Effet Pillay ? Air Mauritius resserre la vis de la discipline interne

Deux circulaires internes rappellent à l’ordre le personnel sur la ponctualité et la tenue vestimentaire   Raj Ramlugun salue une « remise en ordre nécessaire » mais invite le management à impliquer davantage les syndicats

La direction d’Air Mauritius a émis deux circulaires coup sur coup, adressées à l’ensemble de ses employés, afin de rappeler les règles de base en matière de discipline, d’assiduité et de présentation professionnelle. Ces documents, datés du 29 septembre et du 1er octobre 2025, témoignent de la volonté du management de remettre de l’ordre au sein de la compagnie nationale, alors que celle-ci traverse une période d’instabilité organisationnelle et financière prolongée.

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La première circulaire, intitulée “Leave Management and Time Attendance”, tire la sonnette d’alarme : selon la direction, un nombre croissant d’employés — y compris des cadres — ne respectent pas les règles relatives au pointage, aux horaires de travail et à la mise à jour des congés et absences sur le système Oracle.

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Retards, absences injustifiées et pertes financières

« Il est noté avec une grande préoccupation que tous les employés, y compris les managers, ne respectent pas les règlements de l’entreprise », souligne le texte.

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Le document révèle aussi une donnée inquiétante : les absences non autorisées, retards et départs anticipés auraient coûté à Air Mauritius plus de Rs 81 millions pour l’exercice 2024-2025.
À partir du 1er octobre 2025, les absences injustifiées ou les retards seront automatiquement déduits du solde de congés. Les chefs de département recevront par ailleurs un relevé chiffré détaillant les coûts de l’absentéisme dans leurs équipes.

La seconde circulaire, datée du 1er octobre 2025 et intitulée “MK Uniforms – Policy and Regulations”, s’adresse à la fois aux employés non-cadres et aux managers. Elle rappelle que le port de l’uniforme est obligatoire pour les catégories concernées, et que les vêtements civils ne sont pas autorisés sur le lieu de travail.

Tenue vestimentaire : tolérance zéro pour les écarts

« Le port de l’uniforme incarne l’identité de notre compagnie aérienne », stipule le texte, ajoutant que les managers ont la responsabilité de veiller à ce que leurs subordonnés respectent ces règles.

Pour les employés de grade managérial, la direction insiste sur une présentation professionnelle et sobre, précisant que les femmes cadres ne doivent pas porter de jupes ou robes au-dessus du genou ni de chemisiers décolletés.
Cette précision a fait réagir plusieurs salariés, certains y voyant une forme de rigidité excessive, voire de discrimination de genre.

Ancien cadre d’Air Mauritius et voix respectée du milieu aéronautique, Raj Ramlugun a tenu à réagir sur Facebook après la diffusion des circulaires. Il estime que ces rappels à l’ordre sont légitimes et nécessaires dans une compagnie qui, selon lui, a « perdu sa boussole morale ».

« Je n’ai rien trouvé de mal dans ces communiqués internes. La discipline doit demeurer une valeur clé dans la culture organisationnelle », écrit-il. « Le code vestimentaire est un élément essentiel de la culture de discipline et de l’image corporative d’une entreprise hautement concurrentielle et axée sur la clientèle », ajoute-t-il.

Toutefois, Ramlugun appelle le Managing Committee d’Air Mauritius à impliquer davantage les syndicats et représentants du personnel dans ces démarches : « Une approche participative aurait permis que ce processus soit mieux compris et accepté. Cela ne coûte rien, sinon un peu d’ego », souligne-t-il.

Entre rigueur et dialogue social

Ces décisions interviennent dans un climat où le personnel d’Air Mauritius exprime depuis plusieurs mois un profond malaise lié à la stagnation salariale, au gel des promotions et au manque de visibilité stratégique. Le rappel de la discipline interne, s’il traduit une volonté de redresser la compagnie, risque aussi d’être perçu comme un durcissement unilatéral.

L’enjeu, désormais, sera de concilier rigueur managériale et restauration du climat de confiance. Comme le résume Raj Ramlugun :« Choisissons nos batailles et nos priorités avec discernement si nous voulons que la marée du progrès nous sorte tous de la crise chronique dans laquelle MK est engluée. »

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