Super U, Centre-de-Flacq, étape incontournable pour les amateurs de glaçons râpés. Le couple Gloria et Hans Binda y a installé son étal, Yeho’s, en intégrant dans sa recette des saveurs locales. Il séduit la clientèle, ayant remplacé le traditionnel sirop par des fruits exotiques relevés avec du tamarin, du sel au piment d’Espelette. Un savoir-faire artisanal qui apporte une touche d’authenticité et se marie bien avec le climat estival.
La canicule pousse plus d’un à se rafraîchir avec des boissons fraîches. L’étal de glaçons râpés Yeho’s tombe à point nommé pour les flâneurs venus faire leur course à Super U, Flacq. Le couple Binda fait mieux en proposant des glaçons râpés, une sorte de fusion entre dessert et boisson pour se désaltérer, se rafraîchir et se sentir léger.
Les glaces sont pilées sous forme de glaçons émiettés, exhalant des parfums de fraise, coco, tamarin, ananas, relevés par “enn bon ti di sel piment”. Le tout livré dans un gobelet avec l’effet grisant de toutes ces notes de fruits et d’effluves qui titillent les narines. Il s’agit d’un métier qui se perd mais que Gloria et Hans Binda ont choisi de perpétuer.
Gloria, femme au foyer, évoque le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19 qui a donné des idées à son mari Hans. Lui a cumulé divers métiers en travaillant sur des bateaux de croisière comme Cleaner, serveur avant d’être affecté comme barman, ce qui lui a permis d’apprendre à travailler de subtils mélanges de boissons alcoolisées.
Affinant sa technique, il a su cerner le parfait alliage de la mixologie, une discipline culinaire qui consiste à mélanger plusieurs ingrédients, boissons, fruits, épices, etc. Il met soudain un frein à son travail dans le milieu des croisières tandis que Hans Binda vivote.
Le changement de cap le force à faire de petits métiers comme maçon pour arrondir ses fins de mois. Hans reconnaît que le travail ne lui fait pas peur. Adolescent déjà, il cumulait de petits boulots, ce qui fait sa force aujourd’hui. Hans avoue avoir un moment perdu le contrôle sur sa vie, mais il a tiré des leçons des erreurs qu’il a commises.
Comme marchand de glaçons, il veut ouvrir une porte à ceux pointés du doigt par la société, les marginaux comme on les appelle. Il souhaite offrir du travail aux gens qui veulent une reconversion. « Bizin aret tom dan sintetik. Il faut toujours croire dans ses rêves pour avancer. » Il veut aussi aider les enfants en difficulté qui n’ont pas connu la joie d’une bonne scolarité.
Secret de préparation
Septembre 2020, en prenant place à Super U de Flacq avec ses machines à glaçons râpés, Hans voit son commerce décoller. Bientôt, il sera à Tamarin, Grand-Baie, tout en étant présent dans des événements. Gloria se souvient de ses appréhensions des débuts lorsque son mari lui avait annoncé son projet de glaçons râpés. Elle doutait du succès, appréhendait de folles dépenses dans les achats de machine, mais en bonne épouse, elle a choisi de soutenir son mari.
« C’est durant le confinement de mars 2020 que Hans a eu une révélation, une idée persistante de se lancer dans la préparation de glaçons râpés enrobés de fruits frais et servis sous forme d’un coulis appétissant, avec de l’ananas ou la fraise, sans oublier le tamarin, le sel, le piment, du chocolat, du coco, le fruit de la passion, selon la demande du client. » Ses préparations les plus prisées sont celles qui sont à base d’ananas, de tamarin, de sel, de piment, et de fraise.
« Nou ena nou ti sekre preparasion. Nos clients sont nos meilleurs fans. Il faut consommer sur place, ce qui permet de se rafraîchir », dira Gloria, toute heureuse de la bonne marche de son entreprise. Hans, de son côté, est encore ému de l’attention que portent les Mauriciens à ses produits. « On a galéré, mais on a réussi. Au départ, on n’avait pas d’emplacement. Heureusement que Super U de Flacq nous a donné la chance et le succès est toujours là un an après », confie Hans Binda.
Hans veut à présent moderniser ses machines, disposer d’une qui fonctionne avec électricité, ce qui pourrait l’aider ainsi que ses employés à se démarquer et à accueillir plus de monde à son stand. Lui qui sait manier épices et condiments a su trouver la bonne formule pour sa recette de glaçon râpé. Il y a aussi, indique-t-il, dans ses recherches l’apport de fruits locaux qui permet de renforcer l’authenticité des saveurs mêlées. « Il faut connaître les mélanges mais ce qui fait ma force, c’est mon expérience dans l’hôtellerie. »
Même si un proche parent a voulu le copier, Hans ne baisse pas les bras et croit fermement en sa démarche. En réinventant leur recette de glaçons râpés en plein confinement, Hans et Gloria ont apporté des couleurs dans la vie des Mauriciens. Et les compliments de leurs clients sont un motif supplémentaire pour poursuivre eux dans cette voie. Ils veulent aussi séduire les touristes, de retour au pays depuis la réouverture des frontières.
