Il fait partie de la cinquantaine d’enseignants de collèges privés à avoir vu sa Teacher’s Licence invalidée par la Private Secondary Education Authority (PSEA). Pourtant, c’est cette même autorité, dirigée par Shiv Luchoomun, époux de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, qui lui avait octroyé ce permis d’enseigner pour pas moins de sept matières, dont Computing, en HSC.
Cette affaire a été portée devant l’Equal Opportunities Commission (EOC). Jeudi dernier, son président, Ahmad Jeewa, a rejeté la demande de la PSEA pour un nouveau renvoi dans cette affaire, sommant les responsables de trouver une solution au plus vite.
Pour cette nouvelle convocation devant l’EOC, Shiv Luchoomun était venu avec du renfort, et pas des moindres. Il avait en effet à ses côtés Ravi Meettook, Senior Chief Executive, et Maubarak Boodhun, Permanent Secretary du ministère de l’Éducation. Ils ont demandé un nouveau renvoi de la séance dans l’affaire qui oppose Prakash Ahku à la PSEA.
Sauf que cette fois, le président de l’EOC n’était pas prêt à faire de nouvelles concessions. Il a suspendu la séance et demandé au directeur de la PSEA et ses collègues d’aller réfléchir et de revenir avec une proposition.
Ceux-ci ont finalement proposé comme sortie de crise que le plaignant valide sa qualification auprès de la Higher Education Commission et qu’il fasse une nouvelle demande pour une Teacher’s Licence. On ne sait pas encore quelle tournure prendra cette affaire, mais cela ressemble fort à un aveu de taille que la PSEA ne sait plus elle-même sur quel pied danser.
Prakash Ahku, qui remercie l’Equal Opportunities Commission de prendre le temps de se pencher sur son cas, avance que ce combat n’est pas seulement pour lui, mais pour tous ses confrères et consœurs qui se retrouvent dans la même situation.
Détenteur d’un Master of Science in Software Engineering de l’Université de Technologie (UTM), le jeune homme avait décroché un emploi dans un collège confessionnel.
« En fait, j’avais été engagé comme remplaçant pour enseigner Computer Science dans ce collège de juillet à novembre 2020. J’ai ma Teaching Licence depuis 2016. Or, en août, 2020, la PSEA a informé le collège que je ne pourrais enseigner, car je n’avais pas les qualifications requises et qu’on n’allait pas me payer. J’ai insisté, disant que j’avais le permis pour cela », fait-il comprendre.
S’il parvient à compléter son remplacement, le jeune homme n’aura toutefois pas l’opportunité de poursuivre dans l’enseignement. Tant et si bien que lorsque le collège cherche un nouveau remplaçant pour les Maths en janvier 2021, la direction accepte de puiser dans ses caisses pour payer Prakash Akhu, qui avait fait ses preuves et qui était apprécié des élèves. « J’ai obtenu ma Teaching Licence en 2016. D’après ce que m’a expliqué un cadre de la PSEA, il y a eu un nouveau règlement en 2017 stipulant que le diplôme doit être dans la matière enseignée.
Or, jusqu’en 2014, Cambridge proposait Computer Studies. Puis en 2015, il y a eu un nouveau syllabus, et l’a rebaptisé Computer Science. Est-ce de ma faute si Cambridge change le nom des matières ? De plus, sur ma Teaching Licence, obtenue de la PSEA, il y a Computing », se demande-t-il.
Ce raisonnement de la PSEA ne tient pas la route, car il n’y a aucun enseignant possédant un diplôme en Additional Mathematics pour enseigner cette matière. « Il n’y a aucune université qui propose ce genre de diplômes. Tous les enseignants d’Additional Mathematics ont des diplômes en mathématiques. Alors pourquoi cela ne pose pas de problème ? » fait-il remarquer.
Prakash Ahku se dit découragé, surtout après avoir beaucoup investi dans cette profession. Soucieux de faciliter l’apprentissage, il a développé deux applications, qu’il a mises gratuitement à la disposition de ceux qui optent pour Computer Science en SC et HSC.
De même, il a fait une étude intitulée « Implementing Personalised Learning For Mixed Abilities Students for Computer Programming in a Learning Environment », et publiée sur le site de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). « Mon souhait a toujours été de rendre Computer Science accessible à tous. D’où mon intérêt pour l’enseignement. Mais je dois aujourd’hui me contenter de petits boulots. Voyez-vous, c’est pour cela que les jeunes ne sont pas intéressés à revenir à Maurice après leurs études. »
Après cette nouvelle convocation devant l’EOC, le jeune homme est cette fois suspendu à une décision de la Higher Education Commission, qui doit valider ses diplômes. Il dit ne pas comprendre pourquoi la PSEA lui demande de faire une nouvelle application, alors qu’il a déjà sa Teaching Licence. Sur ledit document qui lui a été octroyé, il est mentionné qu’il est apte à enseigner Computing en Form VI (Grade 13), Maths, Add Maths, Physique et Chimie en Form V (Grade 11), et Anglais et Français en Form IV (Grade 10).
Toutefois, la donne a changé depuis. Cela fait sept fois qu’il s’est présenté devant l’EOC, sans que la PSEA ne vienne avec une solution.
Attendons de voir ce que la dernière proposition faite, soit se tourner vers la Higher Education Commission, donnera.