« Cette clôture n’est pas une fermeture, mais une ouverture à un avenir dans l’espérance. » C’est par ces mots forts que l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, a conclu hier l’année jubilaire du diocèse, lors d’une messe solennelle célébrée à la cathédrale Saint-Louis. Une célébration marquée par la présence du cardinal Maurice Piat, de nombreux prêtres du diocèse, et animée par la chorale de la cathédrale, avec la participation d’une assistance nombreuse qui s’était déplacée à cette occasion. L’évêque de Port-Louis a souligné la dimension missionnaire de l’Église en s’appuyant sur le parcours réalisé par le Père Jacques Désiré Laval.
Dans son homélie, Mgr Durhône s’est appesanti sur le sens profondément missionnaire de cette année sainte, rappelant que le Jubilé ne devait pas être perçu comme un simple temps liturgique appelé à se refermer, mais comme un point de départ. « En clôturant cette année sainte, cela ne veut pas dire que nous reviendrons dans vingt-cinq ans pour une autre année sainte. Comme Jésus, Marie et Joseph, restons éveillés et soyons des missionnaires », a-t-il exhorté les fidèles.
« Les jubilés célébrés dans les régions ont, selon l’évêque de Port-Louis, mis en lumière une Église engagée au cœur des réalités sociales du pays, attentive aux joies, aux souffrances et aux situations de pauvreté vécues par de nombreux Mauriciens, Agaléens et Chagossiens. D’où cet appel à devenir, à l’exemple du bienheureux Père Laval, des « pèlerins d’espérance », a-t-il fait comprendre.
Mgr Durhône a longuement évoqué l’héritage spirituel du Père Laval, qu’il a présenté comme un témoin d’espérance pour les familles, les couples et les anciens esclaves de son temps. « Une espérance vécue dans la conviction qu’une famille unie, animée par l’Esprit Saint et centrée sur le Christ, est appelée à être missionnaire », ajoute-t-il.
Dans cette perspective, l’évêque de Port-Louis est revenu sur plusieurs axes d’engagement pour l’Église locale : le soutien aux familles confrontées aux différentes formes de pauvreté, l’accompagnement des couples et des fiancés à travers un chemin de préparation au mariage fondé sur le Christ, ainsi que l’attention portée aux personnes marquées par le divorce et la séparation, y compris celles engagées dans de nouvelles unions. Il a également fait état de la nécessité d’écouter les jeunes et de valoriser leur présence dans les lieux de discernement et de décision.
L’homélie a aussi abordé sans détour des réalités douloureuses de la conjoncture: le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, les addictions, la souffrance psychologique des jeunes et la question du suicide. « Aucune famille n’est à l’abri », prévient Mgr Durhone, appelant l’Église à travailler de concert avec les ONG et les institutions de l’État. Il a également invité à une plus grande écoute des aînés, souvent confrontés à l’isolement et à l’exclusion.
Sur le plan pastoral, la clôture de l’année jubilaire marque l’entrée résolue du diocèse dans une dynamique synodale. « Le style synodal est un chemin à vivre ensemble », maintient l’évêque, insistant sur une Église fondée avant tout sur des relations fraternelles, le dialogue et l’écoute partagée, plutôt que sur de simples structures. Citant le défunt pape François, il a prôné sa préférence pour « une Église blessée, proche des pauvres et des exclus, plutôt qu’une Église parfaitement organisée mais au cœur vide. »
Dans cette logique, Mgr Durhône a confirmé deux initiatives majeures pour 2026. Il a confié au père Gérard Mongelard la mission d’organiser des Assises de la pauvreté, précédées d’un large travail d’écoute du « cri des pauvres », afin de donner la parole aux sans-voix. De son côté, le père Jean-Claude Veder sera chargé de proposer un cheminement pour vivre concrètement la spiritualité synodale et la spiritualité du marche ensemble au sein des paroisses, des CRDC et des mouvements.
« Il ne s’agit pas d’une méthode, mais d’une manière d’être Église », explique l’évêque, évoquant une conversion durable appelée à s’enraciner dans la vie quotidienne des communautés.
Au terme de la célébration, une prière d’action de grâce a été élevée : « Renouvelés par cette expérience de conversion, nous revenons au rythme quotidien de notre vie. Comme les disciples qui ont vu le visage du Seigneur, gardons en mémoire la joie de la rencontre ». Une invitation à faire de l’année jubilaire non pas un souvenir, mais une source vivante pour l’Église de demain.
La procession d’entrée comprenait hier les représentants de toutes les paroisses qui avaient accueilli les célébrations jubilaires pendant toute l’année, transportant chacun un panneau. « Ils nous rappellent ce chemin parcouru », dit l’évêque de Port-Louis. Il a évoqué le Jubilé des familles du 16 au 23 février à Saint Barnabas, Rivière-Noire ; le Jubilé des malades du 16 au 23 mars à Saint-Léon, Quartier-Militaire ; le Jubilé des jeunes du 6 au 13 avril à Notre-Dame-de-la-Visitation, à Vacoas ; le Jubilé des travailleurs du 18 au 25 mai à Saint-Ange-Gardien, à Grand-Baie ; le Jubilé des artistes du 22 au 29 juin à la cathédrale Saint-Louis ; le Jubilé des détenus du 20 au 27 juillet au Sacré-Cœur, à Beau bassin ; le Jubilé des jeunes du 3 au 10 août dans différentes régions, en terminant au Thabor pour le festival des vocations ; le Jubilé des pauvres du 7 au 14 septembre à Sainte-Croix ; le Jubilé des victimes de violences du 19 au 26 octobre à Sainte-Hélène ; le Jubilé des personnes âgées du 16 au 23 novembre au Sacré-Cœur, à Rivière-des-Anguilles ; et le Jubilé des migrants du 7 au 14 décembre sur l’ensemble pastoral Notre-Dame-du-Rosaire et Saint-Jean.

