Fête de l’Assomption : Pas de concessions sur le gâteau Marie

Qui dit Assomption, dit “gâteau Marie”. Mardi, le 15 août, des milliers de foyers catholiques mauriciens célébreront en famille. Faute de jour férié, ils seront nombreux à « sécher » le boulot. Et comme le veut la tradition mauricienne, le gâteau Marie, originellement fait de “pâte de mariée”, mais aujourd’hui déclinée sous toutes les saveurs et toutes les formes, sera la pièce centrale des célébrations. Avec la montée des prix, Week-End a fait le tour de quelques pâtisseries.

- Publicité -

S’il s’agit avant tout d’une tradition, l’on doit bien s’avouer que toutes les occasions sont bonnes pour manger du gâteau ! Ainsi, depuis des années et pour des raisons encore inconnues, pour célébrer la Vierge Marie, des milliers de familles mauriciennes, d’origines et de foi confondues, confectionnent ou achètent un gâteau, qu’ils se partageront en famille, entre amis ou entre voisins. Et ce ne sont surtout pas les enfants qui s’en plaindront.

Avec l’inflation et la montée des prix des principaux ingrédients, Week-End s’est enquis des prix sur le marché. Il faut donc compter environ Rs 300 pour un gâteau Marie classique et quelques billets de plus pour un gâteau moins classique. Ce sont, du moins, les prix pratiqués en grandes surfaces ou encore sur TikTok, où les enchères montent ces derniers temps pour se dénicher le meilleur et le plus beau de tous les gâteaux Marie. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, les supermarchés ont déjà commencé la campagne de vente, avec d’alléchantes vidéos de promotion et autres.

- Publicité -

Ainsi, en plus du gâteau qui se décline sous plusieurs formes et à plusieurs étages, il y a aussi des cupcakes Marie, des mini cakes Marie et des napolitaines. Comme quoi, en 2023, le gâteau Marie a bien évolué et les artisans-pâtissiers auront du pain sur la planche, ils s’apprêtent à passer de longues nuits à pâtisser. “Avan kot ti ena tousala ? Notre mère préparait elle-même son petit gâteau. Elle le partageait avec nos frères et sœurs, mais aussi avec nos voisins”, se souvient Roselyne, retraitée.

“C’est un incontournable, chaque année nous avons des commandes”, nous confie Tayéba Oozeer, propriétaire de la pâtisserie Immaculée, à Port-Louis. Depuis une trentaine d’années, la pâtisserie, qui a vu évoluer ce quartier portlouisien, derrière son four à gâteaux, s’est fait une réputation dans le domaine. Pour cause, elle porte bien son nom ! “Nous avons des clients réguliers, qui chaque année commandent leurs gâteaux Marie plusieurs jours à l’avance.”

- Advertisement -

« Enn gran fet sa »
Avec la montée des prix, Tayéba Oozeer concède que les prix des gâteaux ont eux aussi augmenté, mais en temps de fête, surtout comme celle-ci, les Mauriciens ne se privent pas. “Ils se plaignent des prix, mais beaucoup gardent la tradition pour leurs enfants. Par conséquent, s’ils avaient l’habitude avant de prendre un gros gâteau, ils vont désormais prendre un plus petit”, dit-elle.

“Tradision res tradision. Enn gran fet sa”, ajoute Roselyne. Si ces dernières années elle a choisi de prendre son gâteau Marie en grande surface, cette année, elle a décidé de passer une commande chez une pâtissière du coin. “Il est vrai que c’est beaucoup plus pratique d’aller en grande surface et de prendre un gâteau vite fait, mais maintenant que j’ai un peu plus de temps, je peux me permettre de passer une commande. Niveau qualité, je suis certaine d’avoir un meilleur produit.

Et puis, je ne suis pas trop fan des génoises. Moi, j’aime mon gâteau Marie traditionnel, à la pâte de mariée”, nous confie-t-elle. La pâte de mariée, encore une petite invention bien de chez nous.En effet, Tayéba Oozeer nous raconte que “nous avons des clients qui refusent catégoriquement les nouveaux gâteaux, style génoise et autres. Ils exigent leur gâteau pâte de mariée avec des fruits et de la crème. C’est la tradition”, dit-elle. Une exigence qu’elle et son équipe respectent à la lettre. “C’est un réel plaisir pour nous tous les ans. Il est vrai que les ventes ont baissé, mais cela est un peu la tendance générale au niveau de la consommation.” Et en parlant de tradition, la figurine de la Vierge Marie en sucre ne fait pas exception, de même que pour la crème couleurs bleu et blanc. “Nous n’utilisons pas de figurines en plastique. Encore une fois, nous restons à l’écoute de nos clients, et nous faisons nos figurines en sucre”, dit-elle.

Pour ce qui est des inscriptions sur le gâteau, la fameuse phrase exclamative « Vive Marie ! » est de mise. « C’est un jour de fête. Nous allons à la messe, nous mangeons en famille et nous coupons notre gâteau Marie que nous dégustons comme dessert ou sinon avec une bonne tasse de thé », nous lance Roselyne. Et autre tradition, peut-être cette fois un peu plus politique : la donation de gâteaux aux plus démunis… une bonne action certes, si elle est reste un acte de bonne foi.

Marie Brizard et boîtes de Pilchards !

Nous avons fouillé dans nos archives pour en savoir plus sur les us et coutumes d’il y a 30 ans, à Maurice. Nous sommes tombés sur un article de 1991, où nos journalistes du Mauricien racontaient une journée de fête de l’Assomption typique. L’on apprend ainsi qu’à l’époque, les fiancés, en plus d’offrir un gâteau Marie à leurs promises, leur offraient aussi une liqueur Marie Brizard ! De plus, dans l’article, l’on raconte que « letan lontan », « ces gâteaux avaient toutes les formes, il y en avait même qui étaient préparés dans des boîtes de Pilchards, des boîtes ovales… » Que les temps ont changé, dira-t-on…

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques