Flash Floods à Souillac : Isnard Naboth sauvé in extremis des eaux

La déferlante de pluies torrentielles et le lot d’inondations éclair ne finissent plus de prendre des proportions aggravantes à mesure que s’égrènent les années. Cette succession de phénomènes météorologiques extrêmes a prévalu mercredi, avec des précipitations cumulées qui ont démontré que plusieurs régions ont dépassé les 100mm. Ce sont les habitants du Souillac qui en ont le plus pâti. Plusieurs maisons et cours ont été complètement inondées par le flot interrompu. Le sauvetage in extremis d’un handicapé, impuissant face au torrent d’eau ayant envahi sa demeure, reflète non seulement les débuts d’un monde fragilisé par le changement climatique, mais aussi la mauvaise gestion de l’aménagement du territoire par ceux qui nous gouvernent. À Quatre-Bornes, où les artères principales ne sont plus épargnées, les dégâts survenus au cimetière St-Jean est la goutte d’eau de trop.

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Comme réglé par une horloge, le pays oscille entre des mois de pénurie d’eau et de pluies abondantes. Mais ce qui diffère ces dernières années, c’est le fait que les averses engendrent des inondations qui dépassent l’entendement. Elles se traduisent par une augmentation de son débit, de sa hauteur d’eau et de sa vitesse. Le déluge, d’une ampleur inouïe, qui a ébranlé et a entraîné des dégâts matériels considérables dans le Sud en est un parfait exemple. Ces régions ont été particulièrement touchées : Saint-Félix/Coastal Road, Chamarel-Road/Le Choisy, Le Batellage/Souillac Surinam/près de la station-service Indian-Oil, où de mémoire on ne se souvient pas d’avoir vécu pareil phénomène, au point où des voitures ont failli être emportées par les torrents d’eaux. L’étendue des dégâts est sans équivoque, et sans la solidarité sans faille des riverains, policiers et agents des services d’urgence, les choses auraient pu tourner au vinaigre.
On s’est rendus à Souillac vendredi, où la montée des eaux a créé des dommages considérables chez plusieurs familles, abîmant leurs meubles et appareils électroménagers. Pourtant, en jetant un coup d’œil ici et là le long de la route principale et des rues adjacentes, rien ne semble indiquer qu’une inondation hors du commun est survenue il y a à peine 48h. Les commerçants vaquent à leurs occupations, alors que certains riverains disent ne pas avoir été affectés par les inondations. Sur le chantier lié aux travaux de terrassement et de construction d’un mur de soutènement à la falaise sise en face du Batelage, des ouvriers, harnachés et portant un casque de sécurité, s’affairent à clouer une pente dangereuse pour la stabiliser. La tractopelle, stationnée au bord de la route, est à plein régime. Ces travaux, qui ont débuté en 2021, valent leur pesant d’or après des éboulements et des chutes d’arbres observées durant ces cinq dernières années.

Constructions anarchiques

Au gré des rencontres, dans l’une des nombreuses rues étroites du village, on tombe sur un vieil homme qui nous indique la direction à prendre : « Ou bizin al parti kot lopital. Laba ki dimounn inn pli soufer. Madam Naboth ek so misie Isnard inn bien pas mizer. » Leurs noms sont sur toutes les lèvres dans le village depuis mercredi. Désirée Naboth et son époux Isnard qui a été sauvé in extremis du torrent d’eau ayant envahi sa demeure par des riverains, la police et des pompiers. Désirée Naboth nous accueille avec un large sourire qui peine néanmoins à dissimiler ses traits fatigués, mais elle répondra avec bienveillance à nos questions. Sa maison, sise dans un cul-de-sac, qu’elle loue depuis deux ans, longe un cours d’eau où la largeur et la profondeur des drains nous frappe d’entrée. Ils n’ont visiblement pas la capacité suffisante pour contenir le flot conséquent d’eau émanant des pluies diluviennes. On peut également établir un lien de cause à effet avec les constructions anarchiques de certaines maisons.
Installé dans un fauteuil roulant dans le salon de se modeste demeure, dont un pan du mur est orné d’une photo de son fils Ricardo Naboth, ancien footballeur de la sélection de Maurice, Isnard Naboth s’est contenté de quelques signes de la tête en guise d’acquiescement. « On ne s’attendait vraiment pas à vivre un tel cauchemar. On n’a pas eu le temps de réagir qu’un flot ininterrompu d’eau a envahi notre demeure. Sans l’aide des voisins, des pompiers et de la police, mo pa kone kot mwa ek mo bolom ti pou sove », confie Désirée Naboth, qui nous montre les matelas et quelques meubles qui ont été sérieusement endommagés par la déferlante. Cette dernière remercie tous ceux et celles qui lui sont venus en aide pendant et après les inondations : « Ce fut un terrible épisode qui a quand même eu le mérite de mettre en lumière toute la solidarité des Mauriciens dans ces moments. J’ai eu pensée pour les conseillers du village qui nous rendent visite tous les jours. »
Goviden, l’un des voisins de la famille Naboth, a également été victime des eaux qui ont envahi sa maison. Il a sévèrement analysé cet épisode en pointant du doigt les autorités : « Ces précipitations ont engendré une recharge exceptionnelle induite par la crue de la rivière. Je suis un maçon. Mo kone ki mo pe dir. Enn ta fwa inn signal bann depite landrwa pou sanz sa drin-la. Cette abondance d’eau n’est pas absorbée par la terre et atteint la surface du sol en inondant les rues et les maisons. Fode dimounn mor pou zot azir ? Comment passer sous silence ces constructions anarchiques et le bétonnage à outrance qui imperméabilisent le sol et empêchent l’eau de s’infiltrer ? »

