Alerte et appel à l’action du géologue Gaj Pyndiah
Maurice est confrontée à une menace silencieuse déjà en marche : l’érosion de ses plages. Dans sa quête de comprendre et préserver la beauté naturelle du pays, le géologue Gaj Pyndiah tire la sonnette d’alarme, comme d’autres scientifiques et collègues du pays, à l’intention des autorités, des hôteliers et du public en général sur la crise actuelle de l’érosion qui ronge les plages mythiques de l’île. Fort de 27 années de recherche, le géologue a élaboré une analyse approfondie et très technique que Week-End publiera dans sa prochaine édition dans sa totalité, photos à l’appui. Gaj Pyndiah y explique les causes historiques de l’érosion et appelle à des efforts collectifs pour sauver l’île d’un dommage irréversible… Son article, fruit d’une recherche personnelle approfondie, révèle des vérités cruciales sur les causes de l’érosion, mettant en lumière la nécessité d’une action collective pour sauver les patrimoines naturels de l’île qui sont, aujourd’hui, encore l’un des nerfs de la guerre cruciaux de l’économie avec le tourisme, mais aussi lieu de détente des Mauriciens…
D’emblée, Gaj Pyndiah met l’accent sur la complexité de l’érosion des plages, démystifiant la croyance selon laquelle elle est uniquement liée à la montée du niveau de la mer. La composition unique du sable de carbonate de calcium, provenant du corail, des coquillages et des oursins locaux, est un facteur clé. Les facteurs géologiques et hydrologiques influencent la production de grains de sable de tailles variées, façonnés par les 4,5 milliards d’années d’histoire de la terre.
Revenant sur les 10 millions d’années d’évolution géologique de l’île, Pyndiah met en lumière l’impact des éruptions volcaniques, laissant 36 cratères majeurs et mineurs à travers l’île. Après stabilisation, une érosion extensive a eu lieu, réduisant considérablement la circonférence extérieure de l’île. Le récif corallien, aujourd’hui une barrière vitale, a joué un rôle crucial dans la protection de l’île pendant cette période.
Le passionné géologue pointe du doigt les activités humaines comme un contributeur significatif à l’érosion des plages. L’extraction historique du corail pour la production de chaux, associée au passage de l’industrie sucrière à celle du tourisme, a intensifié la pression sur les écosystèmes côtiers de Maurice. La construction d’hôtels, particulièrement à proximité des plages, et le dynamitage indiscriminé des récifs coralliens pour créer des passages artificiels ont perturbé l’équilibre délicat de l’environnement marin.
Le rôle des récifs coralliens et de la vie marine
À mesure que l’industrie touristique prospérait, l’afflux de visiteurs et le développement d’hôtels ont exacerbé la dégradation environnementale. L’absence de systèmes de traitement des eaux usées dans les petits hôtels, combinée à l’altération des passages naturels des récifs, a amplifié la pollution de l’eau dans les lagons. Pyndiah souligne l’importance de préserver le flux naturel de l’eau pour maintenir des récifs coralliens sains et prévenir l’érosion.
Gaj Pyndiah explore la relation complexe entre la vie marine et la formation des plages. Il explique comment la production de sable fin et grossier, essentielle à la protection des plages, est étroitement liée au cycle de vie du corail, du poisson-perroquet et d’autres organismes marins. La destruction des récifs coralliens et la perturbation des processus naturels mettent en péril l’équilibre délicat nécessaire aux écosystèmes de plage durables.
Dans sa conclusion, Pyndiah avertit que 98% des plages de Maurice sont couvertes de dunes de sable transportées par le vent, mettant en danger l’industrie touristique de l’île. Il plaide en faveur d’une interdiction totale de la pêche au poisson-perroquet dans les lagons, de la création d’ONG pour surveiller la qualité de l’eau, et de mesures urgentes pour traiter des lagons critiques tels que Flic en Flac.
Réfléchissant sur les erreurs passées, Gaj Pyndiah rappelle des instances où les interventions humaines ont aggravé la crise de l’érosion. Il souligne la nécessité d’apprendre de ces erreurs et d’éviter d’autres dommages aux récifs coralliens. L’article met en évidence une expérience de 2002 utilisant des blocs de béton pour encourager la croissance du corail et une histoire exemplaire d’ouvertures de récifs malavisées en 2003.
Face à une situation critique à Flic en Flac, le géologue propose la création d’un récif artificiel et souligne les conséquences désastreuses de la négligence humaine. Il appelle à une expertise internationale et à une collaboration multidimensionnelle pour aborder la crise de l’érosion avant que Maurice ne subisse des dommages irréversibles.
Face aux conclusions éclairantes de Gaj Pyndiah sur la situation critique, l’urgence se fait sentir à Maurice. La préservation des plages exige désormais des actions immédiates et coordonnées. L’appel à l’unité et à la mobilisa tion résonne clairement : des efforts collectifs sont impératifs pour protéger les trésors naturels de l’île, assurant ainsi un héritage préservé pour les générations à venir. Les révélations percutantes de Gaj Pyndiah font office de sonnette d’alarme, incitant la nation mauricienne à agir de manière urgente et concertée pour garantir un avenir durable à ses plages.