195 erreurs reconnues en SC et HSC de 2015 à 2021
Frais de Rs 1 395 à Rs 8 331 pour recorriger une épreuve individuelle en HSC
La Cambridge Assessment International Education (CAIE) a annoncé récemment que les standards pré-Covid seront appliqués pour les épreuves de School Certificate (SC) et Higher School Certificate (HSC) cette année. Ce qui veut dire que la correction sera plus sévère. Car ces deux dernières années, particulièrement en 2020-2021, la Special Consideration avait été appliquée en raison des restrictions sanitaires, qui ont perturbé la préparation des examens. Des questions subsistent toutefois concernant des incohérences relevées dans la correction chaque année, et qui poussent des parents à dépenser des milliers de roupies dans l’espoir de rendre justice à leurs enfants.
De 2015 à 2021, la CAIE a revu le Grading de 195 candidats mauriciens dans différentes matières. Il y avait plus précisément 139 cas au School Certificate (SC) et 56 cas au Higher School Certificate (HSC). Ces détails avaient été communiqués par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, elle-même à une interpellation du député Mahend Gungapersad lors de la séance parlementaire du 26 octobre 2021.
Alors que la CAIE annonce que les standards pré-Covid seront de retour à partir de cette année, et que la correction sera forcément plus sévère, des questions se posent quant aux dispositions prises pour remédier aux incohérences de la correction également. Car ces erreurs coûtent très cher à certains candidats, non seulement au niveau financier, mais aussi dans la possibilité de décrocher une bourse d’études. De même, il est injuste que des candidats ayant fait beaucoup d’efforts et de sacrifices soient pénalisés parce qu’il y a eu des erreurs dans la correction.
Selon les explications de la VPM et ministre de l’Éducation, dans sa réponse au député Gungapersad, de telles situations surviennent lorsqu’il y a une « différente interprétation du Marking Scheme par certains correcteurs ». Il est aussi noté que les erreurs les plus courantes viennent des Essay-Types et des Open-Ended Questions, qui requièrent un jugement personnel du correcteur. Et l’on sait qu’un certain nombre de papiers sont corrigés à Maurice. La CAIE Outsources en effet la correction de ses épreuves.
Compte tenu de cette situation et du fait que les candidats, aussi bien que les parents et les enseignants, connaissent leur potentiel, ils sont nombreux à demander une nouvelle correction ou une révision de leurs notes chaque année. Le Mauritius Examination Syndicate (MES) émet d’ailleurs une lettre concernant les “Enquiries about examination results” aux collèges, qui les transmettent aux candidats. Pour cela, il faut toutefois payer. Et là, Cambridge ne fait pas de cadeau.
Rs 27 766 pour un syllabus complet
A titre d’exemple, pour les examens de HSC 2022, le tarif de la correction pour les matières principales s’établissait comme suit : pour le syllabus complet d’une matière, soit tous les papiers, entre Rs 4 030 et Rs 27 766. Le montant dépend du type de révision demandée. Soit un Full Clerical Re-Check, qui implique de simplement vérifier si les points ont été bien comptabilisés, une nouvelle correction du papier, ou encore une nouvelle correction, avec un rapport détaillé.
Pour un seul papier, au niveau principal, le coût variait entre Rs 1 395 et Rs 8 331, dépendant du type de correction demandé. La plupart du temps, les candidats demandent à corriger deux ou trois papiers. Et certains parents peuvent alors dépenser entre Rs 10 000 à Rs 20 000. Il n’est pas garanti toutefois que Cambridge va revoir la note accordée. Si dans certains cas, l’on peut comprendre que le candidat n’a sans doute pas fait mieux, dans d’autres, il y a des incohérences flagrantes qui demeurent inchangées.
