L’artiste-peintre rodriguais Jacques Désiré Wong So présente Spleensparrow, une exposition solo organisée au Caudan Arts Centre (CAC) jusqu’au 20 décembre. Approuvée et soutenue par le National Arts Fund (NAF) sous son 9e appel à projets en 2023, l’expo, qui compte une vingtaine de toiles de format standard (100 x 80 cm), s’inscrit dans « la continuité de l’exploration de l’identité minérale de Rodrigues » que l’artiste transpose dans ses abstraits.
« In 2005, a male sparrow perched on a tractor wheel in my backyard in Rodrigues caught my eye. Its dark brown collar gleamed in the morning sun. That moment inspired Spleensparrow, a symbol of the tension between wild freedom and introspection that defines my work. » C’est en ces mots que le visiteur découvre l’inspiration et la réflexion qui ont précédé le travail de Jacques Désirée Wong So. A Le-Mauricien, l’artiste va plus loin pour parler de sa démarche et de l’évolution de son art.
« Tout le monde parle de la qualité de la nourriture rodriguaise, que ce soit ses légumes, ses fruits, ses poissons ou ses viandes. Elle doit cela à son terroir. Ainsi, j’ai commencé une recherche sur cette spécificité de Rodrigues et les pigments de ses minéraux il y a 25 ans. » Quelques recherches documentaires sur la flore plutôt, précise-t-il, des travaux de recherches publiés par l’ancienne chercheuse et présidente de la République de Maurice, Ameenah Gurib-Fakim. Et une exploration physique de l’ouest de l’île, dans la région de montagne Croupier, non loin La-Ferme, où il habite. « Dans le temps, je faisais de la boxe en amateur et j’y allais pour la marche. Et c’est là que j’ai commencé toute ma réflexion artistique. Les pierres sont bien en évidence dans cette région. Il y a aussi des cascades. »
Si, au début, l’artiste faisait des photos des paysages qui l’inspiraient, très vite, il prend conscience « de la perte en intensité que cela provoque » et opte pour un carnet de croquis. « Quelques croquis rapides que je travaille au fur et à mesure », précise-t-il. Ce travail consiste plutôt à épurer la vue croquée. « Petit à petit, j’élimine tel ou tel arbre, colline ou autres reliefs pour ne garder que l’essentiel. Au début de ma carrière, je mélangeais les paysages et les figures humaines. Je me suis dirigé vers l’abstraction. »
Deux éléments qui frappent dans les tableaux exposés de Jacques Désiré Wong Si : les lignes directrices diagonales et les couleurs vives qu’il choisit. Évoquant ces trajectoires obliques adoptées dans ces œuvres, il affirme : « J’ai fait des recherches sur les natures mortes et les paysages des peintures des années 1800 et 1900, et j’ai compris que c’est ce qui rend l’œuvre dynamique. Au début, j’avais plus tendance à travailler en “V” et maintenant, je trouve que la diagonale est belle et guide l’œil agréablement du haut, de droite au bas; vers la gauche. »
Wong So est aussi influencé par des artistes qu’il découvre : Kandinsky et Turner essentiellement. Il évoque « la théorie de couleur » et « une dimension spirituelle » qu’il découvre chez Kandinsky et qui l’accroche. « J’ai voulu suivre sa théorie de couleur et la notion de spiritualité qu’on retrouve dans ses œuvres. »
Il vit aussi son expérience spirituelle personnelle notamment à travers la méditation auprès de la branche rodriguaise des Bramas Kumaris, à Port-Mathurin. Des artistes mauriciens, il évoque le défunt Thivy Naiken, ancien directeur du National Art Gallery (NAG), et Khalid Nazroo.
L’artiste utilise l’acrylique sur canevas. Tout en reconnaissant « le côté noble de l’huile », qu’il utilisait au début, il insiste sur le fait que « l’huile a ses limites ». Par exemple, indique-t-il, « l’acrylique donne l’occasion d’explorer la fluidité que l’huile restreint ». Aussi, il indique qu’avec le temps, « l’huile tend à craquer, alors que l’acrylique demeure intacte ». L’acrylique lui offre aussi la possibilité d’exploiter la dimension plastique de la finition sur la peinture, et utilisée en superposition. « Je privilégie la propriété synthétique et plastique de l’acrylique », dit-il. L’artiste travaille au pinceau en avant selon la technique de l’aquarelle.
Jacques Désiré Wong So indique que l’art fait partie de sa vie depuis son enfance. Au collège, il opte pour les arts visuels, même si cela ne fait pas l’unanimité dans son entourage, la matière étant considérée comme « ne faisant pas sérieux ». Mais très vite, le jeune Wong So s’y retrouve et comprend qu’il peut aller plus loin pour atteindre le plein potentiel. Après le secondaire, il met donc le cap sur Bordeaux, en France, pour des études d’art. Une fois rentré à Rodrigues, il devient professeur d’art dans son ancien collège, le Rodrigues College, et pratique son art à côté.
Expo Solo au CAC jusqu’au 20 DÉCEMBRE : Jacques Désiré Wong So présente Spleensparrow
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