Le secteur pharmaceutique à Maurice fait face à une situation préoccupante. C’est ce que clame la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), qui soutient que l’introduction du “regressive mark-up” depuis 1er juin 2023, censée aboutir à des prix plus bas pour les consommateurs, n’a pas eu les résultats escomptés. Les conséquences semblent inverses, soutient Ashwin Dookun, le président de la PAM qui — dans l’attente des développements quant à la demande des pharmaciens pour une révision judiciaire dans l’espoir de voir s’atténuer les effets néfastes du “regressive mark-up” sur leurs activités — tire à nouveau la sonnette d’alarme. Les risques de fermeture de pharmacies et de pertes d’emplois sont grands, avance la PAM.
Les pharmaciens ont déposé un affidavit devant le juge en chambre le vendredi 11 août 2023 réclamant une révision judiciaire de la décision du ministère du Commerce dans l’espoir de voir s’atténuer les effets néfastes du regressive mark-up sur leurs activités. Cela — outre le vécu quotidien des pharmaciens — suivant les conclusions d’une étude réalisée par le cabinet de conseil KPMG pour le compte de la PAM établissant qu’avec application du regressive mark-up, les revenus totaux des pharmacies diminueraient de manière significative (Rs 35,7 millions), mettant en danger leur stabilité financière. Sur les 92 pharmacies étudiées, 69 pourraient être contraintes de fermer leurs portes, ce qui se traduirait par la possible perte de plus de 1 400 emplois.
Insistant sur le fait que cette mesure a conduit à une réduction significative des marges de profit des pharmacies, mettant ainsi en péril leur viabilité économique, le président de la PAM exprime son inquiétude quant à la capacité des pharmacies à maintenir leur rentabilité tout en couvrant les augmentations des salaires et des coûts opérationnels.
69 pourraient fermer leurs portes
Certains prix ont baissé, mais d’autres ont augmenté, assurent les pharmaciens, soutenant que cela a créé d’ailleurs un sentiment d’instabilité pour les consommateurs.
En somme, l’introduction du regressive mark-up a eu des conséquences inattendues sur le secteur pharmaceutique, affirme la PAM, qui explique que la baisse des marges couplée à l’augmentation des salaires et des frais opérationnels pose un défi financier aux pharmaciens.
En conséquence, cela entraînera des fermetures et des pertes d’emplois, alerte l’association, qui fait aussi état du potentiel risque de disparition des petites pharmacies de quartier au profit de grandes chaînes installées dans les centres commerciaux. Selon lui, cette transformation aurait un impact négatif sur la proximité avec les clients, qui a été particulièrement cruciale pendant la période de Covid-19. Les enjeux économiques et sociaux de cette régulation nécessitent une attention urgente et des mesures correctives pour préserver la vitalité de ce secteur essentiel, clame la PAM.
Covid-19 — Eris, le nouveau variant à surveiller
La crise sanitaire est derrière nous. Pourtant, le coronavirus continue sa présence dans le monde et en particulier dans nos marchés touristiques, dont la France. Un nouveau variant, surveillé par l’OMS, y sévit et serait déjà majoritaire sur le territoire. Voici ce que l’on sait à son sujet.
Le confinement, les masques et le gel hydroalcoolique semblent être issus d’une autre époque. Pourtant, le virus, bien que moins impactant qu’avant, sévit toujours et est encore surveillé par l’OMS qui a récemment ajouté Eris à la liste des variants sous surveillance, alors qu’il gagne du terrain en France où on envisage d’encourager le port du masque pour ralentir sa montée en puissance.
Un descendant de XBB et d’Omicron
L’existence de nouveaux variants n’est pas une surprise. Selon l’OMS, “Tous les virus, y compris le SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, mutent avec le temps.La plupart des mutations n’ont que peu ou pas d’incidence sur les propriétés du virus. Cependant, certaines mutations peuvent affecter les propriétés du virus et influer, par exemple, sur la facilité avec laquelle il se propage, la gravité de la maladie qu’il entraîne ou l’efficacité des vaccins, des médicaments, des outils de diagnostic ou des autres mesures sociales et de santé publique.”
Depuis le 19 juillet dernier, l’OMS a ainsi inclus EG 5.1, surnommé Eris, à sa liste de variants sous surveillance actuellement en circulation. Il s’agirait d’une source de XBB, celle-ci descendant du variant Omicron, qui était majoritaire en France à la fin de l’année 2021. Si Eris est scruté de près par l’OMS, c’est parce que sa diffusion est rapide en Europe.
