La Financial Crimes Commission (FCC) a saisi plusieurs biens de valeur dans le cadre de l’enquête sur une vaste fraude estimée à près de Rs 32 millions. Parmi les objets placés sous scellés figurent une Range Rover flambante neuve, cinq MacBooks Air dernier modèle, ainsi que quatre iPhones 15. Ces biens, acquis grâce à des fonds publics détournés, appartiendraient à Tomeshwarnath Ramlowat, principal suspect dans ce scandale financier. Les appareils seront examinés par le Forensic Department de la Financial Crimes Commission (FCC).
D’après les investigations menées au Réduit Triangle, cet ancien employé de State Informatics Limited aurait monté une escroquerie sophistiquée en exploitant le programme gouvernemental Prime à l’Emploi. Ce dispositif vise à encourager l’embauche de jeunes femmes mauriciennes et de personnes en situation de handicap, en offrant une subvention mensuelle de Rs 15,000 aux employeurs pour chaque recrutement éligible. Tomeshwarnath Ramlowat aurait abusé du système en créant huit sociétés fictives, se présentant lui-même comme directeur et actionnaire unique.
Entre avril 2023 et février 2024, ces entreprises ont soumis des demandes frauduleuses à la Mauritius Revenue Authority (MRA), déclarant l’embauche fictive de 285 personnes. En raison d’une validation automatique des données incluant les contributions à la CSG, au National Solidarity Fund et au Training Levy, les fonds ont été versés sans alerte, pour un montant total de Rs 31,977,700.
L’analyse financière a révélé que Rs 14 797 729 ont été transférées vers des comptes bancaires personnels, tandis que le reste a été blanchi par le truchement d’un réseau complexe : investissements en cryptomonnaies via Binance.com, achats immobiliers à l’étranger, et acquisition de biens de luxe.
Interrogées par la FCC, les 15 personnes identifiées comme employées de ces sociétés ont toutes nié avoir travaillé pour les entités concernées ou avoir reçu de paiement lié à la MRA. Ces témoignages ont renforcé les soupçons de fraude organisée et systémique.
Cette affaire met en lumière de graves lacunes dans les mécanismes de contrôle du programme Prime à l’Emploi et relance le débat sur la nécessité de renforcer les outils de vérification en vue de prévenir de telles dérives. L’enquête se poursuit tandis que la FCC élargit ses investigations sur les actifs liés au suspect.
La MRA collabore avec la FCC
La Mauritius Revenue Authority (MRA) indique mettre en œuvre un système automatisé de vérification pour traiter rapidement les demandes liées à la Prime à l’Emploi, suivi d’audits post-paiement fondés sur des données tierces afin de détecter d’éventuels abus.
« La fraude a été repérée grâce à des contrôles internes, des croisements de données, des plaintes du public et des enquêtes de son département d’investigation fiscale », fait comprendre la Mauritius Revenue Authority.
L’organisme affirme avoir entrepris plusieurs actions après cette découverte comme la récupération des montants indus selon la loi sur l’impôt sur le revenu, saisies de comptes bancaires et de biens, inscriptions de propriétés pour protéger les intérêts de l’État, interdiction de quitter le territoire pour le suspect, et transmission du dossier à la Financial Crimes Commission et à la police.
La MRA souligne l’importance de la coopération entre autorités, saluant les actions concrètes menées par la FCC. Elle réaffirme son engagement à lutter contre les fraudes, à protéger les fonds publics et à promouvoir la transparence.