Entre opérations sov lapo et maradiva, lakaz mama : Fortunes diverses pour Sattar Abdoula et le Malgache Mamy Ravatomanga

— Devant la menace d’une détention en cellule à l’Eastern High Securiy Prison de Melrose, l’ancien bras droit de Rajoelina concède son premier week-end au Moka Detention Centre
— Des caves à vin réfrigérées, un coffre-fort et le rapport de Kroll sur Air Mauritius se greffent aux malheurs de Sattar Hajee Abdoula en proie à des problèmes de sommeil
Sans aucun doute, l’année 2025, qui tire à sa fin, sera celle où des cas portant sur des délits de money laundering, les uns plus importants et accablants que les précédents, se sont succédé à un rythme effréné au QG de la Financial Crimes Commission (FCC). Ainsi, l’enquête sur les Rs 113 millions retrouvées pour la Saint-Valentin dans des valises, équipées de manière sécuritaire de luggage tracker de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, a cédé le pas aux Rs 7,3 milliards ayant fait l’objet d’un Criminal Attachment Order pour un montant de Rs 7,3 milliards de l’homme d’affaires en fuite de Madagascar après la chute du régime d’Andry Rajoelina à la fin de la première quinzaine d’octobre. Mais ce n’est pas tout, car le dossier à charge compilé par la Financial Crimes Commission contre le patron de Grant Thornton, le dénommé Sattar Hajee Abdoula, amateur non seulement de bolides de collection et de luxe, mais aussi de bons vins millésimes, n’a pas encore livré le fond de ses secrets, y compris ceux portant sur le secret bancaire à la State Bank of Mauritius ou encore de la Silver Bank.
Dans l’immédiat, Sattar Hajee Abdoula, admis à la clinique Wellkin depuis le jour de son inculpation provisoire par la Financial Crimes Commission le jeudi 20 pour des problèmes d’apnée de sommeil, se trouve face à une perturbation majeure. Pourra-t-il éviter une détention provisoire en cellule policière jusqu’à sa remise en liberté sous caution comme ce fut le cas pour l’ancien commissaire de la Financial Crimes Commission Junaid Fakim ? Ou encore le record de 34 jours en clinique privée, en dépit d’un ordre de la Cour pour une incarcération en cellule, établi par le Malgache Mamy Ravatomanga ?
Ce qui est donné comme une certitude dans la conjoncture est que la Financial Crimes Commission veille au grain pour contrer cette stratégie, frisant le judicial malingering, exploitée par la série de suspects interpellés à ce jour, dont les plus flagrants vont de Mamy Ravatomanga au surintendant de police et patron de la PHQ Special Striking Team Ashik Jagai avec ses visites médicales. Sattar Hajee Abdoula, le maillon fort et incontournable de l’opération Madaradiva, Lakaz Mama — Sezon II, semble exposé au risque de se faire incarcérer plutôt tôt que tard dans une cellule policière. Très probablement dès cette semaine.
En effet, la Financial Crimes Commission s’est montrée intraitable, vendredi, dans le cas de Mamy Ravatomanga, qui jeudi n’avait pu faire le déplacement en Cour de Port-Louis pour sa comparution. Ses conseils légaux, en l’occurrence Me Siddartha Howaldar, Senior Counsel, s’était assuré que le soutien des médecins traitants soit sans faille pour cet épisode de prolongation du séjour en clinique du prévenu aux Rs 7,3 milliards en provenance d’abus de biens publics dans la Grande Île.
Mais le lendemain, ce fut une autre paire de manches. Mamy Ravatomanga, qui avait subi précédemment une intervention chirurgicale au Princess Margaret Orthopaedic Centre (PMOC), avait un rendez-vous médical de suivi ce vendredi. Avec la visite médicale, sous la supervision du Dr Abdool Sorefan, se déroulant sans difficulté, et le médecin traitant arrivant à la conclusion que l’état de santé du prévenu malgache était stable, la Financial Crimes Commission devait enfin passer à l’action après les 34 jours admis en clinique.
Fin de la récréation
De ce fait, il n’était plus question que Mamy Ravatomanga devait rentrer à la clinique. Mais direction le Moka Detention Centre, soit la cellule No 14, l’une de celles placées sous contrôle de caméras de surveillance. Les précédents clients VIP ayant déjà occupé cette cellule ont été l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, et l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, entre autres.
