Le rapport de Pedostop est bouleversant, a indiqué Arianne Navarre Marie, ministre de l’Égalité des genres et de Bien-être de la famille, lors d’une conférence-débat de Pedostop mercredi au Caudan Arts Center. À Maurice, 42% des 1 000 enfants interrogés déclarent avoir été victimes au moins une fois d’abus sexuel ou de violence, révèle-t-elle. Alors qu’à Rodrigues, ce chiffre atteint 31% sur un échantillon de 500 enfants. L’étude estime qu’à l’heure actuelle, plus de 100 000 enfants auraient été victimes d’abus sexuels ou de violences.
Arianne Navarre Marie a annoncé que la Domestic Violence Act sera remplacée par le Domestic Abuse Bill en vue d’être plus en phase avec les réalités de Maurice. Ce projet de loi, soutient-elle, élargira la définition des abus, renforcera les mécanismes de signalement et placera les victimes, voire les enfants, au centre du dispositif de protection. « Mais la loi seule ne suffit pas; il faut aussi de la vigilance, de la formation et de la compassion pour protéger les enfants. »
En ce sens, elle a salué Pedostop, qui fête par ailleurs ses 20 ans d’existence, pour son engagement constant à faire de la protection de l’enfance une priorité nationale. Arianne Navarre-Marie lance aussi un appel à la responsabilité de chacun à regarder en face les réalités que vivent les enfants à Maurice et à Rodrigues.
La ministre se dit « déterminée » à faire de la protection de l’enfance un pilier de l’action publique. Elle relève ainsi qu’en 2024 plus de 6 200 cas d’abus ou de négligence ont été rapportés à son ministère. Pour elle, tout doit partir d’un travail de sensibilisation à éduquer les familles, les écoles, les institutions…
Parlant de la collaboration entre son ministère, Pedostop et le Centre hospitalier universitaire de La-Réunion, elle explique que, grâce à cette collaboration, 80 officiers des 12 Family Support Services ont bénéficié d’une formation spécialisée. Arianne Navarre Marie se dit par ailleurs consciente des lacunes existantes et des menaces qui perdurent, dont la cybercriminalité. « La Brigade des mineurs a recensé plus de 450 cas d’agressions sexuelles en 2024 impliquant des enfants. Dans le monde numérique, 30% des adolescents disent avoir été victimes de cyberharcèlement, de grooming ou d’exposition à des contenus préjudiciables. Face à ces nouveaux périls, nous devons adapter nos stratégies, renforcer nos outils et renouveler nos campagnes de prévention. »
De son côté, la présidente de Pedostop, Reena Mulliah-Moonoosamy, a également fait part des premières statistiques d’une étude sur les abus sexuels sur enfants à Maurice et à Rodrigues, réalisée en collaboration avec la Fondation Lagesse. Les résultats indiquent qu’un enfant sur trois à Rodrigues et quatre sur dix à Maurice ont subi une forme d’abus sexuel, ce qui, dit-elle, souligne l’importance cruciale du dialogue national, de la sensibilisation du public et de la prévention. « Derrière ces statistiques se cachent des histoires humaines. Chez Pedostop, nous sommes convaincus qu’elles peuvent se transformer en récits de justice, de résilience et de réforme. De plus, Pedostop fête cette année ses 20 ans d’engagement indéfectible à protéger les enfants contre les abus, la violence et les traumatismes, et à restaurer leur estime de soi. »
Pedostop espère, en 2026, déployer ces efforts coordonnés à Maurice et reproduire un atelier similaire axé sur l’écosystème dans l’objectif de réunir les agents de la Brigade de protection de la famille et de la CDU, ainsi que d’autres acteurs concernés, sur une unique plateforme.
La ministre Navarre-Marie : « Faire de la protection de l’enfance un pilier de notre action publique »
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