Citons l’exemple de ce candidat que le député Mahend Gungapersad avait soulevé à l’Assemblée nationale, qui avait reçu le Grading 1 dans chacun de ses quatre papiers, sans pour autant obtenir un A+ à la note finale…
Autre cas, pour les examens de HSC de novembre 2022, une candidate avait obtenu les notes 9 et 11 pour ses deux épreuves de General Paper, lui valant un D à la note finale. Toutefois, sa camarade de classe avait, elle, obtenu un 10 et un 11 pour les mêmes papiers, et sa note finale est un C… La candidate a payé Rs 6 720 (2 x Rs 3 360) pour une nouvelle correction et la révision de ses notes, mais le résultat est resté inchangé…
Autre cas flagrant : celui d’une candidate classée tout juste après les lauréates, il y a quelques années. Insatisfaite de la note attribuée dans deux papiers de Maths, soit un 3, elle a fait recorriger ses papiers, acceptant même de payer plus cher pour avoir un rapport détaillé. Après une très longue attente, elle a finalement reçu une lettre du MES, à travers son collège, l’informant que sa note était inchangée.
Le plus intrigant, c’est que son collège a reçu la lettre un lundi après-midi et que celle-ci précisait que si la candidate n’était pas satisfaite, elle pouvait toujours faire appel, la date limite étant… deux jours plus tard. Ce qui impliquerait de trouver à nouveau de l’argent pour payer une nouvelle révision et, probablement, un avocat, s’il faut aller plus loin dans sa démarche. Elle a donc préféré abandonner.
« Calculations were unfailingly carried out »
Toutefois, en prenant connaissance du rapport demandé à Cambridge pour cet exercice, la candidate est tombée des nues. Celui-ci faisait état d’un travail remarquable de la candidate avec quelques erreurs mineures. Le rapport indiquait ainsi : « The candidate demonstrated a good level of understanding of the material and the responses to each question were very clearly and carefully presented, with sensible use of diagrams where appropriate. It was pleasing to see the excellent setting out which the candidate used to communicate the method being used. Calculations were unfailingly carried out accurately, and the final result was nearly always stated correctly. »
Une telle appréciation méritait-elle un 3 ? Pour en avoir le cœur net, la candidate a comparé les erreurs indiquées dans le rapport avec le Marking Scheme pour les deux papiers. Elle a pris le soin de contre-vérifier avec l’aide de son enseignant. Se basant sur le Marking Scheme, elle estime qu’elle aurait dû avoir un 2 et un 1 pour les deux papiers en question.
Pourquoi donc n’y a-t-il pas eu d’ajustement ? De nombreuses questions subsistent. Cette incohérence l’a-t-elle privée d’une bourse, étant donné qu’elle était classée juste après les lauréates dans sa filière ? Une révision de sa note aurait-elle impliqué une révision de la liste des lauréates ? Quel a été le rôle du MES dans cette affaire ? Pourquoi a-t-elle reçu son rapport seulement deux jours avant la date limite pour faire appel ? Des questions qui sont restées sans réponse. La candidate a cherché un avis légal sur la question, mais on lui a fait comprendre qu’il n’y avait pas beaucoup chance, étant donné que la date limite pour contester était déjà passée…
Ce sont autant de situations, autant de peines causées aux candidats par les incohérences de la correction. D’autant que les candidats et leurs parents sont souvent seuls dans ces épreuves, car ni les collèges, ni le MES, ni le ministère de l’Éducation ne leur accorde un soutien quelconque. Les deux seules options étant de payer pour demander une révision ou d’accepter le verdict. D’autant que si l’on veut se lancer dans une bataille légale, cela risque de prendre des années, et les candidats ont le temps de terminer leurs études universitaires…
Alors que la CAIE rehausse le niveau et retrouve ses standards pré-Covid, il serait aussi bien que l’on trouve des solutions à ces incohérences de la correction. Le ministère de l’Éducation pourrait également mettre en place une cellule pour accompagner les candidats étant dans de telles situations dans leurs démarches. Le député Gungapersad avait évoqué cette possibilité dans une question supplémentaire le 27 octobre 2021. La VPM et ministre de l’Éducation avait alors répliqué que les étudiants enregistrés au Social Register pouvaient se tourner vers la Sécurité sociale pour chercher une aide financière si nécessaire.