Indignations et colère après la terreur vécue au Gran Konser

Indignation et colère sont de mise après les scènes de terreur vécues samedi soir au Gran Konser à La-Citadelle. Face aux multiples condamnations sur les plateformes publiques, dont les réseaux sociaux, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a pris position sur Facebook, affirmant qu’il sera sans pitié contre les fauteurs de troubles tentant de mettre en danger l’harmonie sociale.

- Publicité -

« Mo pou san pitie kont sa bann group ki pe rod detrir nou larmoni. Sa rasanbleman la ti fer pou ed ban ONG e ti ena bann fami ek zanfan tou kominote ek reliziion. Erezman pa finn ena okenn blese », déclare-t-il en faisant état d’une enquête de la police à ce sujet. « Mo pou kontinie azir pou mintenir lord ek lape dan nou pei. Nou larmoniz se pli gran rises nou pei », a-t-il conclu.

De son côté, l’ancien PM et leader du parti Travailliste, Navin Ramgoolam, est également intervenu. « Je tiens à exprimer ma profonde préoccupation face à l’incident survenu lors d’un concert à Port-Louis. Cet acte choquant est une atteinte à nos valeurs et à la sécurité de nos concitoyens. Nous devons tous condamner fermement de tels actes de violence. En ces moments difficiles, nous devons rester unis en faveur de la paix, de la tolérance et de la sécurité de notre société. Les autorités doivent agir rapidement et s’assurer que de tels incidents ne se reproduisent pas. Soyons résolus à préserver la paix et la cohésion dans notre communauté », écrit le leader du Labour.

- Publicité -

Bertrand, 35 ans : « La violence n’engendre que de la violence »

« Ce qui s’est passé à La-Citadelle lors du Gran Konser Solider est juste inadmissible. Un peu avant la fin du concert, un a forcé l’entrée et envahi La Citadelle. J’ai vu des femmes se faire bousculer et se faire menacer par des hommes ayant des sabres, des enfants être séparés de leur famille en courant vers la sortie, des personnes en larmes. J’ai vu des personnes bousculées.

- Advertisement -

« Un chaos total. L’ironie est que les organisateurs avaient prévu, à la fin du concert, de faire tout le public chanter une chanson pour faire appel à la paix dans les pays actuellement en guerre. Ce message de paix aurait été repartagé par des milliers de personnes, dans la presse et sur les réseaux sociaux, pour montrer que Maurice soutient les personnes affectées par les conflits.

« Au lieu de cela, c’est un sentiment de colère et d’incompréhension qui anime tous ceux et celles venus au concert ce soir. La violence n’engendre que de la violence en retour. Merci aux organisateurs et aux artistes pour ce beau moment passé ensemble avant que le chaos ne s’installe. Be Safe People. »

Riosario 29 ans : « Difisil pou krwar ki lapolis na pa konn sa bann dimounn-la »

« Mo mari trist saki finn arive aswar la ver la fin Gran Konser ki ti enn evenman familial. Ti ena bann dimounn de tou kominote, de tou laz prezan pou ekout bann artis morisien an live. Ti ena enn zoli ti lanbians dan Sitadel.
« Enn lekip enn vintenn dimounn inn debarke, lapolis ek sekirite pa’nn resi anpes zot rantre. Ena ki ti arme ek matrak teleskopik. Bann-la inn zour bann dimounn prezan ek finn kraz bann lekipman sonorizasion, etc…. Zot finn teroriz bann ki ti prezan parski dapre zot, lamizik, lazwa, se bann malpropte.

« Li sagrinan ki enn zafer koumsa kapav arive dan nou pei. Ek difisil pou krwar ki lapolis na pa konn sa bann dimounn. Mo espere ki lapolis ek la zistis pou azir! »

Assyma, 70 ans : « Nous étions abasourdis »
« Au départ, nous n’avions pas vraiment compris ce qui se passait. Nous étions sur le point de monter sur scène, avec notre groupe pour entamer la chanson de la paix avec le public. Il devait être vers 21h30. Il y avait Blakkayo juste avant.
« Mais alors que nous devions monter sur scène Blakkayo a enchaîné une autre chanson. Nous avons attendu quelques minutes, pensant que notre tour viendrait. Sauf que la responsable est venue vers nous d’un air paniqué et nous a dit : les gars, on ne chante pas, il faut partir. Nous étions abasourdis.