Une fois sur place, le suspect devait se plaindre de problèmes respiratoires. Nouveau départ pour l’hôpital où les médecins du ministère de la Santé ne devaient rien diagnostiquer d’alarmant. Back to Moka Detention Centre, signifiant la fin de la récréation, après l’épisode de Premium Care Clinic à Phœnix.
Nouveau rebondissement : contre toute attente, Mamy Ravatomanga devait transmettre un souhait à la Financial Crimes Commission : « Je suis prêt à répondre à l’interrogatoire durant le week-end. » Une tactique pour boucler l’étape d’interrogatoire dans les meilleurs délais en vue de négocier la liberté sous caution par le truchement d’une Bail Motion logée en son nom par ses conseils légaux.
Très diplomatiquement, la Financial Crimes Commission a fait comprendre que les limiers ne sont pas appelés à suivre les whims and caprices des suspects, aussi puissants, financièrement et politiquement, qu’ils soient. De ce fait, Mamy Ravatomanga a déjà passé son premier week-end en cellule policière.
Reste à savoir ce qu’il adviendra du ruling du magistrat du tribunal de Port-Louis Prashant Bissoon, attendu demain, avec la Financial Crimes Commission réclamant que le multimillionnaire malgache soit détenu à l’Eastern High Security Prison de Melrose, équipée médicalement pour suivre des détenus patients cardiaques.
Difficile à dire si l’incarcération au Moka Detention Centre constituera une carte suffisamment valide pour convaincre la Financial Crimes Commission à renoncer à sa demande de jeudi pour la prison de haute sécurité de Melrose.
Dossier à charge
qui s’alourdit
Par contre, un autre high profile suspect, et client de la Financial Crimes Commission, en la personne de Sattar Hajee Abdoula, suit avec appréhension le dénouement des 34 jours d’admission en clinique de Mamy Ravatomanga. Admis depuis une douzaine de jours à la clinique C-Care Wellkin, il sait que, très bientôt, il aura à franchir la porte d’une cellule d’un Detention Centre ou d’un poste de police.
L’ancien bras droit de Pravind Jugnauth, que ce soit pour l’écroulement financier de l’empire Dawood Rawat, la mise sous administration de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, ou encore en tant que Chairman de la SBM Holdings Ltd, croit pouvoir compter sur le track record de son conseil légal, Me Raouf Gulbul, pour éviter l’opprobre d’une détention provisoire, même si du côté de la Financial Crimes Commission, la pratique du port des menottes est des plus rarissimes, voire sélectives.
Même si Sattar Hajee Abdoula n’a pas été interrogé au cours de ces douze derniers jours, le dossier à charge, qui initialement comportait un cas de blanchiment présumé de Rs 3,7 millions pour le contrat alloué par Air Mauritius à Grant Thornton (Advisory Services) Ltd, n’a cessé de s’alourdir, avec des saisies d’au moins 45 bouteilles de vin et boisson alcoolisées de grandes marques et un coffre-fort, dont le contenu n’a pas encore été vérifié et que l’inventaire de la flotte de grosses cylindrées est loin d’être complété.
Indépendamment de ce volet de l’enquête suspectible d’alimenter des charges de blanchiment, la Financial Crimes Commission attend de pied ferme Sattar Hajee ZAdlula sur trois dossiers : les deals et autres décisions au nom d’Air Mauritius sous administration avec les findings des experts de Kroll, les dossiers de Non Performing and Toxic Loans portant sur des milliards à la State Bank of Mauritius, avec des dossiers confidentiels, au titre des dispositions de la Banking Act, retrouvés dans ses archives personnelles, et les dessous de la Silver Bank avec des placements de fonds publics engagés.
En tout cas, la campagne de management of public opinon initiée dans l’entourage de Sattar Hajee Adboula pourra difficilement reléguer au second plan les frasques qui lui sont reprochés entre fin 2014 à fin 2024, ou au mieux le faire éviter un passage dans une cellule d’un centre de détention de la police, le temps que l’Office of the Director of Public Prosecutions ne décide sur des main cases contre l’un des soi-disant intouchables de la Maradiva, Makaz Mama Connection…

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