- Trois candidats sur cinq recalés pour les admissions en Lower VI faute des cinq Credits
- Le nivellement par le bas au PSAC et au NCE décrié
- Dans une académie très réputée, seuls 29 candidats sur 165 ont obtenu six unités
Après la publication des chiffres officiels des résultats du School Certificate Cuvée 2023, l’heure est aux analyses pour les éducateurs. Beaucoup expriment leurs inquiétudes par rapport à la baisse de niveau dans la qualité des résultats. Si le taux global de réussite représente une baisse de 4,78%, les détails cachent davantage de préoccupations, même au sein de ce qui présenté comme l’élite du secondaire. Sur les 12 919 candidats, 7 709 ne sont pas parvenus à décrocher cinq Credits, généralement entre 40 et 50 points. La logique veut que trois candidats sur cinq sont recalés pour les admissions en Lower VI faute de ces cinq Credits. Des pédagogues dénoncent le nivellement par le bas au niveau du Primary School Assessment Certificate (PSAC) et du National Certificate of Education (NCE), reléguant au second plan la culture de l’effort.
Pour les examens de 2023, Cambridge Assessment International Education (CAIE) avait annoncé le retour aux standards pré-Covid pour la correction des épreuves des candidats aux examens de School Certificate (SC). La directrice du Mauritius Examinations Syndicate (MES), Brenda Thanacoody-Soborun, avance qu’il ne faut pas comparer les résultats de 2023 à ceux de 2022, mais plutôt à ceux de 2019.
Sauf que des pédagogues font remarquer qu’en 2022, le MES avait adopté le même discours. Soit, de ne pas comparer les résultats de 2022 à 2021, mais plutôt à 2019. Qu’importe, le taux de réussite global n’est qu’une indication de la santé de l’éducation secondaire.
En 2023, l’intérêt pour la qualité des résultats était d’autant plus grand, car il s’agit de la première promotion du Nine-Year Continuous Basic Education (NYCBE), qui a pris part aux examens du School Certificate. Ils étaient les premiers à réussir aux examens du PSAC en 2017 et du NCE en 2021. Et pour certains, les premiers à être promus dans des académies. Donc, l’attente était grande, pour voir, comment la réforme de l’éducation avait impacté la qualité des résultats.
Un premier constat est qu’il n’y a pas de grands changements. Au contraire, pour certains pédagogues, la situation serait même inquiétante. Même s’il faut aussi prendre en considération que cette génération a également été impactée par la pandémie de Covid-19.
Vinod Seegum, président de l’All Civil Service Employees Federation et enseignant à la retraite, avance : « si la baisse du taux de réussite passant à 73, 71 % peut être justifiée, dans une certaine mesure, selon le MES, par le fait qu’en 2022 on avait bénéficié de la Special Consideration et de l’extension de la scolarité à 18 mois, la qualité des résultats de la Cuvée 2023 demeure source d’inquiétude .»
Que 5210 élèves ayant décroché les cinq Credits leur permettant d’accéder en Grade 12, soit en Lower VI. L’ACSEF affirme que plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. « C’était prévisible que la baisse du nombre de points de 90 à 75 pour décrocher un A au PSAC allait avoir un effet désastreux dans le futur. Cette baisse n’a pas encouragé les élèves à faire des efforts, car on y arrive sans avoir à fournir de grands efforts », souligne-t-on.
Il précise que le syndicat a toujours suggéré de relever le niveau, soit un minimum de 85 points pour un A, mais que cet appel n’a pas été entendu. « Voici les conséquences aujourd’hui. L’ironie c’est que nous recherchons cinq Credits au SC quand nous encourageons le moindre effort au PSAC », ironise-t-il.
Manque accru d’enseignants
L’autre facteur qui a eu un effet négatif, selon Vinod Seegum, c’est le manque aigu d’enseignants pendant l’année scolaire 2023. « Le primaire, tout comme le secondaire, a été affecté par cette situation. Une fois de plus, cela a eu un effet dévastateur sur la qualité des résultats. Presque une évidence », devait-il renchérir.
Il souhaite voir les autorités réagir rapidement, afin que l’année scolaire 2024 ne soit pas aussi catastrophique. « Au primaire, il y a eu une décision fort louable de recruter 600 enseignants, soit 400 General Purpose et 200 langues orientales/arabe/kreol morisien. Sauf que l’année scolaire a déjà démarré et les procédures de recrutement sont en cours. Sans compter que les recrues doivent suivre des cours au MIE durant trois ans. La situation est telle que 150 seront envoyés directement dans les écoles pour pallier le manque d’enseignants, comme cela a été le cas dans un passé récent », faut-il comprendre.
Mais la situation risque d’être de nouveau débalancée car une nouvelle promotion de Head Masters est aussi en attente. Au total, 66 postes sont à pourvoir et pour lesquels des enseignants avec 12 années de service sont aussi éligibles, depuis l’application de la sélection pour cet exercice. « Imaginez par exemple, qu’un enseignant de Grade 5 qui a eu la responsabilité d’une classe dans une école élite et qui est très apprécié est promu. Qui va-t-on choisir pour le remplacer? Cela sera-t-il accepté facilement par les élèves et les parents ? » se demande-t-il.
C’est justement pour éviter ce genre de situation, poursuit-il, que le syndicat avait demandé de tout finaliser avant la rentrée des classes. « On avait même retardé la liste des transferts des enseignants à cause de cela, afin de ne pas tout chambarder avec la promotion. Mais nous attendons toujours. Nous savons que la PSC doit s’occuper de plusieurs secteurs, mais c’est une question de logique qu’il faut régler tout ce qui a trait à l’éducation avant la rentrée. S’il faut demander du personnel supplémentaire, il faut le faire. Autrement, ce sont les enfants qui en feront les frais », fait-il ressortir.
