Lakaz A | Port-Louis – Ragini Rungen (responsable) : « La peur du Sida est encore intacte… malgré certains progrès ! »

Peur et ignorance : « Deux facteurs-clé qui sont liés intrinsèquement à l’épidémie du sida dans notre pays. À l’issue de cette journée de travail que nous avons eue avec nos accueillis et parents de toxicomanes qui fréquentent notre centre, nous devons nous rendre à l’évidence : ena zis tou pou refer ! »

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Ragini Rungen, responsable du Day Care Centre Lakaz A/Groupe A de Cassis, élabore : « dans le cadre des activités que nous avons organisées pour marquer la Journée mondiale de la lutte contre le Sida, ce qui est ressorti, principalement, c’est le manque d’informations autour du virus, des méthodes de transmission, des traitements disponibles, où aller chercher de l’aide… Ce qui engendre inévitablement la peur ! En fait, ce que nos bénéficiaires nous ont expliqué, c’est qu’ils ont du mal à se retrouver, de nos jours. Quasiment à l’unanimité, les moins jeunes ont exprimé leur nostalgie d’il y a quelques décennies, quand plusieurs organismes multipliaient leurs efforts et gardaient des Awareness Campaigns vivants et ongoing… »

Elle évoque, de fait « il y a une quinzaine d’années de cela, soit la période où le National AIDS Secretariat (NAS), de concert avec le ministère de la Santé, le projet AIRIS-Sida de la COI, sous la férule du Dr Renaud Ng Man Sun, avec les ONG dont PILS, le Groupe A de Cassis, le centre Goomany, le CDS entre autres, nous étions tous embarqués dans une dynamique où les campagnes de prévention et de sensibilisation, les formations continues dans tous les coins du pays et les activités autour de la maladie, les traitements et l’accès aux soins étaient organisés régulièrement. Cela, nous ont expliqué nos accueillis, leur permettaient ainsi qu’aux jeunes dans leur giron, à l’époque, d’avoir de bonnes sources d’informations. » Cependant, depuis plusieurs années, « cette dynamique n’existe plus… C’est regrettable. Les jeunes qui fréquentent Lakaz A nous font part de leurs craintes et peurs. »

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Peur du Sida, d’une part, poursuit notre interlocutrice, « autant que la peur générale, car ces jeunes n’ont pas le courage d’aller demander des informations. À leur âge, ils se posent un millier de questions sur un peu tout et surtout sur le sexe, la sexualité, les rapports… Et du reste, où vont-ils aller ? Ils nous en ont fait part. Au final, malgré un certain nombre de progrès qui ont été réalisés, au fil des années, nous nous retrouvons à la case départ ! »
Du coup, estime la responsable de Lakaz A, « il faut tout reprendre à zéro : les préventions primaires, les sessions de formations et d’informations, l’éducation sexuelle, la démystification des idées reçues… »

Ragini Rungen fait remarquer que « la banalisation du sexe est devenue un gros problème pour nos jeunes. Bon nombre nous ont confié qu’ils étaient totalement paumés… Avec la pression des pairs, ils expliquent que parfois, certains acceptent d’avoir des relations sexuelles non protégées très tôt – il y a des jeunes qui sont sexuellement actifs dès 12 ans ! – pour ne pas être tagués d’anormaux par leurs groupes d’amis ! C’est extrêmement inquiétant. Comment est-ce qu’un jeune dans ces circonstances saura s’il ou elle est porteur du virus et s’il ne le transmet pas lors de ses rapports ? »

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Elle remarque que « à Lakaz A, via le groupe CAZAdo, nous avons des sessions d’informations et de formations notamment sur la sexualité avec des jeunes. Mais nous ne touchons pas la masse ! Il faut des modules dans les cursus scolaires en ce sens, afin d’atteindre le plus grand nombre par le biais d’écoles et de collèges. » Elle ajoute que « c’est extrêmement important, dans le contexte actuel, avec nos jeunes qui consomment on ne sait quoi dans les drogues synthétiques, qu’ils aient au moins une bonne éducation sexuelle afin de ne pas attraper le virus. Un rapport sexuel n’est pas une banalité. Une relation, cela se construit. »

L’équipe de Lakaz A se dit très inquiète. «  Nous nous rendons compte qu’il y a un énorme déficit d’informations relatif à la santé sexuelle et la sexualité, tant pour nos jeunes que pour nombre d’adultes. »

 

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