Le Cabinet impose au ministre de l’Education des consultations plus poussées avec les différents Stakeholders
Le Blue Print sur la réforme de l’éducation n’a pas encore été validé par le conseil des ministres. Il a été imposé au ministre de tutelle, Mahend Gungapersad, de poursuivre les discussions avec les différents Stakeholders. Parmi les sujets qui ne font pas l’unanimité, il y a le retour des National Colleges. Certains craignent que ce soit un retour à la Rat Race du sinistre Certificate of Primary Education (CPE) à travers une propagande bien orchestrée par des vestiges de Vested Interests. De plus, le MMM avait, à travers la réforme Obeegadoo, mis fin à ce système pour privilégier la régionalisation en 2003.
En avril dernier, le ministère de l’Éducation avait organisé les Assises en vue de permettre à tous les partenaires de s’exprimer sur la réforme du système. Plusieurs collaborateurs avaient fait valoir qu’une refonte du Primary School Achievement Certificate (PSAC) était nécessaire. Le système de notation, notamment, avait été décrié. Car sous la réforme enclenchée par l’ancienne vice-Première ministre et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, il suffisait d’avoir 75 points pour obtenir la note 1. Ce qui était au détriment des High Flyers.
C’est ainsi qu’on a vu des élèves, premiers de leurs classes et ayant obtenu d’excellents résultats aux examens de PSAC, être privés du collège de leur choix, contrairement à leurs camarades moins performants. Un système « injuste », ont déploré les éducateurs. On se souvient même qu’un parent avait saisi la Cour suprême, à ce sujet. Il réclamait des explications du Mauritius Examinations Syndicate (MES).
C’est dans ce contexte que le retour des National Colleges a été envisagé. Une liste allongée de 21 établissements a été proposée. Elle comprend évidemment, les Star Schools comme les collèges Royal ou le Queen Elizabeth College, mais aussi des collèges régionaux promus. Cependant, cette formule n’a pas fait l’unanimité au Cabinet, avec les Top Guns politiques faisant état de leurs objections de manière catégorique. Des appréhensions sur le fait que ce système risque d’être trop élitiste, encourageant la Rat Race, ont été exprimées.
Sollicité à ce sujet en début de semaine, Mahend Gungapersad a concédé lui-même ce revers essuyé par le Blue Print « Le Cabinet a demandé de poursuivre les consultations avec les Stakeholders. Nous allons leur présenter deux modes d’admission au secondaire après le PSAC. Nous les inviterons à nous donner leur avis à ce sujet. » Le ministre avance qu’il n’aime pas imposer et que l’avis de la population est important. « Les parents et leurs enfants seront les premiers impactés. Les enseignants aussi. Nous voulons donc entendre leurs points de vue », laisse-t-il entendre après l’échec de vendredi dernier.
Retour en arrière
Derrière ces consultations, il y a des subtilités plus sensibles. Dans certains milieux, l’idée de lancer les jeunes enfants à nouveau dans une course effrénée vers les National Colleges ne fait pas l’unanimité. Certains estiment ainsi qu’il s’agirait d’un retour en arrière.
Mais Mahend Gungapersad estime qu’avec le système actuel, les élèves brillants sont pénalisés. « Le système de notation actuel n’est pas juste. Il suffit d’avoir entre 75 et 100 points pour obtenir la note 1. C’est au détriment des High Flyers. » De même, a-t-il fait ressortir, les rapports suivant les examens du PSAC ont démontré que certains candidats faisaient le strict minimum pour obtenir les 75 points. « Il y a des candidats qui ne faisaient pas d’efforts pour répondre à ce qu’on appelle les Higher Order Questions. Par exemple, des candidats ne font pas de rédaction pour les papiers d’anglais et de français. Ils ne complètent pas les questionnaires de mathématiques, particulièrement les parties les plus difficiles. Nous voulons encourager la culture de l’effort pour que les enfants réussissent bien leur parcours scolaire », suppute-t-il.
Il a voulu se montrer rassurant à l’effet que les élèves ayant des difficultés auront l’encadrement nécessaire pour réussir. « Ceux qui ont des difficultés auront tout le soutien qu’il faut, mais nous allons aussi nous occuper des High Flyers », dit-il. Il reste encore à déterminer comment les places seront attribuées dans les National Colleges. Y aura-t-il un système de ranking, comme par le passé ? Ce sujet sera sans doute abordé lors des consultations, qui devraient démarrer rapidement.
Il est prévu que le ministre présente son projet de réforme final au Cabinet vers début février pour être appliqué en janvier 2027. Le Blue Print devrait également contenir des mesures pédagogiques et un changement de curriculum pour s’aligner sur le niveau de Cambridge.
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La liste des collèges fait débat
Outre les divergences d’opinions au niveau du conseil des ministres sur la formule des National Colleges, la liste allongée fait aussi débat dans le public, particulièrement au sein de la profession d’enseignants. Initialement, il y avait plusieurs collèges nationaux, soit les Royal College Curepipe, Royal College Port-Louis, John Kennedy College, Sir Abdool Raman Osman SC, Mahatma Gandhi Institute (Mixte), Piton State College, Sookdeo Bissoondoyal SC, Sir Leckraz Teelock SSS, Queen Elizabeth College, Dr Maurice Curé SC, Droopnath Ramphul SC, Gaëtan Raynal SC, France Boyer de la Giroday SSS, GMD Atchia SC et Forest Side SSS.
Avec la réforme de la Nine-Year Continuous Basic Education, les National Colleges ont été représentés par les académies. Seuls 12 collèges avaient été retenus parmi les 16 National Colleges. Sur la nouvelle liste proposée, certains, à l’instar du Piton SC et de la France Boyer de la Giroday SSS ont retrouvé leurs statuts. Ce n’est toutefois pas le cas pour le Gaëtan Raynal SC, qui est pourtant une High Performing School.
En revanche, on retrouve dans la même zone les Régis Chaperon SSS et Sodnac SSS. L’introduction du Bon Accueil SC en zone 2 surprend également les éducateurs. Certains se demandent ainsi quels ont été les critères pris en considération dans l’élaboration de cette liste.
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Le SeDEC revoit sa position
Quatre collèges du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC) seront convertis en National Colleges. C’est l’une des grandes surprises du Blue Print de Mahend Gungapersad. Ce dernier aura réussi là où d’autres ont failli avant lui. Car le SeDEC, voire le diocèse de Port-Louis, a toujours refusé de convertir ses collèges sous les différentes réformes.
Cela avait été le cas sous la réforme Obeegadoo. Il n’y a pas eu de collège catholique converti en Form VI College. C’était aussi le cas pour la réforme Dookun. Il y avait eu une demande pour la conversion du collège du St-Esprit en académie, qui avait été refusée.
L’une des raisons avancées était le fait qu’on ne voulait pas séparer ces collèges en deux. Le cardinal Maurice Piat, alors évêque de Port-Louis, avait toujours insisté sur le fait que les collèges catholiques devaient privilégier les Mixed Abilities au lieu de l’élitisme. C’est donc un changement de position qui s’affiche avec la nouvelle réforme. Si les collèges les plus ciblés ont toujours été les Saint Esprit, Saint Joseph, et les collèges de Lorette de Quatre-Bornes et de Port-Louis, la liste finale n’a pas été arrêtée et les discussions sont toujours en cours.
D’ailleurs, des responsables de collèges de Lorette n’ont pas caché leur étonnement devant la nouvelle donne, car il y avait récemment le grand rassemblement du Loreto Day, et rien n’a transpiré à ce sujet.

