À l’hôpital Victoria, les blouses blanches broient du noir. Derrière les couloirs bien tenus de Candos, les infirmiers dénoncent une situation devenue intenable : retards de paiement, manque criant de personnel, et sentiment d’abandon. Malgré les milliards annoncés pour le secteur de la santé, rien ne bouge, ou si peu.
Le point de rupture ? Les heures supplémentaires de septembre et octobre 2024, payées… avec le salaire de mai 2025. « Ce n’est pas une exception. C’est presque devenu la norme », confie un infirmier. Résultat : des soignants contraints de cumuler des petits boulots, de songer à quitter le public, ou pire, à l’exil vers des cieux plus justes.
Et pourtant, en février dernier, le gouvernement votait une rallonge budgétaire de Rs 1,5 million pour la Santé. Et en juin, Rs 18,5 milliards ont été annoncés dans le budget 2025-2026. Mais sur le terrain, le moral reste au plus bas. « Ena pa vini. Motivation preske zéro », lâche un soignant fatigué. Le recrutement ? Gelé ou trop lent. À la place, le ministère propose des contrats à temps partiel à Rs 770 ou Rs 880 pour des sessions de 4 heures, sans titularisation. « Et on fait quoi en attendant les 1 000 student nurses promis sur trois ans ? », questionne-t-on dans les couloirs.
Salaires inéquitables
Autre sujet qui fâche : les salaires inéquitables. Des infirmiers expérimentés, ayant rejoint la profession avec un certificat avant d’obtenir un “top-up”, gagnent parfois moins que les nouveaux venus diplômés. « On a tout donné pendant la pandémie, et aujourd’hui on nous traite comme si on était interchangeables », déplore un autre.
Un infirmier résume la frustration ambiante : « On a choisi ce métier par vocation. Mais il faut qu’il soit respecté. On sacrifie nos soirées, nos week-ends, nos familles. Et en retour, on doit attendre huit mois pour être payés ? Ce n’est plus acceptable. »
Alors que les discours politiques misent sur de grandes réformes à long terme, les soignants, eux, demandent des mesures immédiates : paiement régulier, recrutement rapide, et reconnaissance salariale. Sans quoi, même les plus dévoués finiront par baisser les bras. Et ce sont les patients qui en paieront le prix.