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Nando Bodha : « La gestion des drains, véritable catastrophe »
« La gestion des drains est une véritable catastrophe à Maurice. » C’est ce qu’a fait ressortir l’ex-ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, vendredi, lors de la conférence de presse de Linion Moris pour commenter les inondations ayant marqué la semaine écoulée. Il y aurait un grave problème de modélisation et d’assimilation des surfaces, selon lui, tout en évoquant « la mauvaise planification de la part des autorités. » Le leader du Rassemblement Mauricien (RM) ajoute que qu’ « un projet d’hydrologie national pourrait aider dans la construction de meilleurs drains dans des endroits stratégiques. »
tion de ce plan. Kalpana Koonjoo-Shah assistera également au lancement du Domestic Violence Information System à Rodrigues.

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Cimetière St-Jean inondé : La goutte d’eau de trop…

L’absence de planification dans l’implémentation du projet Metro Express à Quatre-Bornes couplé au sempiternel retard dans l’aménagement d’un système de drain digne de ce nom à St-Jean ont fini par perturber la quiétude des morts qui reposent au cimetière St Jean.
Ce ne sont pas le ministre Kavy Ramano et la PPS Tania Diolle qui diront le contraire, eux qui avaient manifesté en grande pompe en 2017 pour protester contre la manière dont le projet de la ligne de chemin fer a été planifié. Le nouveau maire Dooshiant Ramluckhun s’était fait remarquer, il y a quelques semaines, lors d’une émission radiophonique durant laquelle il avait contredit avec force la députée Tania Diolle et critiqué la Land Drainage Authority (LDA) sur les retards dans la mise en œuvre des travaux de drains dans la ville. La conseillère du PMSD Myrella Sevathiane Dansant remue quant à elle ciel et terre à chaque séance du conseil pour que les choses s’accélèrent, en vain.
Tania Diolle est revenue à la charge, jeudi, sur une autre radio privée en se lançant dans des explications qui ont peu convaincu pour justifier le retard dans l’aménagement des drains par la LDA dirigé par une nominé politique. En conférence de presse, vendredi, le député PTr de la circonscription N°18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes), Arvin Boolell, a commenté l’effondrement d’une partie du mur du cimetière St-Jean à la suite des accumulations d’eau, provoquées par les fortes averses. « Le cimetière St-Jean est aujourd’hui une zone sinistrée et depuis belle lurette nous avons évoqué la question au Parlement. Tous ont fait la sourde oreille. La réalité est que les autorités, dont la Land Drainage Authority (LDA), sont des bons à rien », dit-il.

Les réservoirs remplis à 68,4%

Légère amélioration depuis 10 jours (+3%)
Les récentes averses ont contribué à une légère amélioration du taux de remplissage des réservoirs. En effet, au vendredi 10 novembre, les réservoirs étaient remplis à 68,4%, contre 65,4% au vendredi 27 octobre, représentant ainsi une hausse d’environ 3% en l’espace de 13 jours. Les réservoirs étaient remplis à 60% pour la même période de l’année dernière. Des sources à la Central Water Authority (CWA) se disent optimistes quant à l’éventualité que le niveau d’eau dans les réservoirs connaîtra « une nette amélioration » en prévision de la période des pluies estivales.
Même si le pays a été copieusement arrosé durant ces derniers jours, il ne fallait pas s’attendre à une hausse conséquente du niveau d’eau dans les réservoirs. Ces pluies torrentielles ont quand même permis de limiter la casse en cette période de stress hydraulique. Mare-aux-Vacoas affiche un taux de remplissage de 67%, contre 61,4% la semaine dernière. La Nicolière connaît une forte progression avec un taux de 61,2% contre 43,9% il y a 13 jours. À Piton du Milieu, le niveau d’eau est de 69,6% contre 68,6 % la semaine dernière. Le taux de remplissage de  La Ferme, qui était de 48,4% le 27 octobre, n’a également pas connu une forte progression, au grand dam des habitants de la région de Bambous.
Le niveau d’eau enregistré à Midlands a aussi fait un bond de 1% en passant à 78,5%.  Aussi étonnant que cela puisse paraître, Bagatelle Dam a connu une baisse de niveau en chutant de 2% malgré les fortes pluies qui ont arrosé la zone couvrant le barrage.

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