Redonner leur dignité aux enfants des rues, rappeler que leurs droits doivent être respectés comme ceux des autres enfants et travailler à relever les défis les concernant. Tels sont les objectifs de la Journée mondiale des enfants des rues, observée chaque 12 avril. À Maurice, Edley Maurer, Project Manager de SAFIRE, ONG accompagnant ces enfants, tire la sonnette d’alarme quant au nombre croissant de cette catégorie de jeunes qui, souvent, finissent dans les rues après une déscolarisation.
Le thème de la journée mondiale de cette année se focalise sur la sécurité des enfants en situation de rue, soit « sur ce qui fait qu’ils se sentent en sécurité ou non, et sur ce que les gouvernements et les communautés peuvent faire pour s’assurer qu’ils soient protégés contre tout danger ». Et qui dit sécurité, dit aussi insertion sociale, comme l’explique Edley Maurer. « Cela implique que les enfants retrouvent leur place avec respect dans la société, dans leur famille, et non dans un abri », dit-il.
SAFIRE travaille sur un projet à long terme pour que le système éducatif ne rejette pas les enfants dans la rue. « En effet, d’après la loi, les enfants doivent rester à l’école en toute sécurité jusqu’à l’âge de 16 ans. »
Or, note-t-il, aujourd’hui, trop d’enfants sont encore en dehors du système scolaire. « Le nombre d’enfants qui ne sont pas scolarisés interpelle. L’éducation est gratuite et préconisée par les Nations Unies. Chaque État devrait assumer ses responsabilités pour éduquer tous les enfants sur une base égale. On ne peut continuer à accepter un système qui soit centré sur l’élitisme alors que les plus vulnérables sont recalés et livrés à eux-mêmes. S’ils peuvent continuer une formation au MITD, c’est tant mieux, mais pas mal de jeunes de moins de 15 ans, voire au niveau primaire, abandonnent l’école faute d’attention suffisante face aux difficultés qu’ils rencontrent. Le système doit être revu complètement. Nous ne pouvons accepter aujourd’hui que Maurice, qui a l’ambition d’être un pays développé, accepte qu’un aussi grand nombre d’enfants ne soient pas scolarisés », fait-il comprendre.
Le Project Manager de SAFIRE souligne que les jeunes déscolarisés sont davantage exposés aux fléaux comme la drogue et autres trafics illicites. « Quand les enfants sont livrés à eux-mêmes, ce sont les trafiquants qui en profitent. Et il y a toutes sortes d’exploitation (économique, sexuelle etc.) envers eux », concède-t-il.
Edley Maurer prévient que la situation des enfants des rues s’est détériorée depuis la pandémie de Covid-19, notamment lorsque les classes se faisaient en ligne. « Ceux qui n’en avaient pas les moyens ont décroché. Ce qui interpelle aussi, c’est le nombre d’admis en Grade 1 en primaire et le nombre de jeunes qui prennent part aux examens du SC. Le nombre est réduit d’au moins un tiers. Où sont les autres ? On comprend mieux la hausse au niveau des enfants des rues », ajoute-t-il.
Par rapport aux Objectifs de développement durable, qui veulent qu’aucun enfant ne soit laissé derrière, SAFIRE lancera cette année un projet de plaidoyer auprès des autorités concernées, et ce, en collaboration avec divers partenaires, dont les médias, pour changer la situation d’ici 2030. « Nous solliciterons pendant ces sept ans l’aide du gouvernement pour que le système éducatif ne laisse aucun enfant à la traîne. Tous les partenaires devraient s’impliquer dans ce projet pour sa réussite. On devra se pencher sur la manière dont nous pouvons nous assurer que les enfants sont à l’école. Pour cela, le ministère devrait accompagner les familles pour qu’elles assument leurs responsabilités dans la scolarisation. Il faut leur donner les capacités nécessaires », a-t-il conclu.