Les données statistiques dévoilées par l’Information and Communications Technology Authority (ICTA) sur le nombre de tentatives pour accéder à des sites pédopornographiques sont inquiétantes. Les chiffres démontrent une hausse graduelle au fil des ans.
En 2011, 17 396 tentatives étaient notées par l’ICTA et 3 518 adresses IP ont été bloquées. Or, en 2021, ce chiffre est monté à 136 932 tentatives et 4 046 adresses IP ont été bloquées d’accès à ces sites pédopornographiques. L’organisation non gouvernementale Halley Movement, qui lutte contre les abus sexuels sur les enfants, s’inquiète de cette recrudescence. Elle estime qu’une approche plus ouverte soit utilisée pour lutter contre ce problème.
« L’abus sexuel sur les enfants est devenu un problème compliqué et difficile ces dernières années », affirme Mahen Busgopaul, secrétaire général de Halley Movement. Il explique qu’à une époque où le système https n’était pas très répandu, le World Wide Web était différent. Il est d’avis que même si du progrès a été noté dans la mise en place de systèmes de filtrage et que des milliers d’adresses IP mauriciennes ont été bloqués d’accès à des contenus liés à l’exploitation sexuelle des enfants, délibérément ou accidentellement, il est évident que le problème n’est pas résolu de manière efficace.
« Je crois que nous devons nous orienter vers une méthode plus efficace et plus intrusive par nature. Au lieu de procéder à une opération de blocage du contenu, il faudrait rechercher une approche plus ouverte et l’adopter techniquement », déclare Mahen Busgopaul. Il ajoute que les prestataires de services Internet peuvent être sollicités pour mettre en œuvre une solution à leur niveau, permettant ainsi aux utilisateurs d’Internet d’avoir la tranquillité d’esprit que leur trafic Internet n’est pas filtré pour quelque contenu que ce soit.
Dans sa lutte contre les abus sexuels sur les enfants, Halley Movement a Helpline Mauritius sous sa tutelle. Cette plateforme reçoit des cas d’abus sur les enfants. En 2021, le nombre de cas reçus par cet organe était innombrable. Plusieurs raisons poussent à des abus sexuels. Le secrétaire général de Halley Movement dit avoir noté que l’environnement stressant de la maison durant le confinement causé par le Covid-19, la faible estime de soi parmi les enfants maltraités, le manque de surveillance d’accès à la technologie, la faible communication entre les enfants et les parents, la solitude, les enfants en situation de handicap et la violence domestique font partie des motifs.
Mahen Busgopaul fait aussi ressortir que l’Internet Child Safety Foundation, l’organe subsidiaire de Halley Movement, avait recommandé que les prestataires de services d’Internet présentent des solutions pour aider les utilisateurs d’Internet. « Cela a été fait en notre qualité de membre du comité de pilotage sur l’Online Child Sexual Abuse Reporting Portal initié par le ministère des TIC en 2014 », dit-il.
Parmi les recommandations pour lutter contre les abus sexuels sur les enfants et ce problème de société, il avance que les prestataires de services d’Internet peuvent être autorisés à bloquer les sites web au niveau du Domain Name System en se basant sur l’Internet Watch Foundation. « Le mandat de l’ICTA devrait être appliqué de telle sorte que toute personne exploitant un serveur DNS public dans la juridiction mauricienne soit tenue de bloquer les contenus relatifs aux abus sexuels sur les enfants, conformément à la liste de la Internet Watch Foundation. Nous sommes convaincus que cette solution est plus pratique, plus transparente et certainement moins intrusive », dit-il.
Par ailleurs, une recherche effectuée par l’Internet Child Safety Foundation en 2007 révèle que moins de 10% des parents surveillent les sites Web visités par leurs enfants.