Journée internationale des droits de l’homme : Satyajit Boolell : « La dignité est un droit universel, parfois oublié dans des décisions bureautiques »

Gavin Glover annonce que le président de la Constitutional Review Commission a déjà été identifié

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La Journée internationale des droits de l’Homme, marquée hier par une conférence organisée par la National Human Rights Commission (NHRC), a été l’occasion pour les intervenants de passer en revue la situation des droits fondamentaux à Maurice. Le thème de cette année était « Human Rights: an Everyday Essential » Des discours, qui ont été prononcés par le président de la république, Dharambeer Gokhool, l’Attorney General, Gavin Glover, Senior Counsel, Satyajit Boolell, Senior Counsel, président de la NHRC et de la coordinatrice résidente des Nations unies, Lisa Singh, il ressort que Maurice ne peut continuer à protéger les droits fondamentaux avec les outils d’hier. De plus les droits humains ne peuvent rester des valeurs abstraites : ils doivent être vivants et quotidiens, palpables dans les gestes de l’administration comme dans les interactions entre citoyens. Les Pr Clare Anderson (Université de Leicester) et Mellissa Ifill (University of Guyana) sont éhalement intervenues pour parler de la situation des droits de l’homme en Guyane et pour faire l’historique des prisons mauriciennes.

Satyajit Boolell s’est appuyé sur ce principe : la dignité est un droit universel, parfois oublié dans des décisions bureautiques ou dans les replis du système. Il a réitéré que la Commission assume sa mission avec constance, même lorsqu’il s’agit de défendre des personnes invisibles dans l’espace public. C’est le cas de ce détenu qu’elle est parvenue à faire libérer immédiatement, après des mois passés en détention au-delà de sa peine, conséquence d’un simple calcul mal effectué. C’est encore le cas lorsqu’elle s’oppose à l’intimidation de retraités revendiquant leurs droits, ou lorsqu’elle défend le respect dû aux gardiens de prison, maillons souvent négligés de la chaîne pénitentiaire.

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Pour le president de la, NHRC, l’un des grands ennemis des droits humains demeure le silence. Pour lui, le silence n’est pas une option. Dans les foyers, dans les administrations, dans la société, le silence permet à l’abus de devenir système. Il ajoute que les droits ne se protègent pas seulement dans la loi, mais d’abord dans les attitudes. Il a cité trois cas qui ont été améliorés grâce à l’intervention du NHRC. « Pour la première fois de notre histoire, la commission a saisi avec succès la Cour suprême pour un prisonnier ayant dépassé la durée de séjour en raison d’un mauvais calcul de son temps de rémission.

Le prisonnier en question a été immédiatement libéré. Dans l’affaire de l’Association des retraités d’Air Mauritius, la commission est intervenue auprès des retraités, qui se sont vu retirer leurs privilèges de voyage concessionnaires après l’ouverture de procédures judiciaires, affirmant le principe constitutionnel important selon lequel aucun citoyen ne doit subir d’intimidation pour avoir fait valoir ses droits légaux. Enfin, dans le rapport sur la prison de haute sécurité de Melrose, la commission a reconnu une vérité souvent oubliée : même ceux qui protègent nos institutions méritent dignité, respect et perspectives équitables. Nous avions des recommandations en conséquence », fait-il ressortir.

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« But let us remember that this responsibility does not rest on institutions alone. It belongs to each one of us. Human rights are protected not only by laws, but attitudes: the way we speak to one another, whether we intervene when we witness harm, whether we honour the humanity of those who are different to us », a-t-il ajouté.

C’est ce même impératif de modernisation qu’a repris l’Attorney General, annonçant l’entrée en fonction prochaine de la Constitutional Review Commission, dont le président a déjà été identifié. Une étape majeure destinée à mettre le texte fondateur du pays en phase avec ses défis actuels. Selon lui, les Mauriciens réclament désormais des institutions plus transparentes, plus inclusives, plus proches du citoyen. La Constitution doit ainsi intégrer de nouveaux droits essentiels : la protection des données personnelles, l’accès équitable aux technologies, la justice climatique, la garantie de conditions de vie dignes.
Gavin Glover ne s’est pas limité à l’aspect théorique. Il a reconnu que certaines institutions censées garantir la confiance se heurtent aujourd’hui à un déficit de crédibilité. Le cas de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) illustre, selon ses mots, la nécessité d’une refonte du modèle de surveillance policière.

« Comment convaincre que l’enquête sur la police est impartiale lorsqu’elle demeure confiée à d’anciens policiers ? Cette question, devenue un sujet de tension dans l’opinion, sera placée au cœur d’une réflexion visant à rapprocher les mécanismes de contrôle de la NHRC. Là encore, le critère est clair : une surveillance indépendante est un pilier de l’État de droit », avoue-t-il.

Dans un registre plus global, la coordinatrice des Nations unies est d’avis que la responsabilité de faire vivre les droits humains n’appartient pas qu’aux États. Les Nations unies soutiennent activement Maurice dans ses obligations de rapportage international, notamment à travers la création du National Mechanism for Reporting and Follow-up (NMRF), outil stratégique pour assurer une mise en œuvre suivie et mesurable des engagements adoptés au niveau international.

Pour le Président Gokhool, qui inaugurait son premier anniversaire à la tête de l’État, la force d’une nation se mesure à sa capacité à « mettre l’humanité au cœur de l’action publique. » La santé mentale, la protection des migrants, l’inclusion des personnes handicapées, l’accès équilibré au numérique, le vieillissement de la population : tous ces enjeux mettent à l’épreuve la promesse d’égalité. Il a affirmé que la défense des droits humains ne peut reposer uniquement quesur les institutions. Elle requiert un engagement moral du plus grand nombre.

Au fil de la cérémonie, une idée a émergé avec insistance : la confiance est la première ressource du pays. Confiance dans les institutions, confiance entre les citoyens, confiance dans la possibilité que la justice soit effective pour tous. Cette confiance ne se décrète pas : elle se construit par des politiques publiques assumées, par des contrôles indépendants, par des décisions justes même lorsque leur coût politique est élevé.

Maurice a su faire de la paix civile une réalité durable. Mais l’avenir exigera davantage que la stabilité d’hier. Les réformes annoncées ne vaudront que si elles aboutissent à une transformation réelle : pour les jeunes qui veulent vivre libres en ligne et dans la rue ; pour les familles qui cherchent un soutien face à l’angoisse ou à la précarité ; pour les personnes privées de liberté, trop souvent privées aussi de dignité.

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