LAW & ORDER: SMF, se préparer pour le « worst case scenario »

Vendredi matin, 5h30. Le soleil se lève à peine sur la région de Midlands. Le décor : un paysage boisé et quelques bâtiments désaffectés, parmi lesquels des soldats en treillis, armés de fusils, font les cent pas… Le spectacle impressionne, et pourrait même donner froid dans le dos à ceux qui ne sont habitués à voir ces scènes que sur petit ou grand écran. Heureusement, il ne s’agit là que d’une simulation dans le cadre de l’Annual Force Exercise de la Special Mobile Force (SMF). Incursion dans un univers militaire méconnu de la plupart des Mauriciens…
Des coups de feu viennent briser le silence qui prévaut habituellement dans cette région du pays, suivis d’une épaisse fumée. Que se passe-t-il ? Des éléments du Groupe d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) échangent des tirs avec des bandits. Parmi eux se trouve le commanditaire d’un attentat qui a eu lieu un peu plus tôt. Celui-ci avait été perpétré par deux étudiants en chimie, qui avaient fabriqué une bombe artisanale. Tout le périmètre est bouclé. Le principal suspect est cerné et est maîtrisé, malgré ses protestations d’innocence. En dépit d’une résistance farouche, les terroristes sont également arrêtés et emmenés à bord d’un véhicule de la police. Ainsi se clôt le chapitre Premier de cet exercice de simulation grandeur nature, qui avait pour objectif de tester les capacités de réaction et d’intervention du GIPM.
L’action se poursuit à un rythme effréné. Les terroristes et leur mauvais génie à peine maîtrisés, une marée humaine hostile manifeste bruyamment et de manière véhémente son mécontentement face aux problèmes sociaux du pays. Le pays va mal, et la crise sociale est sur le point de tourner en émeute. Pressentant le danger, une soixantaine d’éléments de la SMF sont mandés sur les lieux afin de disperser la foule et maîtriser les fauteurs de troubles. Il leur faudra des heures pour y parvenir. Les émeutiers placent des barrages pour empêcher les forces de l’ordre d’avancer. Les récriminations, les protestations et les insultes fusent de toutes parts. Le ton monte de plusieurs crans. Des projectiles sont lancés sur les policiers qui ont enfilé leur combinaisons protectrices. Ils sont munis de boucliers, de masques à gaz, de protections aux jambes et de cartouches de gaz lacrymogènes. Dans un premier temps, ces cartouches de gaz sont tirées vers les émeutiers. Le résultat est déstabilisant, comme prévu. Les manifestants éprouvent mille difficultés à respirer, toussent, pleurent, se tordent de douleur et, surtout, perdent, par la même occasion leur force de cohésion.
Abandon du modèle anglais
C’est le moment propice pour l’entrée en action des blindés. Ceux-ci ont pour mission principale de se débarrasser des barricades dressées par les manifestants. Les émeutiers, fermement décidés à provoquer un breakdown total du law and order, n’hésitent pas à aller jusqu’à lancer des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. La capacité des officiers de la SMF est mise à rude épreuve, tant et si bien qu’à un moment donné, il faut faire appel aux éléments de la Bomb Disposal Team (BDT) pour neutraliser une bombe, en ayant auparavant pris le soin de faire reculer les manifestants. La bombe a explosé, sans pour autant faire de victimes, ni parmi les policiers, ni parmi les fauteurs de troubles.
Un hélicoptère de la police a été aussi mis à contribution au cours de l’exercice, dans le but, notamment, d’effectuer le ravitaillement des troupes larguant à leur intention un colis contenant des provisions. À ce propos, l’inspecteur Dawoodharry a indiqué qu’au cours des émeutes de 1999, les éléments de la SMF étaient restés en poste, au coeur même du chaos, sans aucune nourriture ni provisions. « Pendant les émeutes de 1999, nos troupes n’ont pu être ravitaillées. Mais à l’avenir, ce ne sera plus le cas. D’où la participation de l’hélicoptère cette année… », a-t-il expliqué.
Cet exercice de simulation est le point culminant des cours de formation de la SMF. Au total, plus de 600 éléments y ont participé. Des officiers, eux-mêmes formés dans divers pays – en France et en Inde, entre autres – dispensent les méthodes et les pratiques qu’ils ont apprises. À l’exemple du lieutenant Vishal Angnu, officier-commandant de la Romeo Squad. « Auparavant, on avait tendance à adopter le modèle anglais, mais celui-ci n’était pas efficace quand il s’agissait de gérer des émeutes. Le système français l’est beaucoup plus », explique-t-il. Le lieutenant Angnu a été formé pendant deux ans en France, au sein de la gendarmerie nationale.
Ainsi, de mercredi à vendredi cette semaine, les officiers de la SMF ont été mis à rude épreuve dans divers endroits de l’île, pour différents types d’opérations. Cette succession de missions avait pour objectif de tester la capacité de réaction de la SMF et du GIPM, face à des événements imprévus et à des scénario-catastrophes.
À l’issue de ces simulations intensives, un debriefing exercise, supervisé par le commandant de la SMF, Khemraj Servansingh – qui était lui aussi sur le terrain pendant ces trois jours – aura lieu pour relever d’éventuelles failles dans l’approche et l’exécution des opérations. Histoire pour nos forces de l’ordre d’être fin prêtes à l’heure H…

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