L’heure du bilan a sonné, plus d’un an après le bannissement des produits en plastique à usage unique qui englobent sacs, gobelets, pailles, couteaux, cuillères et récipients. Cette avancée environnementale si prometteuse se heurte, hélas, au je-m’en-foutisme de nombreux petits commerçants et détaillants qui font fi des lourdes amendes prévues à cet effet, au même titre que ceux qui demandent systématiquement des sacs non-biodégradable pour emballer leurs courses.
La quantité impressionnante de sacs en plastique épais refoulés par les égouts lors des inondations qui ont secoué le pays ces dernières semaines témoigne du laisser-aller qui prévaut depuis janvier.
La police serre la vis aux contrevenants avec plus de 20 000 de ces produits saisis en trois jours
Les problèmes environnementaux induits par le plastique et les mesures visant à mettre un terme à ce fléau semblent ne pas rencontrer un écho favorable parmi une frange de la population peu encline à changer ses habitudes.
À la faveur des observations faites par Week-End ces trois derniers mois sur le terrain, les sacs en plastique à usage unique et autres cuillères et fourchettes semblent avoir bel et bien fait leur retour en force aux quatre coins de l’île. Certes, il y a bien eu la période de transition du deuxième confinement, en mars 2021, où ces produits avaient été tolérés dans les commerces, mais rien ne laissait présager un tel mépris des lois en vigueur qui se traduit, depuis janvier, par une nette croissance dans la production, la distribution et la consommation de ces produits non-biodégradables.
Et ce n’est pas faute d’avoir multiplié les amendes par deux : Rs 2 000 pour possession ou utilisation de ces produits en plastique, de Rs 20 000 pour leur vente et leur distribution, Rs 50 000 pour leur importation et un maximum de Rs 100 000 pour leur fabrication. Quiconque se balade aujourd’hui dans les marchés et les commerces de proximité constatera que la bataille culturelle contre le plastique à usage unique semble très loin d’être gagnée, au grand dam des défenseurs de l’environnement.
Ayant eu vent que des producteurs locaux opéraient en toute impunité, la Police de l’Environnement est passée à la vitesse supérieure depuis la semaine dernière en resserrant la vis aux contrevenants qui émanent principalement de Quartier-Militaire, Rose-Belle, Goodlands, Saint-Pierre, Curepipe et Quatre-Bornes. La principale conclusion des perquisitions effectuées, entre le 30 mars et le 6 avril, dans ces régions, a été que l’effort de contrôle et de sanction devait se concentrer autant sur les petits commerçants que sur le secteur informel de production et d’importation.
Sur Facebook aussi !
Des livreurs ont d’ailleurs été pris en flagrant délit lors de ces opérations. Au total, 19,200 roll-on plastic bags, 500 vest-type plastic bags, 1 400 sacs en plastique non-biodégradables et 450 fourchettes en plastique à usage unique ont été saisis principalement dans des foires. Les 20 personnes qui ont été prises en contravention seront traduites en cour et encourent de grosses amendes.
Les opérations menées par la police laissent donc poindre la perspective d’un changement de cap en faveur d’une approche plus sévère envers les contrevenants. « Le plastique à usage unique constitue l’ennemi numéro un à combattre et nous allons doubler nos fréquences d’intervention en ce sens.
C’est triste de le dire mais, outre les commerçants et les détaillants, il s’avère que les clients ont également une grande part de responsabilité dans la résurgence de ce fléau, car plutôt que d’acheter des sacs écolos, certains exigent qu’on leur serve du plastique », confie l’inspecteur Vishwanaden Amasay de la Police de l’Environnement.
Et comme si ça ne suffisait pas, on observe depuis quelque temps que des internautes proposent sur les sites dédiés sur Facebook d’acheter des ensembles de cuillères, fourchettes et autres gobelets en plastique. La Police de l’Environnement devrait certainement se pencher un peu plus souvent sur le contenu de ces sites de vente en ligne.
