La ministre Ariane Navarre-Marie salue le demi-siècle de « travail remarquable » de l’association
« Même si nous avons parcouru du chemin, beaucoup reste encore à faire sur la question des droits, de l’inclusion et de la reconnaissance des capacités des personnes avec un Handicap Intellectuel », fait valoir Jocelyne Beesoon, directrice exécutive de l’Association des Parents d’Enfants Inadaptés de Maurice (APEIM). Dans le but de parfaire encore plus les compétences de son personnel dans la prise en charge des personnes porteuses d’un Handicap Intellectuel, l’APEIM qui célèbre, cette année, ses 55 ans d’existence a inauguré cette semaine son centre de formation, le Callithea Learning Centre.
En sus, dans le contexte d’une collaboration enclenchée cette année avec l’Association Départementale des Amis et Parents d’Enfants Inadaptés (ADAPEI) de La Réunion, deux professionnelles de cette association réunionnaise sont au pays actuellement pour dispenser des formations tant théoriques que pratiques à l’intention des éducateurs et de l’équipe paramédicale de l’APEIM ainsi qu’à l’intention des parents-bénéficiaires des services de l’association.
Droits, inclusion et reconnaissance des capacités des personnes avec un Handicap Intellectuel : tels sont les trois principaux axes de plaidoyers de l’APEIM pour les prochaines années alors qu’elle célèbre son 55eanniversaire. « Le regard de l’extérieur est dur et laisse peu de place à ces papillons pour qu’ils prennent leur envol »,explique la responsable. « Nous avons la chance d’avoir, néanmoins, des partenaires techniques et financiers qui nous suivent depuis longtemps et qui croient en nous », reconnaît-elle quand même. Selon Mme Beesoon, les choses ont, certes, évolué après 55 ans mais, dit-elle, « le parcours vers une société pleinement inclusive doit continuer ». L’enjeu aujourd’hui est, selon elle, de renforcer la sensibilisation, d’adapter les politiques publiques et de cultiver le savoir-être collectif.
La directrice exécutive de l’APEIM explique que le lancement du Callithea Learning Centre vise à renforcer la direction stratégique de l’association dans le sens d’un renforcement de la formation continue de son personnel autour du Handicap intellectuel, car, dit-elle, il est important pour l’APEIM et son évolution de rester à l’affût des pratiques à l’international et sur le plan régional. Il s’agit enfin, dit-elle, de former des personnes externes à l’association sur cette question du Handicap Intellectuel qui est le cheval de bataille de l’APEIM depuis maintenant plus d’un demi-siècle. « Plus nous serons en mesure d’assurer une formation de qualité sur le Handicap Intellectuel, mieux sera la prise en charge des personnes concernées et mieux sera aussi leur inclusion dans la société »,fait valoir la directrice exécutive de l’association.
Mme Beesoon explique que l’identité Callithea regroupe l’ensemble des initiatives d’entrepreneuriat social de l’APEIM. D’origine grecque, ce nom, dit-elle, est une combinaison de deux mots signifiant « beauté » et « vue ». Mais, révèle la directrice, Callithea est aussi le nom donné à une espèce de papillon tropical considéré comme un des plus beaux. « Pour nous, déclare la responsable de l’APEIM, une personne porteuse d’un Handicap Intellectuel est aussi fragile et beau qu’un papillon. Et comme le papillon, cette personne est capable de prendre son envol dès que l’on porte sur elle un regard bienveillant, une « belle vue ».
Jocelyne Beesoon explique que le projet d’entrepreneuriat social de l’APEIM comporte deux axes distincts : d’abord former à l’emploi et aux compétences de vie des personnes vivant avec un Handicap Intellectuel pour, éventuellement, les conduire sur le chemin de l’autonomie. Puis, en deuxième lieu, le projet vise à créer des activités génératrices de revenus pour l’association en vue de rendre pérennes ses actions globales.
La directrice exécutive de l’APEIM indique qu’en termes concrets, les formations qui seront dispensées au centre seront multiples allant des techniques de base de prise en charge jusqu’à celles plus élaborées en fonction du public et des objectifs visés.« Par exemple, dit-elle,à l’intention des parents, il s’agira de les former à une prise en charge optimale à la maison avec les outils qui conviennent et les bons réflexes ou gestes à être adoptés. »
Mme Beesoon explique que l’atelier qui s’est tenu hier, samedi 15 novembre, était justement à l’intention d’une quinzaine de parents-bénéficiaires de l’APEIM sur la question de la santé mentale des aidants (« carers ») de personnes en situation de handicap intellectuel et comment optimiser l’autonomie de leurs enfants en situation de handicap et s’insérait dans le cadre de ce programme de formations multiples.
Une formation assurée par les deux professionnelles du Service d’Éducation Spéciale et de Soins à Domicile (SESSAD) de l’Association Départementale des Amis et Parents d’Enfants Inadaptés (ADAPEI) de La Réunion. Ces dernières, Élodie Ferrère, psychologue-clinicienne, et Isabelle Ethève, coordinatrice-psychomotricienne, animent en ce moment une série d’autres formations pratiques et théoriques à l’intention des éducateurs et de l’équipe paramédicale de l’APEIM. Jocelyne Beesoon indique encore que, récemment, l’APEIM a eu l’occasion de former l’équipe de Funtopia, l’aire de jeux du Tribeca Mall, sur les moyens d’adapter cet espace de jeux à des enfants à besoins sensoriels spéciaux. En conséquence, Funtopia a lancé le Sensory-Friendly Playtime, ouvert à tous les enfants de 1 à 13 ans, les dimanches de 10h à 11h, avec un aménagement adapté : intensité appropriée pour la musique, lumières tamisées comme elles se doivent et pictogrammes pensés pour rendre les lieux accessibles aux enfants porteurs de Handicap Intellectuel.
L’APEIM donne, donc, même la possibilité aux entreprises qui le souhaitent de rendre leurs espaces inclusifs. Mais, insiste la responsable de l’association, « créer un espace inclusif pour les personnes en situation de handicap intellectuel ne dépend pas seulement de l’aménagement matériel ou de la mise en place d’activités adaptées ».Cela repose, dit-elle, encore plus sur le savoir-être des personnes qui interagissent avec elles : éducateurs, collègues, encadrants, bénévoles et membres de la communauté.
Invitée d’honneur, hier, à cet atelier sur la santé mentale des aidants et l’autonomie des personnes en situation de Handicap Intellectuel, la ministre de l’Égalité des genres, des Droits de l’Enfant et du Bien-être familial, Ariane Navarre-Marie n’a pas manqué de louer l’APEIM pour son « demi-siècle d’amour envers ceux que notre société du paraître qui accorde plus d’importance à l’apparence continue de stigmatiser et d’ignorer ».
« Grâce au travail remarquable de tous ceux qui se sont succédé à l’APEIM, l’association est devenue un modèle d’engagement communautaire et une référence nationale dans la promotion des droits des personnes en situation de Handicap Intellectuel »,devait ajouter la ministre. Avant d’exprimer sa « profonde reconnaissance »pour le travail acharné de l’APEIM « dans la transparence et un esprit de partenariat ».