Le scénario est malheureusement similaire au niveau du secondaire. « Il manque des enseignants pour les Core Subjects tels que l’anglais, le français, les maths… Une tâche herculéenne pour le département des ressources humaines du ministère de l’Éducation. Environ 600 recrutements sont prévus. Les appels à candidatures ont eu lieu en juillet 2023. La PSC a été avisée de release la liste avant la rentrée. Mais toujours rien », regrette le président de l’ASCEF
Faire appel à des Supply Teachers n’est pas la solution idéale selon Vinod Seegum. D’autant que certains ne travailleront que pour quelques jours et devront par la suite, faire la place aux recrues. « Ce n’est certainement pas agréable pour un pays moderne, qui a la vision de s’aligner sur les pays scandinaves. »
Français et maths exclus
Et quand ce n’est pas le manque de personnel qui pose problème, c’est la qualité même de l’éducation qui est remise en question. Un responsable d’un collège d’État regrette que les autorités concernées aient choisi d’adopter le nivellement par le bas.
« Déjà, chaque année, nous constatons que des élèves sont admis avec le strict minimum. Maintenant, nous avons aussi choisi de baisser le niveau du NCE. Imaginez, il n’est plus obligatoire de réussir dans des matières aussi importantes que le français et les maths, pour être admis en Grade 10. Comment s’étonner par la suite, que les enfants ne veulent pas fournir d’efforts ? » prévient-on.
En effet, contrairement au projet initial d’imposer un minimum de Pass dans huit matières au NCE, incluant l’anglais, le français et les mathématiques, pour être admis en Grade 10, le ministère de l’Éducation a pris la décision de ramener le nombre à six matières et un Pass en français et en maths ne sont plus obligatoires.
« Pourtant, ces deux matières sont obligatoires au SC. Cela n’a pas de sens. De plus, il ne faut que 35 points pour avoir un pass au NCE. Comment demander aux élèves par la suite d’avoir cinq Credits, si vous les laissez monter dans ces conditions ?» s’indigne-t-il encore.
Les élèves moyens, ou avec des difficultés d’apprentissage, ne sont pas les seuls à susciter de l’inquiétude chez les pédagogues. Même chez l’élite, une baisse de niveau a été notée. À titre d’exemple, dans une académie très réputée, seuls 29 candidats sur les 165 ont obtenu six unités. Cela, en dépit du fait que l’établissement affiche 100% de réussite. Généralement, dans les collèges de ce niveau, entre 40 et 50 candidats s’en sortent avec six unités. Et parfois même, plus.
Le recteur estime que cette situation était attendue. « Pour la première promotion du NCE, beaucoup de parents ont hésité à envoyer leurs enfants dans les académies en raison de la mixité. Ce qui fait que nous avons accueilli un peu tout le monde. Mais maintenant, cela est bien ancré dans l’esprit des parents. À mon avis, cela ira mieux au niveau des académies dans les années à venir », trouve-t-il.
PHOENIX — Hier : Incendie au collège Adventiste
Le feu s’est déclaré vers 9h45 au collège Adventiste à Phoenix, hier. La salle audiovisuelle a été complètement détruite, en dépit de l’intervention rapide des pompiers.
Vent de panique au collège Adventiste dans la matinée de lundi. La salle audiovisuelle, utilisée pour certains cours, avait pris feu. Frederick Ozone, Manager du collège, indique que la salle était fermée à cette heure précise et il n’y avait personne à l’intérieur. « Il y a eu de nombreux dégâts matériels, dont un écran, un projecteur, des ordinateurs, un serveur, des speakers, des ventilateurs et un extracteur, ainsi que tout le mobilier qui ont brûlé », fait-il comprendre.
Une enquête est en cours en vue de déterminer la cause du sinistre. Déjà, la thèse de Foul Play n’est pas privilégiée, avec des soupçons de court-circuit. « Attendons tout de même le rapport final des autorités. J’en profite pour remercier tous les services qui ont réagi promptement à cette situation. Les pompiers sont arrivés en dix minutes. La police ainsi qu’un inspecteur de la PSEA étaient également sur place », ajoute-t-il.
Frederick Ozone précise que les élèves ont été autorisés à rentrer chez eux tôt et il remercie également les compagnies d’autobus d’avoir dépêché les bus scolaires. « Il n’y a heureusement pas de blessé. Nous tenons également à remercier tous les élèves, parents et les membres du personnel d’avoir collaboré pour faire face à cette situation. L’école reprendra normalement », ajoute-t-il.
Munsoo Kurrimbaccus (UPSEE) : « Le système est une barrière à la progression »
Munsoo Kurrimbaccus, secrétaire de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), est d’avis que les résultats de SC 2023 confirment la tendance de ces dernières années.
« Nous nous retrouvons dans un système qui crée un Bottleneck et qui consiste à éliminer un certain nombre d’élèves à chaque niveau. Le système est une barrière à la progression scolaire. C’est aussi un système inégalitaire, car les enfants au bas de l’échelle éprouvent beaucoup de difficultés, puisque l’éducation n’est pas vraiment gratuite »,déclare-t-il.
Il estime qu’on aurait dû permettre aux élèves avec quatre Credits de monter et les faire reprendre la cinquième matière nécessaire en même temps. « L’argument qu’il faut cinq Credits pour entrer dans la Fonction publique ne tient pas la route », fait-il comprendre.
Par ailleurs, Munsoo Kurrimbaccus affirme avoir noté une baisse drastique dans le taux de réussite de certains collèges d’État régionaux, depuis l’entrée en vigueur des académies. « Il y a un collège où sur les 37 candidats ayant réussi, un seul a obtenu cinq Credits », révèle-t-il.