Comme les tests anti-Covid-19 sont bien moins fréquents, il est difficile d’avoir une idée précise du nombre d’infections au Covid-19. Mais selon un récent bulletin des services publics français : “Dans toutes les classes d’âges et notamment chez les adultes, on observe une hausse des passages, dans de faibles effectifs, pour suspicion d’infection à la COVID-19 (+26%).”
Eris serait déjà majoritaire
en France, en GB et aux US
Le variant Eris serait, quant à lui, responsable de 15% des infections au Royaume-Uni et déjà majoritaire en France et aux US. Mais ces chiffres et informations sont à relativiser. D’une part, cette hausse de cas de contaminations est réelle, mais reste inférieure aux pics connus au cœur de la crise sanitaire. D’autre part, si cette souche est, certes, contagieuse, “rien n’indique, cependant, que sa gravité est supérieure, ni qu’elle est capable d’échapper à l’immunité acquise par une précédente contamination ou par le vaccin.”
Les symptômes ne seraient pas différents de ceux causés par les souches précédentes : de la fièvre, des frissons, des maux de gorge, des nausées vomissements et des douleurs abdominales.
Les autorités mauriciennes n’ont communiqué aucune information alarmante à ce stade, mais ce développement de la contagion en Europe, au sein de nos principaux marchés, la France et la Grande Bretatgne, ne doit pas être ignoré. Le devoir de précaution doit être de mise au niveau individuel. Si vous côtoyez des touristes, le port éventuel d’un masque peut s’avérer judicieux.
S. Tengur (APEC) :« Sans le Regressive Mark-Up, les prix auraient été encore plus forts »
« Sans le regressive maximum mark-up pour le calcul de la marge de profits autorisés sur la vente des médicaments, les prix de vente au détail de ces produits ces jours-ci auraient été bien plus forts », affirme Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC).
« S’il n’ont vraiment rien à cacher, qu’ils rendent public ce rapport. Nous aurions alors pu l’étudier », dit-il, réclamant les détails de la structure des prix de tous les médicaments existants. M. Tengur rappelle que l’adoption d’un regressive maximum mark-up est une recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aux autorités de santé de tous ses pays-membres. Le but étant de faire que les médicaments soient le plus accessibles au plus grand nombre de patients. Il ne comprend pas, d’ailleurs, comment tout en affirmant que le nouveau mode de calcul n’aurait pas eu d’effets sur les prix de vente, les pharmaciens prétendent quand même qu’ils feraient désormais des pertes et parlent même de fermetures et de licenciements à venir de pharmacies. « Comment alors partout ailleurs dans le monde où le regressive mark-up a été adopté depuis longtemps, il n’y a pas eu de licenciement ou de fermeture de pharmacies ? » demande-t-il.
Le pays compte 420 pharmacies. Ce qui représente une moyenne de moins de 50 pharmacies pour chacun des neuf districts du pays, dit M.Tengur. « La grande majorité de ces pharmacies sont concentrées dans les régions urbaines, alors qu’il manque de pharmacies dans les régions rurales. Ainsi, s’il était établi qu’effectivement il y aurait une trop forte compétition entre pharmacies, le problème ne se poserait qu’en régions urbaines », estime-t-il. Les pharmaciens devraient s’en prendre à eux-mêmes s’ils font face à des difficultés, dit-il. « C’est un problème de business model qui n’a absolument rien à faire avec le nouveau mode de calcul de la marge de profits. »
En sus de la question de la parité de la roupie avec des devises fortes comme le dollar américain ou l’euro, la cherté relative des médicaments s’explique aussi par le fait que les grandes sociétés importatrices importent leurs produits, pour la plupart, de grands laboratoires occidentaux. « Cela coûte évidemment plus cher d’importer des grands pays développés européens ou des États-Unis que d’importer des pays comme l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Inde ou le Paksitan », explique le président de l’APEC.
Il reconnaît toutefois que les produits venant des grands pays développés offrent de meilleures garanties de qualité. Encore plus quand l’on tient compte du phénomène — récurrent en Afrique — du trafic de faux médicaments… « Il y a un coût à payer pour la qualité », observe-t-il. Si le regressive maximum mark-up n’avait pas été adopté, les prix actuels des médicaments auraient été encore plus élevés, insiste-t-il.
Pour M.Tengur, le cabinet KPMG « est dans son droit de se faire l’avocat du diable ». Cependant, rappelle-t-il, l’adoption du nouveau mode de calcul de la marge des profits autorisés sur la vente des médicaments a fait l’objet d’une étude de marché détaillée de la Competition Commission. Comme pour dire que ce n’est pas sur un coup de tête que ce mode de calcul « recommandé par l’OMS pour garantir l’accessibilité des médicaments au plus grand nombre » a été adopté.