Les répercussions morbides des maladies cardiovasculaires continuent de gagner du terrain à Maurice, touchant des patients de plus en plus jeunes. C’est ce que révèle le premier rapport du National Cardiac Register, lancé, hier, à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, par le ministère de la Santé et du Bien-être à l’occasion de la Journée mondiale du cœur, célébrée chaque année le 29 septembre. Ce rapport vise à fournir des données fiables pour élaborer des mesures préventives contre les maladies cardiaques. Le thème de cette année, Don’t Miss a Beat, incite les parties prenantes à renouveler leur engagement commun afin de réduire les décès prématurés et évitables dus aux maladies cardiovasculaires.
L’événement s’est déroulé en présence du ministre de la Santé et du Bien-être, Anil Kumar Bachoo, et de la Junior Minister, Anishta Babooram. Étaient également présents Mahomed Osman Mahomed, ministre des Transports terrestres ; les députés Dr Farhad Ismael Aumeer et Mohamed Ehsan Juman ; la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé à Maurice, Dr Anne Marie Ancia ; ainsi que le directeur régional par intérim de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, Dr Tanooja Hemoo.
Dans ce contexte, une série d’activités liées à la santé était également au programme, comprenant le dépistage des maladies non transmissibles (MNT), des séances de conseil sur les facteurs de risque, ainsi qu’une exposition et une visite de l’unité de soins coronariens. Le ministre Bachoo a mis l’accent sur l’importance de la prévention : « Trop de vies sont perdues à cause des maladies cardiovasculaires. En 2023, 33 % des décès à Maurice étaient dus à ces maladies, et le cœur était impliqué dans près de 60 % des cas », a-t-il dit.
Le ministre a appelé la population à rester vigilante face aux signes d’alerte et à agir rapidement, insistant sur l’importance de ne pas négliger la prévention. Il a également évoqué le lourd fardeau des maladies non transmissibles (MNT), notamment le diabète et l’hypertension.
Soulignant le rôle du National Cardiac Register, il a ajouté : « le premier rapport indique que près de la moitié des patients ayant subi d’infarctus présentent des signes de diabète, plus de la moitié ont des problèmes de tension artérielle élevée et près des deux tiers présentent un taux de cholestérol élevé. L’âge moyen des Mauriciens victimes d’un infarctus est passé de 72 ans en 2012 à 60 ans actuellement, avec des cas dès 30 ans. Ces chiffres montrent que les maladies cardiaques ne sont plus seulement l’apanage des personnes âgées. » Il a également précisé que 4 700 angiographies ont déjà été réalisées en 2023-24.
Le ministre a par ailleurs rassuré que le système de santé du pays a été renforcé grâce à l’extension des services de soins cardiaques, aux dépistages communautaires et aux programmes d’activité physique. « Les soins cardiaques préventifs, soutenus par l’imagerie avancée, seront bientôt introduits, comme prévu dans le budget 2025/26 », a-t-il souligné.
Il a ainsi salué le travail du cardiologue et coordinateur de la recherche cardiovasculaire à Maurice, le Dr Nilesh Mohabeer, ainsi que de son équipe pour l’élaboration du rapport, tout en exprimant sa reconnaissance envers le dévouement du consultant responsable de l’unité de cardiologie de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, le Dr Oomesh Shamloll.
Pour sa part, le Dr Nilesh Mohabeer a fait état de plusieurs tendances préoccupantes révélées par le rapport. « 36 % des patients continuent de fumer même après une crise cardiaque, et les obstructions artérielles demeurent les maladies cardiovasculaires les plus fréquentes », a-t-il indiqué.
Il a également souligné l’évolution inquiétante de l’âge des patients. « Alors qu’auparavant la majorité des personnes hospitalisées pour des problèmes d’infarctus avaient entre 60 et 69 ans, 35 % d’entre elles ont désormais entre 40 et 49 ans. L’âge moyen des victimes est passé de 72 ans en 2012 à environ 60 ans aujourd’hui, et des cas sont même signalés dès 30 ans », fait-il remarquer.
Le cardiologue note que les principaux facteurs de risque sont bien identifiés : près de 6 patients sur 10 souffrent d’hypertension, près de la moitié sont diabétiques et un sur six est fumeur. « D’autres pathologies, comme l’excès de cholestérol, l’insuffisance rénale ou encore l’anémie, aggravent la situation », a-t-il ajouté.
Enfin, le rapport relève aussi un manque d’informations cruciales pour la prévention. « Des données essentielles, comme l’indice de masse corporelle ou les antécédents familiaux, ne sont pas toujours relevées, alors qu’elles sont déterminantes pour identifier les personnes à risque et mieux cibler les actions de santé publique », a conclu le Dr Mohabeer.
De son côté, la Dr Ancia a réaffirmé l’engagement de l’OMS à soutenir Maurice dans le renforcement du dépistage systématique, l’amélioration de l’accès aux soins de santé, le développement du dépistage ciblant les populations à haut risque et la mise en place de mesures préventives de manière globale.
La Dr Hemoo a exprimé sa satisfaction face aux réalisations de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, notamment l’obtention du prix African Kaizen Award 2025 et le lancement du premier rapport national du National Cardiac Register.