« Partir? Elle a dit oui, il faut y aller, vite vite, il y a des gens qui cherchent à faire du désordre, il faut annuler, nous partons. Au même instant, nous avons vu un groupe de personnes, dont certaines encagoulées et d’autres pas, qui étaient montées sur scène. Certaines d’entre elles ont parlé en langue arabe, alors que d’autres saccageaient les instruments et autres matériels sur la scène.
« Nous n’avons eu le temps que de suivre les autres et prendre la porte de sortie. C’était réellement traumatisant, et surtout incompréhensible. Comment ces gens sont-ils parvenus à rentrer? Que voulaient-ils? Ce concert était à guichets fermés et les recettes devaient être reversées dans la totalité à des oeuvres caritatives. Il n’y avait rien de mal à ce que nous faisions? Pourquoi cette violente intrusion?
« Abasourdis, nous avions déguerpi. Tout le long de la route vers le bas, la tension était palpable. Ce qui est arrivé est inadmissible. Nous sommes un peuple de paix. Nous sommes un peuple universel. Notre message doit être celui de l’amour. »

Soannn, 25 ans : « Les policiers étaient comme impuissants »

« Je n’en reviens pas encore de ce qui est arrivé. Nous avions passé un si bon moment durant tout le concert. Nous étions en famille. Il y avait des gens de tout âge, des jeunes, des vieux, des enfants, des bébés.
« Ce concert avait un but : celui d’aider des ONG. Mais voilà, alors que tout se passait très bien, d’un coup, il y a eu ces gens qui étaient entrés, qui hurlaient, qui insultaient ceux qui assistaient au concert, qui parlaient soi-disant au nom des leurs, et qui nous ont dit : « arete, teign partou, fini ar sa bann…. »

« Certains étaient encagoulés, d’autres avaient juste un foulard sur le nez, d’autres avaient des bandeaux, et des matraques. Certains étaient à visage découvert. Ils étaient une vingtaine. Et ils ont commencé à saccager la scène. Certains ont tenté de dérober le téléphone d’une fille qui avait commencé à filmer la scène surréaliste qui se déroulait devant nos yeux.

« Les policiers étaient comme impuissants. Mais ce n’était pas facile, car la crainte était palpable parmi les spectateurs. Il y avait beaucoup qui craignaient pour leurs enfants qui les accompagnaient. À un moment, on nous a aussi dit de faire attention au chemin que nous devions prendre en arrivant vers le bas, car il devait y avoir d’autres groupuscules qui attendaient. Heureusement nous avons pu atteindre la route sans problème. »

Groupe Attitude: « Cet événement organisé dans un esprit positif, dans une atmosphère familiale »

« Nous avons également choisi d’organiser ce concert au profit de quatre ONG – Terre de Paix, Vent d’un Rêve, Caritas Grand Gaube et Alphabétisation de Fatima. Ce sont des associations engagées sur des causes qui s’alignent à la mission de notre groupe. Nous confirmons que ces associations recevront bien 100% des fonds récoltés grâce à la vente des tickets.

« Cet événement a été organisé dans un esprit positif, dans une atmosphère familiale. C’était une célébration à la Attitude : mauricienne, colorée, joyeuse et inclusive.
« En termes de sécurité, le groupe Attitude et La Isla Social Club, co- organisateurs, ont pris toutes les dispositions d’usage.
« Nous condamnons fermement l’attaque surprise qui a eu lieu vers 21h40 à la fin de la prestation de The Prophecy. Nous exprimons nos regrets à tous ceux qui ont été, comme nous, traumatisés par la violence de ces débordements.
« Samedi soir, notre priorité a d’abord été de veiller à ce que tous les spectateurs, les artistes et les membres de nos équipes, les organisateurs rentrent chez eux, sains et saufs.
« La présence de notre service de sécurité à l’intérieur a permis d’éviter que la situation ne s’aggrave davantage.
« Nous remercions tous les Mauriciens – de toutes les communautés – qui nous ont exprimé leur soutien depuis samedi soir.
« Nous sommes encore sous le choc et tentons de prendre la pleine mesure de ces incidents.
« Nous mettons en place, un service d’écoute gratuit pour ceux et celles qui étaient à La Citadelle. Pour cela, nous avons fait appel à l’entreprise sociale Action for Integral Human Development (AIHD), dirigée par Emilie Rivet Duval, docteure en Psychologie Clinique. Cette période initiale de 3 jours est, selon l’AIHD, la plus cruciale pour ceux ayant vécu ces incidents. Un rendez-vous peut être pris par sms/message WhatsApp/ téléphone au 5450 8888. »

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques