Trois Mauriciens sur quatre environ, soit 72,2% de la population, sont en surpoids ou obèses. C’est ce que révèle le Mauritius Non-Communicable Diseases (NCD) Survey de 2021. Un taux en hausse en comparaison au précédent exercice de 2015, où la prévalence était de 68,6%. De quoi inquiéter quand on sait que le surpoids est à l’origine de plusieurs complications de santé, dont le diabète et l’hypertension. La Journée mondiale de l’obésité, le 4 mars, est l’occasion de faire le point sur ce problème de santé majeur à Maurice.
Le Dr Yaasir Ozeer, diabétologue et endocrinologue, souligne recevoir beaucoup plus de patients étant en surpoids ou obèses. Il note, par ailleurs, un rajeunissement de tels patients. Le dernier rapport 2021 du NCD Survey confirme cette tendance, soit 72,2% des participants étant en surpoids (36%) ou obèses (36,2%) contre 68,6% en 2015 utilisant la méthodologie BMI with Ethnic Specific Cut-Off points.
« Le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque vis-à-vis de plusieurs maladies non transmissibles telles le diabète, l’hypertension, l’AVC, les cancers, des problèmes aux genoux à cause de l’excès pondéral, entre autres », rappelle le médecin, soulignant l’importance de s’attaquer à de telles conditions.
Quels moyens pour combattre le surpoids et l’obésité ? « Les solutions sont à chercher au cas par cas dépendant des patients. Les jeunes, par exemple, peuvent avoir un manque d’activité physique ou de mauvaises habitudes alimentaires. Il s’agit alors davantage ici de les sensibiliser sur l’hygiène alimentaire et sur l’importance des activités physiques. La majorité des patients doivent être sensibilisés sur ces deux aspects. D’autres nécessiteront des médicaments pour les aider à perdre du poids, voire un accompagnement psychologique. Certains patients peuvent avoir un problème hormonal qui provoque la prise de poids. Il convient donc d’identifier une solution par rapport au cas précis de chaque patient », indique le Dr Ozeer.
Les prix des légumes et fruits ayant pris l’ascenseur, comment manger sainement ? « Il est important qu’il y ait parmi le personnel soignant suivant le patient un nutritionniste qui puisse le guider et lui donner des alternatives aux produits coûteux. Parfois aussi, on peut travailler à réduire les snacks parce que si on évite les légumes à cause des prix coûteux et qu’on continue à s’acheter des snacks suscitant la prise de poids – c’est surtout vrai pour les enfants -, il vaut mieux couper les snacks et acheter des légumes et fruits », conseille-t-il encore.
Revenant au NCD Survey de 2021, le diabétologue note une hausse en termes de pratique d’activités physiques, mais « qui n’a malheureusement pas diminué le nombre de personnes en surpoids car il y a d’autres facteurs en jeu ». Le rapport est plus ou moins positif car on note une stabilisation au niveau de la prévalence du diabète.
Le dernier Survey relève que : « the Mauritius NCD Survey 2021 showed a decrease in the prevalence of diabetes as well as pre-diabetes since last measured, some six years back. The prevalence of hypertension appears stable. There has been an increase in the percentage of persons undertaking physical activity (…). A decrease in the prevalence of high cholesterol has also been noted. However, NCDs remain a major public health problem in Mauritius. Pre-diabetes and obesity are major precursors of diabetes and cardiovascular disease. Consequently, their high prevalence coupled with that of hypertension may contribute to a significant threat in terms of the future social and economic burden of heart disease and diabetes complications in Mauritius. »
Le Dr Ozeer ajoute ainsi qu’il y a « beaucoup de défis à relever au niveau de l’hypertension qui peut déboucher sur des AVC ». La majorité des personnes hypertendues ne prennent pas de médicaments et ne contrôlent de fait pas leur maladie. « Environ 50% des hypertendus prenant des traitements ont toujours de l’hypertension, ce qui entraîne des complications. Il faut donc travailler sérieusement sur ces deux aspects : hypertension et obésité », note-t-il.
Comment expliquer une hausse en termes de pourcentage concernant le surpoids/l’obésité alors qu’il y a une baisse dans le taux du diabète ? « Je pense qu’il y a un facteur qui peut avoir joué comme la mortalité. On ne connaît pas précisément la cause mais il est probable qu’un pourcentage de diabétiques soient décédés plus jeunes (50-60 ans), ce qui peut avoir donné lieu à une baisse dans la prévalence des diabétiques. Il faut des recherches approfondies pour déterminer de façon plus précise », fait-il comprendre.
S’agissant de l’obésité, le diabétologue lance un appel aux parents pour qu’ils inculquent les bonnes habitudes alimentaires dès un très jeune âge « car il est plus difficile pour un adolescent qui a déjà pris beaucoup de poids de changer son habitude alimentaire. » Il ajoute: « Les parents doivent donner l’exemple eux-mêmes.»