Journée mondiale des personnes sans abri- Kugan Parapen : « Derrière des chiffres, il y a avant tout des vies humaines »

À l’occasion de la Journée mondiale des personnes sans abri, célébrée le 10 octobre, le ministre de la Sécurité sociale Ashok Subron et le Junior Minister Kugan Parapen ont rencontré plusieurs associations, hier, engagées auprès des sans-abri, afin d’échanger sur la situation alarmante à Maurice. Cette rencontre fait suite à un rapport de la police faisant état d’une hausse importante du nombre de personnes vivant dans la rue, notamment dans la région de Port-Louis.

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Quatre associations étaient représentées notamment Passerelle, Hands of Mercy, Professional First Aiders Association et Dis-Moi. Toutes ont porté un même t-shirt affichant le message : Pa zis enn sif. Pour Kugan Parapen, ce slogan résume l’essentiel. « Derrière les chiffres partagés, il y a des histoires, des visages et des vies humaines. C’est notre responsabilité, en tant qu’institution, mais aussi en tant que société, de les reconnaître », a-t-il dit. En effet, selon les données du rapport de la police, 151 personnes seraient actuellement sans-abri, un chiffre que les associations jugent sous-estimé. « En réalité, elles sont bien plus nombreuses », maintient-il.

Il a également mis en lumière un problème structurel où les jeunes majeurs issus des foyers de l’État, arrivés à l’âge de 18 ans, ne peuvent plus y rester et se retrouvent livrés à eux-mêmes. « Ces jeunes se retrouvent face au monde, sans accompagnement vers la vie adulte », a reconnu le ministre délégué, qui évoque la nécessité de créer un nouveau mécanisme de transition. Il a ajouté que le phénomène connaît par ailleurs une féminisation et un rajeunissement inquiétants. « Les abris de nuit sont majoritairement réservés aux hommes, alors qu’aucune structure similaire n’existe pour les femmes », a-t-il dit.

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Mélanie Valère-Cicéron, de l’association Passerelle, a abordé notamment la situation particulière des femmes sans-abri, souvent invisibles, car elles se cachent pour échapper aux dangers de la rue. Certaines passent la nuit dans les hôpitaux ou dans des lieux publics fréquentés pour se protéger. « Nous avons mené une étude en 2023-24 auprès de 151 femmes. Nous demandons ainsi la mise en place d’un abri d’urgence pour femmes et enfants, ouvert 24 h/24, car ces femmes ont souvent des enfants avec elles », explique-t-elle.

Les témoignages recueillis lors de la rencontre ont mis en avant la dure réalité du quotidien des sans-abri. « Nou pena personn, nou pe sarye zanfan ek dormi dan lakaz kase », confie une participante. « Mo enn madam dan problem. Nou tou parey-la. Mo’nn ale vini, res dan sime, misie bate, ale vini dan sant, nou pena lakaz pou nou. Nou pe sarye zanfan ek dormi dans lakaz kase. Nou pena personn », confie-t-elle. « J’ai grandi dans des centres et à 18 ans, je me suis retrouvée dans le problème, personne ne m’a aidée et j’ai dû survivre seule. On peut travailler, on a juste besoin d’un toit pour nous et nos enfants », dit-elle.

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Pour sa part, Ashok Subron a tenu à rassurer les associations. « Soyez assurés que Maurice et le gouvernement ne laisseront pas nos citoyens tomber. Le logement est un droit fondamental », dit-il. Cette rencontre, la deuxième du genre, a permis d’identifier un point commun à de nombreuses situations, autrement dit le vide institutionnel après les Shelters. Le ministère prévoit de réunir prochainement toutes les associations concernées afin de trouver des solutions concertées et d’intégrer les personnes sans abri — notamment les femmes — au registre social de l’État, pour leur permettre d’accéder à l’aide publique.

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