Tout à fait légal, mais moralement mal perçu
Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a confirmé à l’Assemblée nationale que Rama Sithanen touchera Rs 5,5 millions à son départ de la Banque de Maurice, conformément aux Terms and Conditions de son contrat. Ce montant, accordé après à peine dix mois de service, provoque une vive controverse.
Si le paiement semble conforme au contrat de nomination, il intervient dans un contexte où le gouvernement prône la rigueur budgétaire et demande aux travailleurs de retarder leur pension à 65 ans. D’où une question qui divise : l’État peut-il justifier une telle indemnité, alors qu’il dit manquer de moyens ?
Les syndicats dénoncent
Pour Atma Shanto (FTU), c’est une « insulte » aux travailleurs :« On leur demande de se serrer la ceinture alors qu’on offre un Golden Handshake à Rama Sithanen. »Même indignation du côté de Deepak Benydin (FPBOU), pour qui « en dix mois, il touche autant qu’un diplômé après trente ans de service ».Clency Bibi (GWF) parle d’un « pays à deux vitesses », tandis que Haniff Peerun (MLC) juge le geste « indécent de la part de l’État ».Pour Jack Bismohun (USM), « aucune indemnité n’est due à quelqu’un qui démissionne — si le contrat le prévoit, il faut une enquête ».Enfin, Patrick Belcourt (En Avant Moris) dénonce « une fracture sociale entre les privilégiés et le peuple »
L’affaire révèle un déséquilibre moral entre l’effort demandé aux citoyens et les avantages consentis à certains hauts responsables.Juridiquement, l’État ne peut priver Rama Sithanen d’un droit contractuel. Mais moralement, la question demeure : faut-il continuer à signer de tels contrats, alors que le pays prêche la rigueur ?