Journée mondiale des religions – Bashir Nuckchady : « Sortir de sa bulle pour aller vers l’autre »

À l’occasion de la Journée mondiale des religions, célébrée chaque troisième dimanche de janvier, Bashir Nuckchady, ancien membre du conseil d’administration du Conseil africain des chefs religieux, souligne que cet événement vient rappeler la nécessité d’harmonie et de compréhension entre les religions et les systèmes confessionnels.

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« Ce jour-là, les confessions différentes ont l’occasion de se réunir, de s’écouter et de célébrer les différences et les points communs qu’apporte le délicat mélange de culture et de religion. C’est aussi l’occasion idéale pour les gens de sortir de leur bulle individuelle et de s’engager dans les croyances et les idéologies spirituelles des autres », dit-il.

Pour Bashir Nuckchady, la finalité de toutes les religions est la même. Il essaie d’analyser ainsi l’homme : « Un être unique parmi les êtres vivants de cette planète. Il possède une intelligence fantastique, qui lui donne la capacité de réaliser de grandes choses. Pourtant, c’est un amalgame de bien et de mal. Il peut parfois être gourmand, jaloux, avare, cruel ou vicieux. À différentes époques de l’histoire, des prophètes sont apparus à divers endroits sur terre pour guider les humains sur le bon chemin. Ils ont prêché la même bonne parole dans différentes langues et dans le contexte de différentes religions. Ils mettent tous l’accent sur ce qu’il y a de bon chez l’homme pour l’aider à vivre une bonne vie. »

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Il fait comprendre que lorsque tout va bien, il est plus facile pour quelqu’un de vivre selon les préceptes de la religion. Mais en période de troubles, lorsqu’il y a des guerres, des maladies, des calamités nationales ou des actes de terrorisme, il devient plus difficile de respecter la religion, d’où la pertinence de la plus grande manifestation d’amour, de fraternité et de solidarité.

À l’occasion de la Journée mondiale des religions, des personnes de bonne volonté célèbrent cet événement depuis plus d’un demi-siècle afin d’éliminer les préjugés et de promouvoir des liens plus étroits entre les religions. « La Journée mondiale de la religion tente d’éveiller la conscience du pouvoir unificateur des religions et de la contribution de cet attribut à apporter l’harmonie et l’unité entre les peuples. En effet, le dialogue interreligieux mène à la compréhension, à la confiance, à la tolérance et à la coopération », affirme-t-il.

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Notre diversité, un atout et une faiblesse

L’histoire de notre implantation à Maurice est remplie d’épisodes tristes et douloureux. Malgré les moments difficiles qu’ils ont traversés, nos ancêtres ont travaillé très dur et se sont battus pour notre survie. Les générations actuelles de Mauriciens ont conduit notre pays vers la réussite économique, le développement et la prospérité. Mais compte tenu de notre société multiculturelle et multireligieuse, notre tissu social est extrêmement fragile. Notre diversité est un grand atout, mais c’est aussi une faiblesse tangible. Nous devons aborder l’avenir avec la plus grande prudence et tout faire pour maintenir et promouvoir l’unité et la paix » croit-il.

Les tendances mondiales ne contribuent pas aux objectifs d’unité et de paix, poursuit cet ancien membre du Conseil africain des chefs religieux. « La mondialisation nous oblige à rivaliser sur un pied d’égalité avec les géants, sans filets de sécurité. Notre prospérité économique est érodée avec des conséquences telles que licenciements, hausse des prix et chômage. Si nous laissons notre diversité et nos différences se mettre en travers de notre chemin, il sera très difficile pour une petite île comme la nôtre de faire face au monde. Seuls l’unité et le travail acharné peuvent nous sauver. »

Il poursuit « actuellement notre pays a atteint un tournant de son histoire, où nous assistons à une course à l’argent et au bien-être matériel, à une montée de la violence, à une perte des valeurs morales de la part de notre jeunesse et à une invasion de nos vies par le modernisme. Nous ne sommes plus intéressés par une vie simple et nous ne sommes pas satisfaits des choses simples de la vie. Il est grand temps que nous consacrions plus de temps et d’attention à la spiritualité. La spiritualité signifie que nous ne devons pas pratiquer une religion pour le seul plaisir de la religion. La religion devrait être l’ensemble des règles morales, les lignes directrices et l’appui qui nous permettent de mener une vie modèle. »

Ainsi, les enseignements religieux devraient avoir des objectifs pratiques tels que l’amour, la tolérance, la coopération, l’unité et la paix, entre autres, dit-il. « Pour une paix durable et positive, foi et diplomatie doivent bousculer et purifier notre société mauricienne en menant un mouvement dirigé non seulement par les chefs religieux et la diplomatie, mais aussi par des acteurs sociaux, éducatifs, professionnels, syndicalistes, sportifs, culturels et littéraires, en sus des dirigeants, des médias et de bien d’autres. »

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