre que ce secteur passe par de grands défis, avec le changement climatique, la surpêche et l’épuisement des stocks. Pour cela, il est impératif de dégager une stratégie efficace et durable afin d’aider les pêcheurs à jouer pleinement leur rôle en vue d’assurer la sécurité alimentaire de la population.
Parmi les suggestions du syndicat, se trouve la réintroduction du Fisherman Investment Trust. Cette entité, créée en 2006 et opérant sous la tutelle du ministère de la Pêche, avait pour responsabilité d’investir dans des activités de pêche et de transformation. Toutefois, ce Trust n’a jamais donné les résultats escomptés et était même très contesté par des pêcheurs. Ces derniers, au nombre de 4 461 au moment de la création du FIT, avaient reçu 300 parts à Rs 10 chacun. Tant et si bien que le FIT a été démantelé en 2021.
Or, dans la conjoncture, le Syndicat des Pêcheurs est d’avis qu’un organisme comme le FIT pourrait aider à renforcer le secteur de la pêche. « Il faut investir dans la formation, les infrastructures, les équipements de sécurité et soutenir les activités financièrement. Ces initiatives sont essentielles pour assurer la durabilité de l’industrie de la pêche et soutenir les moyens de subsistance des pêcheurs locaux », s’appesantit Judex Rampaul, secrétaire du SDP.
Pour le financement, il est suggéré d’appliquer une taxe d’un euro sur les touristes, qui serait versée au FIT. « Cette taxe assurerait un financement stable et la continuité des actions de préservation et de développement durable. Il faudrait aussi informer les touristes que cette taxe servira à préserver l’environnement marin. Ce qui pourrait accroître leurs intérêts et fidéliser la destination », fait-il encore comprendre.
Pour une bonne gestion et une meilleure efficacité, le syndicat suggère que le nouveau FIT ait à sa tête un pêcheur professionnel expérimenté. Le SDP énumère également les difficultés qui affectent ce secteur : le réchauffement climatique, la surpêche, la pollution, la pêche illégale, la diminution des stocks et les impacts sur l’écosystème marin.
Par ailleurs, le SDP réitère sa demande pour annuler les prêts des pêcheurs datant de 15 à 20 ans, auprès de la Banque de Développement. Même si cette mesure avait déjà été proposée dans un précédent budget, dans le concret, les choses sont plus complexes, indique Judex Rampaul.
Le syndicat plaide également pour davantage de formations à l’intention de nouveaux pêcheurs artisanaux et de bancs. Cela, afin de renforcer la main-d’œuvre dans ce secteur. La formation de skippers et mécaniciens est aussi prônée.
Par ailleurs, le SDP suggère d’accroître l’investissement dans la pêche hauturière, qui comporte plus d’avantages sur les plans économique et social. « Cela permettrait de mieux répondre à la demande croissante des produits de la mer, tant pour le marché local et international. De même, la construction de nouveaux bateaux créerait plus d’emplois pour la pêche et les secteurs associés, comme la construction navale et la logistique », souligne ce regroupement.
Dans le même contexte, le SDP propose que les coopératives de pêche puissent bénéficier d’une subvention pour l’assurance des bateaux semi-industriels, ainsi que sur le carburant. Des facilités pour l’achat de coûteux équipements de navigation sont aussi souhaitées.
Afin de mieux jouer leur rôle pour la sécurité alimentaire, les pêcheurs réclament un meilleur accès au marché. « Nous suggérons l’élaboration d’une stratégie pour rapprocher les produits de la pêche semi-industrielle des consommateurs, notamment, par la mise en place d’une poissonnerie à Trou-Fanfaron et dans d’autres points à travers l’île. » L’installation d’une chambre froide et d’une machine à glaçons à disposition de bateaux semi-industriels, au port de pêche de Trou-Fanfaron, est aussi envisagée.
Nouvel exécutif pour le SDP
À sa dernière assemblée générale annuelle, le Syndicat des Pêcheurs a renouvelé son comité exécutif. Quelques changements sont ainsi notés. D’abord, Judex Rampaul cède la présidence à Gino Dennemont. Il assumera le poste de secrétaire. La vice-présidence est assurée par Jean François Adrien. Eshan Hoosenee est assistant secrétaire, tandis que Kelly Louis et Emmamdee Issa sont trésorier et adjoint au trésorier respectivement.