FoodWise a présenté en présence de 73 invités, responsables ministériels, partenaires du secteur privés, ONG et institutions, les résultats d’une étude ethnographique menée dans la région Sud de Maurice. Étaient présents: Anishta Babooram, Junior Minister à la Santé, et Rajen Narsinghen, ministre délégué aux Affares étrangères, qui ont partagé des mots forts et encourageants.
La région, qui compte environ 260 000 habitants répartis sur trois districts, fait face à une situation qui interpelle : 22 000 personnes vivent en insécurité alimentaire, soit une part importante des ménages, notamment les familles nombreuses, les mères isolées et les foyers prenant en charge des aînés. L’étude réalisée entre juin et octobre combine entretiens ethnographiques, analyses d’experts et analyse de données statistiques nationales pour dresser un portrait de la situation dans le Sud.
Le rapport dévoile des habitudes alimentaires fluctuantes et un pouvoir d’achat imprévisible, des difficultés quotidiennes, même si les moyens de débrouillardise ne manquent pas. Une insécurité alimentaire qui ne se limite pas aux carences nutritionnelles, mais qui impacte aussi profondément la santé mentale et sociale des populations. Les conséquences concrètes sont notées sur la santé (diabète, carences, problèmes dermatologiques et autres) influant directement sur la motivation, l’insertion professionnelle et la concentration des enfants à l’école.
Personnes vulnérables du Sud
L’étude s’appuie sur 25 entretiens ethnographiques et 10 entretiens d’experts, croise des données qualitatives et statistiques issues de l’enquête HHBS 2023 (soit 260 000 personnes étudiées dans la zone) et du recensement national de 2022. L’étude donne la parole directement aux personnes les plus vulnérables ainsi qu’aux acteurs locaux de la région.
Menée au cœur des foyers, elle dévoile des fragments intimes du quotidien des ces habitants les plus exposés à une sévère pauvreté. Pour ces familles, les dépenses de consommations comptent pour 78% du budget (contre 64% au niveau national), dont 41% sont alloués à l’alimentation. Des histoires marquantes et des situations familiales complexes émergent.
Constat inquiétant
Une personne sur cinq en situation de pauvreté relative est un habitant du Sud. Chiffres relativement stagnants puisque cela représentait 9,6 % en 2017 et 7,3 % en 2023, soulignant l’urgence d’agir sur les causes profondes de cette précarité. Les districts de Savanne et Rivière-Noire sont plus touchés par cette insécurité alimentaire, avec un taux respectif de 9,3% et 10,3%, comparé à 8% au niveau national.
Près d’un habitant sur deux déclare éprouver des difficultés à subvenir à ses besoins quotidiens (52 % à Savanne), dû à des revenus faibles, un enclavement géographique, un accès limité aux soins et à l’éducation, ainsi qu’à des structures familiales fragiles. Ces facteurs aggravent une précarité déjà marquée par des conditions de vie difficiles : maisons exiguës pouvant accueillir toutes les générations confondues, un seul repas par jour dans certains foyers, fatigue et stress chronique chez les adultes, troubles de concentration et carences chez les enfants.
Par ailleurs, 29 % des familles vulnérables comptent plus de trois enfants, et 25 % des habitants, toujours dans le Sud, n’ont pas dépassé le niveau du primaire à l’école, limitant leurs opportunités de carrière.
Cette approche, véritable reflet de la précarité qui persiste, brise les préjugés et met en lumière les habitudes alimentaires des familles,
Résilience et la solidarité
Face à cette situation, les habitudes alimentaires s’adaptent dans un mode de vie au jour le jour, dit « tire-ration », où l’achat de produits de base – principalement riz et grains en conserve – prime, au détriment des protéines, fruits et légumes frais. Le moindre imprévu peut précipiter une famille dans une pauvreté extrême.
Cependant, l’étude met en avant une formidable capacité de résilience : les dons alimentaires permettent aux familles d’économiser et de couvrir d’autres besoins urgents, tandis que débrouillardise, inventivité et solidarité créent des chaînes de soutien discrètes. Le gaspillage alimentaire est quasi inexistant, avec une valorisation intégrale des aliments. Mais la fierté des familles les empêche parfois de demander de l’aide.
Sur ces faits, face à une situation préoccupante dans le Sud, FoodWise ne relâche pas ses efforts, non seulement dans la région mais à travers toute l’île. “Nous voyons bien à travers cette étude que donner ne se limite pas à nourrir, cela donne un souffle, stabilise les foyers, renforce la résilience et ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour les familles” ajoute Lotilde Charpy; “additionné au workshop de ce matin; nous serons en mesure de continuer à affiner nos actions pour l’avenir avec le soutien de nos partenaires”. FoodWise continue d’encourager les acteurs du marché à rejoindre l’effort collectif, afin de favoriser une redistribution équitable aux plus démunis.
Pourquoi le sSd spécifiquement ?
Historiquement FoodWise concentre une partie importante de ses efforts sur ces régions pour répondre à la demande de nos partenaires et ONG. Bien que présent partout sur l’île, FoodWise constatait une forte pauvreté dans cette zone et voulait approfondir le sujet grâce à cette étude.
Que représente le Sud?
Cette étude implique les 3 districts du sud, plus particulièrement 35 VCA y sont situés. Ces districts représentent 20% de la population mauricienne et la population des 35 VCA concernés (ciblés par FoodWise) représente 11.5% de la population globale, soit 138 000 individus environ.
Quelle méthodologie a été utilisée?
Pour l’analyse quantitative de données (265 000 individus), le traitement des données a été fait avec le logiciel R et un logiciel de cartographie. Le traitement des données a été fait par district avec notamment l’analyse du HHBS 2023 survey sur les 3 districts du Sud) et le recensement de 2022. Concernant l’analyse qualitative, au total 25 interviews ethnographiques ont été menées, et 10 interviews d’experts.
Comme a été définie l’insécurité alimentaire?
À partir d’une question du HHBS 2023 : “Pouvez-vous subvenir à vos besoins quotidiens essentiels ?”. Ceux qui ont répondu” Avec beaucoup de difficultés” ou “Ne peuvent pas subvenir à leurs besoins quotidiens de base” sont considérés comme étant en insécurité alimentaire.
Durée du projet et de l’étude?
L’analyse des données s’étale entre juin et octobre 2025. Les entretiens ont été menés sur août et septembre 2025.

