Patrick Assirvaden, se veut rassurant : « Tout est sous contrôle. Aucun risque de coupure pour Divali»
Malgré une alerte rouge cette semaine, le pays évite la panne généralisée. Les autorités assurent que tout est en place pour garantir une fête de Divali sans coupure. La vigilance reste cependant de mise, surtout en période estivale où la consommation énergétique devrait connaître des envolées…
À la veille de Divali, le ministre de l’Énergie assure que le pays est prêt à passer les fêtes « dans de bonnes conditions ». La machine de Fort George est de nouveau opérationnelle et les producteurs indépendants fonctionnent normalement. La demande en électricité devrait par ailleurs baisser, en raison du week-end prolongé et de la fermeture des secteurs industriels ce lundi férié. Le CEB indique que des équipes sont mobilisées sur tout le territoire en cas de panne, et que chaque centrale dispose de personnel dédié à la surveillance de ses machines. « Si une alerte devait être relancée, la population saura réagir, comme elle l’a fait mercredi », affirment les autorités.
Retour donc au champ vert, après un mercredi pour le moins alarmant. Alors que la campagne nationale sur la sobriété énergétique venait d’être lancée, le Central Electricity Board (CEB) a déclenché une alerte rouge dès 10 heures, sans passer par l’alerte jaune. Ce protocole a été activé à la suite d’une série de pannes : deux moteurs appartenant à un producteur indépendant d’électricité (IPP), représentant une perte de 56 MW, ainsi qu’un moteur de la centrale thermique de Fort George, entraînant une réduction supplémentaire de 30 MW. À cela s’ajoute la mise hors service d’un moteur de la centrale thermique de Savannah. Deux moteurs, âgés de 25 à 30 ans, étaient ainsi indisponibles, accentuant la pression sur le réseau.
À ce moment critique, la capacité nationale de production est descendue à 445 MW, alors que la demande en début de soirée était estimée à 465 MW. Par précaution, le CEB a sollicité les hôtels et grandes surfaces afin qu’ils activent leurs groupes électrogènes. Business Mauritius, informée par le CEB, a appelé ses membres à adopter des pratiques de consommation prudentes, en reportant notamment les activités à forte intensité énergétique en dehors des heures de pointe. Une demande a aussi été adressée à la population pour limiter la consommation d’électricité entre 18h et 21h.
La réaction a été immédiate : entre 12 et 15 MW ont pu être économisés. Les équipes techniques du CEB sont parvenues à remettre en service le moteur de Fort George à 19 h 50, permettant de lever l’alerte rouge vers 20h. Le CEB a ensuite repassé officiellement en alerte verte.
Aujourd’hui, la centrale de Fort George est de nouveau opérationnelle et les IPPs assurent leur part sur le réseau. Le week-end prolongé et la fermeture temporaire des secteurs industriels contribuent à une baisse attendue de la demande énergétique. Patrick Assirvaden précise qu’un plan d’urgence est en place : chaque machine fait l’objet d’un suivi spécifique, avec des équipes mobilisées dans les différentes zones de l’île pour intervenir en cas de panne.
Si la fourniture énergétique a été stabilisée, cet épisode révèle une fois de plus la fragilité structurelle du réseau électrique mauricien. Les équipements, notamment ceux du CEB, sont vieillissants – certains moteurs ayant entre 20 et 37 ans. La production nationale repose encore à 60% sur les IPPs et à 40% sur les centrales du CEB, principalement Fort George, Fort Victoria, Saint-Louis et Nicolay. Malgré quelques apports de sources renouvelables (photovoltaïque à Henrietta, parc éolien, hydroélectricité), la dépendance aux énergies fossiles reste élevée.
Le ministre de l’Énergie souligne que l’état actuel du parc de production résulte d’un manque d’investissements au cours de la dernière décennie. « Rien n’avait été fait pour remplacer les vieilles machines du CEB. Les IPPs n’ont pas non plus renouvelé leurs équipements, et les projets d’énergie renouvelable n’ont pas décollé », déplore-t-il. Il ajoute que la part des énergies renouvelables est passée de 24% en 2014 à 18% en 2024. Face aux critiques formulées par l’opposition, notamment par le MSM dans un communiqué publié jeudi, accusant le gouvernement de rejeter la responsabilité sur ses prédécesseurs pour masquer ses échecs, le ministre de l’Énergie défend l’action actuelle : « Il faut environ deux ans et demi pour installer une machine de 40 mégawatts. Nous payons aujourd’hui les conséquences de ce qui n’a pas été fait pendant 10 ans. » Il rappelle que si des projets avaient été entamés par Ivan Collendavelloo, son successeur Joe Lesjongard n’a « rien fait ».
L’épisode du 15 octobre démontre que la mobilisation collective peut faire la différence. Les gestes de sobriété adoptés pendant les heures critiques ont permis d’éviter les coupures. Le CEB et le ministère misent désormais sur la campagne de sobriété énergétique lancée pour une durée de six mois, du 15 octobre 2025 au 15 avril 2026. Cette initiative vise à inscrire durablement des habitudes de consommation plus responsables dans un contexte de pression constante sur la production.
Des correspondances ont été envoyées aux grandes surfaces, aux opérateurs économiques et aux bâtiments publics pour qu’ils réduisent leur usage d’équipements non essentiels. Un protocole d’alerte à trois niveaux – vert, jaune, rouge – a été introduit, permettant au public d’ajuster sa consommation selon l’état du réseau.Une nomination qui s’est fait attendre
Shamshir Mukoon nommé
General Manager du CEB
Le conseil d’administration du Central Electricity Board (CEB) a confirmé, hier, la nomination de Shamshir Mukoon au poste de General Manager. Ingénieur chevronné et actuel Head of Production, il prend les commandes de l’organisme à la veille d’une période estivale cruciale, où la demande en électricité atteint des sommets.
Cette promotion, très attendue, intervient dans un contexte de forte pression sur le réseau. Homme du terrain, Shamshir Mukoon connaît parfaitement les rouages de la production électrique. Sa mission immédiate : maintenir la stabilité du système face à la hausse de la consommation liée aux températures élevées. « Nous ferons le maximum pour traverser cette période avec le moins de casse possible, tout en accélérant nos projets solaires et de stockage », a-t-il déclaré.
Les dernières semaines ont révélé la fragilité du réseau, notamment après la panne du moteur de Fort George, désormais réparé. Le ministre de l’Énergie, Patrick Assirvaden, a salué la population pour son effort de réduction de la consommation aux heures de pointe, ce qui a permis d’éviter des coupures ciblées.
Sous la direction de Shamshir Mukoon, le CEB entend accélérer plusieurs chantiers : la mise en service de fermes solaires hybrides avec batteries, l’optimisation des centrales thermiques de Fort George, Saint-Louis et Nicolay, ainsi que l’amélioration du suivi en temps réel de la demande. À moyen terme, l’objectif reste de réduire la dépendance au fioul lourd et de renforcer la résilience énergétique nationale.
Ancien directeur général par intérim en 2020, Shamshir Mukoon avait été entendu par l’ICAC dans le cadre du dossier « St Louis Gate », sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Son expérience et sa connaissance du terrain en font un choix logique à la tête du CEB à ce moment clé pour la sécurité énergétique du pays.