Fron Komin Syndikal Liniversite Piblik : La paralysie des institutions supérieures publiques dénoncée

Le Fron Komin Syndikal Liniversite Piblik, une coalition de six syndicats représentant quatre universités publiques de l’île, s’est réuni, jeudi, à l’Hôtel Saint-Georges pour une conférence de presse. Parmi eux l’on compte l’University of Technology Mauritius Employees Union (UTMEU), l’University of Mauritius Staff Union, l’University of Mauritius Technicians Union, l’Université des Mascareignes Academic Staff Union (UDMASU) et l’Open University Staff Association (OUSA). L’objectif de cette conférence de presse commune était d’alerter les autorités ainsi que l’opinion publique sur la situation jugée « dysfonctionnelle » des universités sous le ministère de l’Enseignement supérieur. Ils demandent d’une même voix que les actions soient prises dans les plus brefs délais, et ce dans l’intérêt des étudiants.
Vikash Seewsagur, président de l’UTMEU, a ouvert la conférence en dénonçant des « abus dans les institutions publiques » et un climat toxique, teinté de « politicisation » des nominations. « Ce n’est un secret pour personne qu’il y a eu des abus dans les institutions publiques et au niveau des nominations ces dernières années », a-t-il déclaré. Selon lui, l’ancien régime a trop longtemps exercé une mainmise sur les recrutements et promotions. « Le résultat : politisation des décisions qui ont été prises dans l’arrogance, le recrutement de nominés politiques, la victimisation des staffs à l’intérieur des institutions, la non-valorisation des staffs internes, des dépenses bien au-dessus des capacités budgétaires des institutions concernées et un environnement toxique pour tous les employés. »
Demande d’enquêtes sur les institutions
Le Fron Komin Syndikal Liniversite Piblik exige un « changement au niveau du Senior management de toutes les institutions supérieures publiques », la tenue d’enquêtes sur les nominations et promotions, et la révision des cas de « maldonnes et de victimisation. » Selon Vikash Seewsagur, certains nommés politiques occupent toujours des postes de senior management malgré l’expiration de leur contrat depuis plusieurs mois, et des « appointments illégaux » ont été effectués en l’absence de boards.
Rajen Kaully, président de l’UDMASU, a rappelé pour sa part les débuts de l’Université des Mascareignes (UdM) sous Navin Ramgoolam et Rajesh Jetaah en 2012. Il relate lui aussi les problèmes de « mauvaise gouvernance » auxquels les employés de l’UdM doivent faire face. « La main invisible de l’ancien régime est toujours visible, malheureusement, et ce malgré le changement en novembre 2024 », a-t-il déploré. Selon lui, un an après les élections générales et le changement de gouvernement, l’UdM n’a toujours pas de conseil d’administration, alors même que l’université doit avoir un représentant de l’Université de Limoges pour présider le board.
« On a frôlé la catastrophe en 2023 avec cette situation. Aujourd’hui, il y a des craintes que cet accord historique entre l’UdM et l’Université de Limoges soit affecté, près de 30 ans après sa signature », a-t-il ajouté. Rajen Kaully a également évoqué une rencontre avec le ministre de l’Enseignement supérieur Kaviraj Sukon en début d’année, au cours de laquelle l’UDMASU avait proposé de nommer un académique de l’UdM comme directeur général. « Mais que nenni », a-t-il regretté.
Avenir incertain pour les employés découragés
Iqbal Sookhroo, président de l’University of Mauritius (UoM) Staff Union, a quant à lui décrit la situation comme « très grave pour le secteur, et cela affecte beaucoup les employés des institutions supérieures publiques. » L’UoM fonctionne sans conseil d’administration depuis un an, le dernier ayant eu lieu le 4 octobre 2024. Ainsi, de nombreuses démissions ont été notées ainsi que des blocages des promotions, la confirmation de probation retardée, et l’impossibilité de contracter des prêts, pour certains employés incertains de leur avenir. « On a même des staffs qui ont dû repousser leur mariage tant l’avenir est incertain », a-t-il ajouté.
Iqbal Sookhroo a aussi partagé que le personnel de l’UoM fait face à une charge de travail croissante dans des conditions « déplorables », avec un manque de personnel dans les laboratoires et techniques. À cela s’ajoutent l’expiration du contrat du vice-chancelier le 18 septembre 2025 et celle du Pro Vice-Chancelier le 28 novembre prochain. Iqbal Sookhroo lance ainsi un appel urgent au Premier ministre Navin Ramgoolam pour nommer un chairman et les membres du conseil d’administration « dans l’intérêt de l’UoM et surtout des étudiants. »
Appel lancé au Premier ministre
Enrico Permall, vice-président de l’OUSA et président de la Fédération of Progressive Unions (FPU), a lui salué « l’initiative historique » rassemblant six syndicats autour d’une plateforme commune. Il a expliqué que l’absence prolongée des conseils d’administration crée « un vide stratégique durable, un trou noir institutionnel, paralysant la gouvernance et le fonctionnement administratif. » Faisant face à des problèmes similaires à ceux de ses collègues d’autres institutions, il a donné plusieurs exemples concrets, dont des postes vacants occupés par des officiers par intérim, et des nomination et promotion bloquées. Il a avancé que « sans complaisance ni excès, la responsabilité de cette inertie institutionnelle incombe au Premier ministre, compte tenu des pouvoirs que lui confère l’architecture légale encadrant ces quatre universités. »
Son message est clair, soit de constituer les conseils d’administration conformément aux cadres légaux et nommer des personnes compétentes. « Pas de nominations à la “Kishore Beegoo” », a-t-il prévenu. À l’issue de la conférence, les syndicats ont insisté sur leur volonté de parler d’une seule voix pour alerter les autorités sur des problèmes récurrents : l’absence de boards, la mainmise des directeurs généraux alors que pour certains leur contrat est arrivé à terme, la politisation des nominations et la dégradation des conditions de travail. Le Fron Komin Syndikal Liniversite Piblik souhaite que les autorités de tutelle prennent en compte leur appel et interviennent rapidement face à cette situation jugée critique.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques